A propos de JLuc Chovelon

Prof pendant une dizaine d'années, journaliste durant près de vingt ans, auteur d'une paire de livres, essais plutôt que romans. En pleine évolution vers un autre type d'écritures. Cheminement personnel, divagations exploratives, explorations divaguantes à l'ombre du triptyque humour-poésie-fantastique. Dans le désordre.

Dialogue #03 | Scène de crime

La victime repose sur son flanc gauche. Un filet de sang s’échappe du coin de ses lèvres et goutte sur le sol avant de se perdre dans l’herbe et sous un tapis de feuilles mortes. La commissaire est accroupie au niveau de sa tête et observe avec attention le corps sans vie, en quête d’un indice. Jeune femme, environ vingt-cinq Continuer la lectureDialogue #03 | Scène de crime

autobiographies #09 | caves

Codicille : Pour un projet d’écriture, j’avais besoin d’une cave sortie de mon imagination. J’ai donc repris cette consigne de passe-murailles (qui date de plusieurs semaines) autour de Jean Echenoz. Pour voir où elle m’emmenait. L’odeur fraîche de l’humidité, du bois humide, de la poussière humide, des oignons, aulx, pommes-de-terre humides, l’odeur des plus anciens souvenirs comme cet enfant apeuré Continuer la lectureautobiographies #09 | caves

dialogue #02 | une manif, Mohamed Ali et moi

Il pleut des coups de tous les côtés. Une main sur le visage pour maintenir mon tee-shirt au-dessous de mon nez, la main collée sur la bouche, pour atténuer l’effet des gaz lacrymogènes. L’autre main devant, dos courbé, jambes fléchies, pour prévenir tout obstacle dans la fuite au milieu d’un nuage de fumée blanche, des cris, des sifflets de la Continuer la lecturedialogue #02 | une manif, Mohamed Ali et moi

dialogue #01 | la dispute

AvantC’est une longue table dressée sous un immense tilleul. C’est un dimanche de Pâques, année 1906, milieu d’après-midi, dans la campagne de Montdidier. C’est un repas de famille qui est en train de finir, un de ces moments interminables. Une quinzaine de convives. L’enfant, bien sûr, puisque c’est jour de sa première communion. Le père, la mère, l’oncle, la tante, Continuer la lecturedialogue #01 | la dispute

Vers un écrire/film #08 | chant d’homme

Si j’étais musicien, je composerais une symphonie comparable au chant des oiseaux. J’essaierais de retrouver la plénitude qu’on éprouve quand, dans la nature, quelques pépiements viennent vous glisser à l’oreille l’impératif libératoire, le décompressage salvateur, l’abandon exutoire. La technologie des sons et de la musique est suffisamment riche pour imiter le chant des oiseaux. Mieux, des bruiteurs et autres siffleurs, Continuer la lectureVers un écrire/film #08 | chant d’homme

Vers un écrire/film #07 | autopsie d’un bruit

Dans la quiétude d’une belle soirée printanière, une matinée, une nuit, assis sur un banc, un fauteuil, un strapontin, les yeux à la lecture et la tête dans les étoiles. Respirez. Quelques grandes bouffées d’air frais, chaud, pur, vicié. Les pieds ancrés dans le sol, le sommet du crâne relié par un fil invisible à l’espace, au cosmos, au plus Continuer la lectureVers un écrire/film #07 | autopsie d’un bruit

vers un écrire/film #06 | knock-out

Un. Je suis le vent, je suis l’air. Aucun poids, aucune entrave, je suis libre. Juste un esprit. Une idée, une pensée, un battement d’aile. Je vole dans la nuit silencieuse libéré de toute contrainte. Pas faim, pas soif, pas sommeil, aucune douleur, aucun souci, aucun ennui. Je suis au-delà de l’être, je suis l’oeil omniscient, je suis le tout. Continuer la lecturevers un écrire/film #06 | knock-out

transversales #05 | Trucs sans grande importance pour un type qui essaie d’écrire

Le  bureau symbolique : L’acception de l’adjectif « symbolique » prend, pour moi, une importance particulière. Mon bureau symbolique est plus symbolique que bureau. C’est une table, souvent celle du salon chez moi, mais aussi une table de jardin, un coin dans la cuisine, le bureau dans la chambre de mon fils parfois. Je n’ai jamais eu de bureau et je crois Continuer la lecturetransversales #05 | Trucs sans grande importance pour un type qui essaie d’écrire

Vers un écrire/film #05 | trois notes de fiction

Je veux saisir Carlos Santana, là, au moment précis où il devient ces trois notes de musique. Federico est tombé devant lui. Federico est allongé sur le sol, il ne bouge presque plus. Vaincu par la mescaline, victime de trop vouloir rêver. Alors, Carlos Alberto Santana Barragán se penche sur son ami. Il lui parle, il le réconforte, il lui Continuer la lectureVers un écrire/film #05 | trois notes de fiction

hors-série #impératif | le repas du tigre

Murmure, odeur sucrée, à l’ultime battement d’aile de la nuit et du papillon mordoré, comme le soupir du fauve ensommeillé. C’est le début de la tempête et de la journée. Et la mer, tout au loin, charrie ses nuages de poussières. Et les anges, ivres de vin, se perdent dans le labyrinthe des villes. Et les dieux, abattus d’ennui, dorment Continuer la lecturehors-série #impératif | le repas du tigre