#anthologie #34 | Coupez

Et alors ? Maintenant ? Il chiffonne le papier, jette la boule dans la corbeille, la manque ; il se lève, ramasse, déplie la feuille sur la table, relit Il porte toujours une moustache ? Je leur ai dit qu’il était de dos, que je ne pouvais pas voir, qu’hier soir il l’avait encore, mais Roger m’a demandé de faire le tour par Continuer la lecture#anthologie #34 | Coupez

#anthologie #33 | Mi-sèches

Friches, sens, terre en friche, sens, sans culture. Parcourir, grandes enjambées d’herbes mi-sèches, pliées, foulées, collées, décolorées, envie de faux, tondre, raser, revoir le tout en vert, pelouse infinie, quel jardin, quel jardinier ? Friches, sens, ici plateau calcaire, est tourné vers, l’est, chemin facile, envahisseurs, hordes teutonnes, Huns bariolés de couleurs sur petits chevaux poilus, brandissant lances, lames, serpes emmanchées Continuer la lecture#anthologie #33 | Mi-sèches

#anthologie #32 | La Vague

Le brouhaha devenait vacarme d’où montaient par instants quelques échos musicaux, des cuivres, des percussions, fanfare, je croyais même percevoir des trompes de chasse, j’adore ça. De ma fenêtre, je ne pouvais rien voir, ça venait de l’avenue. Descendre quatre à quatre les escaliers, marcher vite, le bar de nuit fermé, la boulangerie de « gros gégé »- acheter une grosse couronne, Continuer la lecture#anthologie #32 | La Vague

#anthologie #31 | Vivent les morts !

| Avertissement A l’exception des événements historiques relatés, ce texte est une fiction | Enfant, chaque fois qu’il passait devant le petit cimetière militaire, huit croix blanches anonymes, plaques bleu-blanc-rouge et casques à cimiers posés au sol, il songeait au journal de son grand-père. C’était une liasse de feuillets grossièrement assemblés par une ficelle passant dans des trous. Dans un Continuer la lecture#anthologie #31 | Vivent les morts !

#anthologie #29 | … empêché

|… pourtant, au-delà des forêts coiffant le plateau, forêts de pins sylvestres mélangées de petits chênes, de charmes et de bouleaux, il apercevait des friches, il aurait bien voulu passer par là pour rentrer chez lui | … mais on l’en empêchait, on le retenait ; quand on voit des friches, pensa-t-il, on pense l’infini, on croit que rien ne peut Continuer la lecture#anthologie #29 | … empêché

#anthologie #28 | Oublis vite réparés

De l’autre côté de la rue, sur une place plantée de tilleuls, on a installé le monument aux morts. Une partie de la place a été sacrifiée, bitumée, c’est maintenant une voie d’accès au chemin de ronde, les cortèges commémoratifs passent par là, édiles et anciens combattants (plus que trois) avec drapeaux. Le monument n’est qu’une sorte de phallus de Continuer la lecture#anthologie #28 | Oublis vite réparés

#anthologie #27 | Incipits

Mon enfance fut des plus banales. Partagée entre la capitale où mon père avait son travail, ma mère ses habitudes, et une maison de campagne dans un village champenois habitée par une grand-mère et l’ombre de son époux mort trop jeune. Autant Paris était le lieu du confinement, autant le jardin champenois fut celui de l’éveil. Ma grand-mère, institutrice, prenait Continuer la lecture#anthologie #27 | Incipits

#anthologie #26 | Interminable

Les déjeuners sont interminables. Suzanne s’affaire à ses fourneaux : la cuisinière à bois, la flamme qui monte quand on soulève les anneaux de fonte polie et brossée qu’on entend retomber puis remettre en place. Marguerite, la bisaïeule cherche son”p’tit couteau”. Il sera pour lui quand elle mourra. Ce “p’tit couteau” qu’on fait tourner parmi les convives si la viande Continuer la lecture#anthologie #26 | Interminable

#anthologie #25 | A la vôtre !

La forme du verre à vin, si importante pour concentrer après rotation les molécules porteuses d’arôme, cet avant, ce prédécesseur, cet antérieur du goût ; le nez plongé profond, sans peur du ridicule apte à déceler le liège attaqué par une moisissure parasite, le boisé du tonneau, le cuir ou le fer, la baie noire, le pain grillé, l’alcool puissant chargé Continuer la lecture#anthologie #25 | A la vôtre !

#anthologie #24 | Tête bêche

Allant vers le sombre lit… (Joyce Ulysse) Oui, c’était là-bas à Gibraltar j’étais si impatient toujours trop pressé je l’ai poussée, pressée serrée de toutes mes forces jusqu’à ce qu’elle me dise oui elle a dit oui je ne saurai jamais si c’était pour moi ou pour échapper à la famille à la maison connaître enfin un homme et je Continuer la lecture#anthologie #24 | Tête bêche