A propos de JLuc Chovelon

Prof pendant une dizaine d'années, journaliste durant près de vingt ans, auteur d'une paire de livres, essais plutôt que romans. En pleine évolution vers un autre type d'écritures. Cheminement personnel, divagations exploratives, explorations divaguantes à l'ombre du triptyque humour-poésie-fantastique. Dans le désordre.

#anthologie #17 | lui, Claude McKay, Walter Benjamin et Marseille

Ça se passait au milieu de la rue Bouterie, à l’American Bar. Ne cherchez pas la rue Bouterie sur un plan de Marseille, elle a été rasée avec le quartier du Panier en février 1943. Elle était l’artère centrale de la Fosse qu’on appelait aussi le Quartier réservé. Une rue longue à n’en plus finir garnie de taudis, de bars Continuer la lecture#anthologie #17 | lui, Claude McKay, Walter Benjamin et Marseille

#anthologie #16 | il & je

Il était assis sur une chaise en bois devant sa tasse de café, mais il n’était pas tout là. « Je ne sais pas encore », disait-il. Et il cherchait du regard un détail dans son champ qui puisse lui donner un élément de réponse. Le miroir derrière le comptoir, le distributeur de sucre en morceaux, le lampadaire dans la rue, le Continuer la lecture#anthologie #16 | il & je

#anthologie #15 | Vu, pas vu

« Vous l’avez vu ? »… Aussitôt, le monde devient binaire. Vous l’avez vu, vous ne l’avez pas vu. En un instant, les deux hémisphères de la planète se séparent et s’affrontent droit dans les yeux. Ceux qui l’ont vu toisent les autres qui s’en excuseraient presque. Mais de qui vous parlez ? « Vous l’avez vu ? »… Oui ou non, trois lettres même pas toutes Continuer la lecture#anthologie #15 | Vu, pas vu

#anthologie #14 | mais non 

« Mais non. » Je ne l’avais plus revue depuis l’école primaire… J’étais amoureux d’elle, tu sais de cet amour d’enfant qui est sans concession et que rien ne peut écorner… Et là, j’arrive en haut de l’Empire State, la porte de l’ascenseur s’ouvre et qui je vois en face de moi ? « Mais non ? » Je les ai cherchées toute la matinée, j’ai Continuer la lecture#anthologie #14 | mais non 

#anthologie #13 | arrêt de bus exactement

un couple de lycéens s’embrasse | une nuée de pigeons atterrit devant la boulangerie et se rue sur les miettes de pain qu’une jeune fille au tablier vient de libérer en renversant de grands sacs en papier qu’on peut imaginer avoir transporté quelques baguettes de pain | l’éclat du soleil sur le pare-brise du bus aveugle le cycliste qui doit fermer les Continuer la lecture#anthologie #13 | arrêt de bus exactement

#anthologie #12 | trois temps

La chape de plomb m’assomme en sortant de José-Marti. C’est l’odeur lourde de la chaleur et de l’humidité, le skaï usé du taxi me la rend en gouttes de sueur qui coulent dans mon dos. Des vingt minutes qui me séparent de La Havane, j’apprivoise lentement l’odeur du passé. Les vieilles berlines américaines aux couleurs délavées me plongent dans un Continuer la lecture#anthologie #12 | trois temps

#anthologie #11 | retour

j’étais en retard pour le rendez-vous qu’on s’était fixés dans un café parisien près de Il pleuvait La route était mouillée et la nuit tombait la ville brillait comme une boule à facettes les éclats de lumières aveuglaient Et le froid humide qui glaçait les os J’ai garé la voiture devant le rideau métallique baissé d’une vitrine d’agence immobilière on Continuer la lecture#anthologie #11 | retour

#anthologie #10 | lui

Il a trente-neuf ans. Il sort du BAM, une salle de spectacle sur Brooklyn. Il vient d’assister à la dernière création de danse contemporaine de Merce Cunnigham. 16 danses pour soliste et compagnie de trois remet en cause beaucoup de choses dans sa vision d’artiste et dans sa vie d’homme. Ou comment lier l’art avec le hasard. D’une écriture fiévreuse, Continuer la lecture#anthologie #10 | lui

#anthologie #09 | sauf un

soudain le film s’est arrêté, l’image est devenue fixe, elle représentait une grande rue de New York qui ressemblait à la Broadway dans une perspective verticale avec des hauts immeubles de chaque côté, des voitures qui montaient et d’autres qui descendaient et de part et d’autre, des piétons qui occupaient toute la largeur des trottoirs, ce n’était plus un film, Continuer la lecture#anthologie #09 | sauf un

#anthologie #08 | l’instant précis où j’ouvre la porte

La poignée ressemble à ces porte-manteaux en métal qu’on accroche au mur. Je me suis toujours demandé à quoi pouvait servir un porte-manteau fixé à hauteur de nombril. Un enfant devait dormir ici. Je suis allongé sur mon lit, le dos calé sur deux oreillers, je lis le Journal de Kafka et je vois ce porte-manteau que je n’avais jamais Continuer la lecture#anthologie #08 | l’instant précis où j’ouvre la porte