A propos de JLuc Chovelon

Prof pendant une dizaine d'années, journaliste durant près de vingt ans, auteur d'une paire de livres, essais plutôt que romans. En pleine évolution vers un autre type d'écritures. Cheminement personnel, divagations exploratives, explorations divaguantes à l'ombre du triptyque humour-poésie-fantastique. Dans le désordre.

#anthologie #20 | il n’a que six photos de lui-même

Il me parlait sans se soucier que je l’entende ou pas. Il se parlait à lui-même face à moi. Et quand il m’a dit qu’il n’avait que six photos de lui, il s’adressait à son être : je n’ai que six photos de toi. Mon moi n’a que six photos de moi, de toi. De lui-même. Il n’avait que six photos Continuer la lecture#anthologie #20 | il n’a que six photos de lui-même

#anthologie #19 | points zéro

{Codicille — j’ai déjà participé à la proposition du cycle #autobiographie en décembre 2021 et vous trouverez mon texte Soixante fragments sans conséquence en cliquant ici. Au lieu de reprendre ces fragments et de leur adjoindre une nouvelle couche, je préfère en choisir quelques autres pour avancer dans un projet qui prend forme avec cet atelier. Il s’agit d’un homme Continuer la lecture#anthologie #19 | points zéro

#anthologie #18 | six façons de figer le monde

ne plus penser rester bouche bée devant l’émerveillé bouche fermée face au danger cerveau éteint face au trop plein | figer le monde | la photographie prise sans le vouloir dans un geste anodin de ses orteils sur la pierre grise ou du ciel et de la trace d’un avion qui le traverse parler une langue que personne ne comprend et suspendre Continuer la lecture#anthologie #18 | six façons de figer le monde

#anthologie #17 | lui, Claude McKay, Walter Benjamin et Marseille

Ça se passait au milieu de la rue Bouterie, à l’American Bar. Ne cherchez pas la rue Bouterie sur un plan de Marseille, elle a été rasée avec le quartier du Panier en février 1943. Elle était l’artère centrale de la Fosse qu’on appelait aussi le Quartier réservé. Une rue longue à n’en plus finir garnie de taudis, de bars Continuer la lecture#anthologie #17 | lui, Claude McKay, Walter Benjamin et Marseille

#anthologie #16 | il & je

Il était assis sur une chaise en bois devant sa tasse de café, mais il n’était pas tout là. « Je ne sais pas encore », disait-il. Et il cherchait du regard un détail dans son champ qui puisse lui donner un élément de réponse. Le miroir derrière le comptoir, le distributeur de sucre en morceaux, le lampadaire dans la rue, le Continuer la lecture#anthologie #16 | il & je

#anthologie #15 | Vu, pas vu

« Vous l’avez vu ? »… Aussitôt, le monde devient binaire. Vous l’avez vu, vous ne l’avez pas vu. En un instant, les deux hémisphères de la planète se séparent et s’affrontent droit dans les yeux. Ceux qui l’ont vu toisent les autres qui s’en excuseraient presque. Mais de qui vous parlez ? « Vous l’avez vu ? »… Oui ou non, trois lettres même pas toutes Continuer la lecture#anthologie #15 | Vu, pas vu

#anthologie #14 | mais non 

« Mais non. » Je ne l’avais plus revue depuis l’école primaire… J’étais amoureux d’elle, tu sais de cet amour d’enfant qui est sans concession et que rien ne peut écorner… Et là, j’arrive en haut de l’Empire State, la porte de l’ascenseur s’ouvre et qui je vois en face de moi ? « Mais non ? » Je les ai cherchées toute la matinée, j’ai Continuer la lecture#anthologie #14 | mais non 

#anthologie #13 | arrêt de bus exactement

un couple de lycéens s’embrasse | une nuée de pigeons atterrit devant la boulangerie et se rue sur les miettes de pain qu’une jeune fille au tablier vient de libérer en renversant de grands sacs en papier qu’on peut imaginer avoir transporté quelques baguettes de pain | l’éclat du soleil sur le pare-brise du bus aveugle le cycliste qui doit fermer les Continuer la lecture#anthologie #13 | arrêt de bus exactement

#anthologie #12 | trois temps

La chape de plomb m’assomme en sortant de José-Marti. C’est l’odeur lourde de la chaleur et de l’humidité, le skaï usé du taxi me la rend en gouttes de sueur qui coulent dans mon dos. Des vingt minutes qui me séparent de La Havane, j’apprivoise lentement l’odeur du passé. Les vieilles berlines américaines aux couleurs délavées me plongent dans un Continuer la lecture#anthologie #12 | trois temps

#anthologie #11 | retour

j’étais en retard pour le rendez-vous qu’on s’était fixés dans un café parisien près de Il pleuvait La route était mouillée et la nuit tombait la ville brillait comme une boule à facettes les éclats de lumières aveuglaient Et le froid humide qui glaçait les os J’ai garé la voiture devant le rideau métallique baissé d’une vitrine d’agence immobilière on Continuer la lecture#anthologie #11 | retour