#gestes&usages #04 | Diaboleux

Ma mère m’apprit à attacher mes lacets, elle mettait beaucoup de bonne volonté, j’étais l’aîné, il me fallait apprendre. Il s’agissait (peut-être) de mes premiers souliers, comme de modernes chaussures de montagne, en plus petit cependant. J’étais assis, elle s’accroupissait, ou s’installait sur un tabouret en face de moi, me montrait, m’enseignait les boucles, le serrage, commentait en choisissant des Continuer la lecture#gestes&usages #04 | Diaboleux

#Gestes et usages#03 Evelyne

Tous les matins, dès que j’entends ronfler le moteur, je m’habille, je descends jusqu’à l’étable. La traite est en cours, H. vide son pot dans l’entonnoir au-dessus du bidon, se retourne et va brancher une nouvelle vache. Elles sont grises, uniformément, on les appelle des Schwitz. Au bout d’un moment, Evelyne arrive, sa timbale au bout de son bras, H. lui Continuer la lecture#Gestes et usages#03 Evelyne

#gestes&usages #02 | Apprendre ?

Un rapide coup d’œil à la Centauresse et Faune, basculer dans la course, deux tours au parc de la Tête d’Or, entraînement hebdo, bi hebdo si pas de déplacement professionnel. Partir en sens trigonométrique, comme les autres, le sentier sablé, un plaisir pour les genoux, file indienne étirée, on s’observe, pas de compétition… voire. Les purs, les durs, bouffeurs de Continuer la lecture#gestes&usages #02 | Apprendre ?

#gestes&usages #01 | Le car bleu.

C’est à cause de la couleur, du contraste, d’une sorte d’incongruité, peut-être… Le car surgi au virage, derrière un poids-lourd, était bleu, bleu comme le bus de ramassage scolaire apparu pour moi, pour la première fois à l’automne 19.. entre les châtaigniers roussis, les haies de fusain entourant les pavillons, les immeubles à peine achevés où des hommes en tenues Continuer la lecture#gestes&usages #01 | Le car bleu.

#enfances #09 | Où l’on s’endort

Dans cette grande pièce, carré parfait, le papier peint strié pourrait évoquer les barreaux d’une prison ; des lignes verticales brun foncé bordées de bleu, courant du plafond jusqu’à une sorte de main-courante ou de plinthe arrondie, débordant des quatre murs à environ un mètre du sol ; sous ce léger relief, le bas des murs est peint en gris jusqu’au plancher Continuer la lecture#enfances #09 | Où l’on s’endort

#enfances #08 | Trio

Dans le bureau, côté rue, une table ronde occupait le centre de la pièce. On y servait les repas – un corridor étroit menait à la cuisine –, on installait sur cette table des ouvrages de tricot, de couture, exigeant des « patrons » de papier transparent, Suzanne préparait son cours du lendemain, le poêle de fonte ronflait. Certains après-midi pluvieux ou Continuer la lecture#enfances #08 | Trio

#enfances #07 | Balance

Des ficelles, des bouts de bois. Au fond d’un atelier mal éclairé, un tas informe (en forme de tas), des pelotes dans des sacs, sections diverses, depuis l’écoute de voile jusqu’à la ficelle à rôti (à gigot ?), fine, de couleur vert émeraude, bizarre, celle-là qu’il choisit. Technicien, bricoleur, ingénieur, il a compris la demande (le rêve), vu l’image de l’objet Continuer la lecture#enfances #07 | Balance

#enfances #05bis | «ferme, moussaillon !»

  • Passé de l’ombre à la lumière, le cœur soulevé par la chaleur d’août.
  • Sur la table de chêne noir, effleurer les livres empilés, attachés par des rubans, futures récompenses, prix d’Honneur, d’Excellence…
  • Premier anneau enfilé sur le bâton tendu à l’horizontale, deuxième tour, anneaux brinquebalants au manège.
  • Manipuler avec précaution ses timbres de collection, ce bleu, si précieux « milliards de marks ».
  • Nocturne, furtive, la « petite souris » a troqué ma dent contre une ligne au flotteur bariolé ; on ne voit que lui sur le marbre noir de la cheminée.
  • Une allumette, une feuille de journal, branchettes, écorces, « bourrée », la flamme monte, claire, réchauffe d’abord les yeux.
  • Enfant qui pleure son voilier immobile au centre du bassin ; le fil d’une bobine, tendu en diamètre, croche le mât, le ramène au port, petites mains qui battent.
  • Flamme rouge traversant le pommier, l’écureuil.
  • Cachées, incertaines, découvertes au vent des genets, billes immobiles, regard fixe du chevreuil.
  • Au cœur de la retraite aux flambeaux, brandir fièrement un lampion balancé aux accents de la grosse caisse.
  • Tenir la barre pour la première fois, « ferme, moussaillon ! », le pêcheur assis près de moi.
  • Branché, bien posé sur ses rails, faire démarrer pour la première fois un train électrique.
  • Monter sur l’estrade, devant la classe, prononcer « A moi, comte, deux mots ».
  • De la grosse bouteille au bec courbe, distribuer l’encre violette aux encriers blancs des pupitres, faveur insigne du maître.
  • Au Jardin des Plantes, un jour de taille des arbres, rencontrer son meilleur copain, Athos et d’Artagnan invincibles.
  • Vers le ciel, lâcher la flèche d’un arc fabriqué d’une grosse branche de noisetier, l’arracher du sol où elle s’est plantée.
  • Courir les mains ouvertes sans pouvoir attraper les premiers flocons de neige.