A propos de JLuc Chovelon

Prof pendant une dizaine d'années, journaliste durant près de vingt ans, auteur d'une paire de livres, essais plutôt que romans. En pleine évolution vers un autre type d'écritures. Cheminement personnel, divagations exploratives, explorations divaguantes à l'ombre du triptyque humour-poésie-fantastique. Dans le désordre.

#anthologie #10 | lui

Il a trente-neuf ans. Il sort du BAM, une salle de spectacle sur Brooklyn. Il vient d’assister à la dernière création de danse contemporaine de Merce Cunnigham. 16 danses pour soliste et compagnie de trois remet en cause beaucoup de choses dans sa vision d’artiste et dans sa vie d’homme. Ou comment lier l’art avec le hasard. D’une écriture fiévreuse, Continuer la lecture#anthologie #10 | lui

#anthologie #09 | sauf un

soudain le film s’est arrêté, l’image est devenue fixe, elle représentait une grande rue de New York qui ressemblait à la Broadway dans une perspective verticale avec des hauts immeubles de chaque côté, des voitures qui montaient et d’autres qui descendaient et de part et d’autre, des piétons qui occupaient toute la largeur des trottoirs, ce n’était plus un film, Continuer la lecture#anthologie #09 | sauf un

#anthologie #08 | l’instant précis où j’ouvre la porte

La poignée ressemble à ces porte-manteaux en métal qu’on accroche au mur. Je me suis toujours demandé à quoi pouvait servir un porte-manteau fixé à hauteur de nombril. Un enfant devait dormir ici. Je suis allongé sur mon lit, le dos calé sur deux oreillers, je lis le Journal de Kafka et je vois ce porte-manteau que je n’avais jamais Continuer la lecture#anthologie #08 | l’instant précis où j’ouvre la porte

#anthologie #07 | travail de lumière

Porte grande ouverte, longue inspiration de la fraîcheur du matin. M’asseoir à ma table de travail, voir les grands arbres penchés se coiffer des premiers rayons jaunes. Sol froid sous mes pieds nus, goût de café chaud. La nuit se couche. Le soleil ouvre un œil par la fenêtre de la cuisine. Apercevoir derrière la porte entrouverte, les premières ombres Continuer la lecture#anthologie #07 | travail de lumière

#anthologie #06 | échos

Je suis moi par décomposition comme une piscine vide qui se souvient de celle qui nageait et volait, comme la pensée d’une trace de pas mouillé. Comme les gorges creusées par la rivière ouvertes aux vents qui la traversent, comme la brindille perdue qui s’affole. Comme une oasis dans un désert qui aurait perdu sa magie, engloutie par le sable, Continuer la lecture#anthologie #06 | échos

#anthologie #05 | le corps d’Esther

Une femme porte son corps devant elle. Une vieille femme porte son corps plus jeune devant elle. Une vieille femme porte le corps d’Esther devant elle. Je veux l’aider mais je dois aussi porter mon corps devant moi. Mon corps plus jeune. Nous sommes deux à porter nos corps devant nous mais la vieille femme ne me voit pas. Elle Continuer la lecture#anthologie #05 | le corps d’Esther

#anthologie #04 | habiter son corps

La danseuse récite la poésie du corps dans des mouvements inexplicables. Les doigts du virtuose parcourent le manche du violon, les uns courant après les autres comme des enfants dans un jeu de sauts, d’arrêts, de tremblements. Jusqu’au plus petit d’entre eux allant chercher dans une extension extrême la note la plus aigüe, et mourir sous l’impulsion des vagues de Continuer la lecture#anthologie #04 | habiter son corps

#anthologie #03 | le marchepied

Le marchepied est par terre. Il est toujours par terre. Il n’a aucune raison de ne pas se trouver les quatre pieds posés au sol. En toute autre position, il ne serait plus un marchepied. S’il n’avait que deux pieds au sol, il ne serait plus un marchepied. S’il reposait à l’envers, les quatre fers en l’air, il évoquerait vaguement Continuer la lecture#anthologie #03 | le marchepied

#anthologie #02 | danse – salle de spectacle un soir de première

Musique de Pierre Boulez, Sur incises, pianos, harpes et percussions-claviers. Elle serait assise sur un bloc de pierre blanche, les pointes de pied sur le sol, la tête penchée en avant et les bras dans le dos tendus vers le ciel. Elle aurait les cheveux retenus dans un chignon serré qui n’en laisse dépasser aucun, les muscles noués du dos Continuer la lecture#anthologie #02 | danse – salle de spectacle un soir de première

#anthologie #01 | salle de rédaction

l’entrée | petite porte | plus petite que la moyenne | obliger de baisser la tête pour la franchir et ne pas se cogner avec le haut du crâne | un peu comme dans le souk de Fès où des barres en travers sont disposées à hauteur d’yeux devant l’entrée de la mosquée | obliger d’incliner la tête | merci | dire Continuer la lecture#anthologie #01 | salle de rédaction