A propos de JLuc Chovelon

Prof pendant une dizaine d'années, journaliste durant près de vingt ans, auteur d'une paire de livres, essais plutôt que romans. En pleine évolution vers un autre type d'écritures. Cheminement personnel, divagations exploratives, explorations divaguantes à l'ombre du triptyque humour-poésie-fantastique. Dans le désordre.

#anthologie #14 | mais non 

« Mais non. » Je ne l’avais plus revue depuis l’école primaire… J’étais amoureux d’elle, tu sais de cet amour d’enfant qui est sans concession et que rien ne peut écorner… Et là, j’arrive en haut de l’Empire State, la porte de l’ascenseur s’ouvre et qui je vois en face de moi ? « Mais non ? » Je les ai cherchées toute la matinée, j’ai Continuer la lecture#anthologie #14 | mais non 

#anthologie #13 | arrêt de bus exactement

un couple de lycéens s’embrasse | une nuée de pigeons atterrit devant la boulangerie et se rue sur les miettes de pain qu’une jeune fille au tablier vient de libérer en renversant de grands sacs en papier qu’on peut imaginer avoir transporté quelques baguettes de pain | l’éclat du soleil sur le pare-brise du bus aveugle le cycliste qui doit fermer les Continuer la lecture#anthologie #13 | arrêt de bus exactement

#anthologie #12 | trois temps

La chape de plomb m’assomme en sortant de José-Marti. C’est l’odeur lourde de la chaleur et de l’humidité, le skaï usé du taxi me la rend en gouttes de sueur qui coulent dans mon dos. Des vingt minutes qui me séparent de La Havane, j’apprivoise lentement l’odeur du passé. Les vieilles berlines américaines aux couleurs délavées me plongent dans un Continuer la lecture#anthologie #12 | trois temps

#anthologie #11 | retour

j’étais en retard pour le rendez-vous qu’on s’était fixés dans un café parisien près de Il pleuvait La route était mouillée et la nuit tombait la ville brillait comme une boule à facettes les éclats de lumières aveuglaient Et le froid humide qui glaçait les os J’ai garé la voiture devant le rideau métallique baissé d’une vitrine d’agence immobilière on Continuer la lecture#anthologie #11 | retour

#anthologie #10 | lui

Il a trente-neuf ans. Il sort du BAM, une salle de spectacle sur Brooklyn. Il vient d’assister à la dernière création de danse contemporaine de Merce Cunnigham. 16 danses pour soliste et compagnie de trois remet en cause beaucoup de choses dans sa vision d’artiste et dans sa vie d’homme. Ou comment lier l’art avec le hasard. D’une écriture fiévreuse, Continuer la lecture#anthologie #10 | lui

#anthologie #09 | sauf un

soudain le film s’est arrêté, l’image est devenue fixe, elle représentait une grande rue de New York qui ressemblait à la Broadway dans une perspective verticale avec des hauts immeubles de chaque côté, des voitures qui montaient et d’autres qui descendaient et de part et d’autre, des piétons qui occupaient toute la largeur des trottoirs, ce n’était plus un film, Continuer la lecture#anthologie #09 | sauf un

#anthologie #08 | l’instant précis où j’ouvre la porte

La poignée ressemble à ces porte-manteaux en métal qu’on accroche au mur. Je me suis toujours demandé à quoi pouvait servir un porte-manteau fixé à hauteur de nombril. Un enfant devait dormir ici. Je suis allongé sur mon lit, le dos calé sur deux oreillers, je lis le Journal de Kafka et je vois ce porte-manteau que je n’avais jamais Continuer la lecture#anthologie #08 | l’instant précis où j’ouvre la porte

#anthologie #07 | travail de lumière

Porte grande ouverte, longue inspiration de la fraîcheur du matin. M’asseoir à ma table de travail, voir les grands arbres penchés se coiffer des premiers rayons jaunes. Sol froid sous mes pieds nus, goût de café chaud. La nuit se couche. Le soleil ouvre un œil par la fenêtre de la cuisine. Apercevoir derrière la porte entrouverte, les premières ombres Continuer la lecture#anthologie #07 | travail de lumière

#anthologie #06 | échos

Je suis moi par décomposition comme une piscine vide qui se souvient de celle qui nageait et volait, comme la pensée d’une trace de pas mouillé. Comme les gorges creusées par la rivière ouvertes aux vents qui la traversent, comme la brindille perdue qui s’affole. Comme une oasis dans un désert qui aurait perdu sa magie, engloutie par le sable, Continuer la lecture#anthologie #06 | échos

#anthologie #05 | le corps d’Esther

Une femme porte son corps devant elle. Une vieille femme porte son corps plus jeune devant elle. Une vieille femme porte le corps d’Esther devant elle. Je veux l’aider mais je dois aussi porter mon corps devant moi. Mon corps plus jeune. Nous sommes deux à porter nos corps devant nous mais la vieille femme ne me voit pas. Elle Continuer la lecture#anthologie #05 | le corps d’Esther