A propos de JLuc Chovelon

Prof pendant une dizaine d'années, journaliste durant près de vingt ans, auteur d'une paire de livres, essais plutôt que romans. En pleine évolution vers un autre type d'écritures. Cheminement personnel, divagations exploratives, explorations divaguantes à l'ombre du triptyque humour-poésie-fantastique. Dans le désordre.

#anthologie #27 | débuts d’histoires en trois temps

J’ai appris à lire dans un manuel de conjugaison. C’était un Bescherelle, je crois. Ou un Bled. Un livre que mes sœurs et frères ainés devaient laisser trainer sur l’unique bureau de notre chambre commune que j’étais le seul, à cette époque, à ne pas partager puisque j’étais le plus petit de la fratrie. C’était surtout un livre où il Continuer la lecture#anthologie #27 | débuts d’histoires en trois temps

#anthologie #26 | se parler à se lire

Il était assis sur une chaise en bois devant sa tasse de café, mais il n’était pas tout là. Nous étions assis tous les deux sur des chaises identiques à la même table dans ce bar où nous avions l’habitude de nous rencontrer mais cela avait quelque chose d’irréel. Déjà, ses contours devenaient flous. Ce ne sont pas mes souvenirs Continuer la lecture#anthologie #26 | se parler à se lire

#anthologie #25 | l’odeur des mots

Pour un lecteur, la première odeur des mots est celle du papier et de l’encre d’imprimerie. Pour un auditeur, c’est l’odeur du vent. Les mots qu’on reçoit portent l’odeur de la matière qui les transporte. Lorsqu’on crée un mot, son odeur est toute différente. Elle vient de plus loin, elle apparaît avec la suite des lettres ou des syllabes pour Continuer la lecture#anthologie #25 | l’odeur des mots

#anthologie #24 | gens qui dorment

Je vois tous ces visages endormis entre parenthèses. Je vois ces visages, mais je ne sais pas quoi regarder. Le plissement d’un front me renvoie à un rêve bien loin de cette surface, un rêve doux ou brutal dans les profondeurs de l’océan de l’inconscience. Le frétillement d’une narine, le tremblement d’une paupière, un rictus maladroit témoignent d’une vie lointaine Continuer la lecture#anthologie #24 | gens qui dorment

#anthologie #23 | remonter le temps

La première fois que je suis revenu en arrière, je ne suis pas allé très loin. C’était un matin, je buvais un café dans ma cuisine, je ne travaillais pas ce jour-là. J’ai posé ma tasse, je suis retourné à mon percolateur, je suis revenu dans le salon pour lire les gros titres du journal du jour, je suis allé Continuer la lecture#anthologie #23 | remonter le temps

#anthologie #22 | ma montée Saint-Eutrope

C’est un souvenir de rue en pente. Un ancien souvenir en pente. Au milieu de cette longue rue en pente se trouvait mon école. Une école sans nom, c’était l’école annexe. Elle était disposée tout à côté de l’École Normale où étaient formés les instituteurs et les institutrices. Nos maîtres et nos maîtresses étaient bien réels mais souvent, les apprenti-e-s Continuer la lecture#anthologie #22 | ma montée Saint-Eutrope

#anthologie #21 | notes de bas de page à propos de lui

Codicille : le texte annoté qui suit est celui de la proposition #10 de l’actuel cycle. Il s’appelle « lui ». Il a trente-neuf ans 1. Il sort du BAM, une salle de spectacle sur Brooklyn 2. Il vient d’assister à la dernière création de danse contemporaine 3 de Merce Cunnigham. 16 danses pour soliste et compagnie de trois remet en cause beaucoup Continuer la lecture#anthologie #21 | notes de bas de page à propos de lui

#anthologie #20 | il n’a que six photos de lui-même

Il me parlait sans se soucier que je l’entende ou pas. Il se parlait à lui-même face à moi. Et quand il m’a dit qu’il n’avait que six photos de lui, il s’adressait à son être : je n’ai que six photos de toi. Mon moi n’a que six photos de moi, de toi. De lui-même. Il n’avait que six photos Continuer la lecture#anthologie #20 | il n’a que six photos de lui-même

#anthologie #19 | points zéro

{Codicille — j’ai déjà participé à la proposition du cycle #autobiographie en décembre 2021 et vous trouverez mon texte Soixante fragments sans conséquence en cliquant ici. Au lieu de reprendre ces fragments et de leur adjoindre une nouvelle couche, je préfère en choisir quelques autres pour avancer dans un projet qui prend forme avec cet atelier. Il s’agit d’un homme Continuer la lecture#anthologie #19 | points zéro

#anthologie #18 | six façons de figer le monde

ne plus penser rester bouche bée devant l’émerveillé bouche fermée face au danger cerveau éteint face au trop plein | figer le monde | la photographie prise sans le vouloir dans un geste anodin de ses orteils sur la pierre grise ou du ciel et de la trace d’un avion qui le traverse parler une langue que personne ne comprend et suspendre Continuer la lecture#anthologie #18 | six façons de figer le monde