A propos de JLuc Chovelon

Prof pendant une dizaine d'années, journaliste durant près de vingt ans, auteur d'une paire de livres, essais plutôt que romans. En pleine évolution vers un autre type d'écritures. Cheminement personnel, divagations exploratives, explorations divaguantes à l'ombre du triptyque humour-poésie-fantastique. Dans le désordre.

#40jours #24 | réalités augmentées

Le train est encore à l’arrêt. Les passagers dispersées le long du quai montent dans les voitures. À sept heures du matin, il s’agit, pour la grande majorité d’entre eux, d’habitués. Voiture de tête, le train quitte lentement la gare. Une dame aux cheveux noirs et un grand homme mince sont assis face à face au centre de la voiture. Continuer la lecture#40jours #24 | réalités augmentées

#40jours #21bis | belles cicatrices

Je peux ? Oui, allez-y. Là c’est pour jeter.  Le grand bac contient des livres et des magazines, pour l’essentiel déchirés et en mauvais état. Emmaüs ne récupère pas tout. Des livres indignes. Des livres dont les cicatrices faites par le temps sont trop profondes pour être soignées. Des livres qui n’en sont plus, ou partiellement, mais qui portent des Continuer la lecture#40jours #21bis | belles cicatrices

#40jours #22 | bouche de métro

un mardi matin l’entrée du métro avale goulûment son déjeuner matinal et laisse échapper entre ses dents quelques rejets qui s’échappent à contre-courant | un samedi soir la bouche dégueule un groupe de jeunes gens ivres et drôles et heureux et amusés de vivre qui célèbrent l’éphémère dans une ivresse collective | un lundi matin un homme portant costume gris Continuer la lecture#40jours #22 | bouche de métro

#40jours #21 | protocoles uchronistes

Traversez la rue en mangeant des fleurs. Choisissez une rue passante et commerçante, une rue piétonne est l’idéal. Choisissez un horaire où la fréquentation, sans être excessive, est soutenue. Evitez les samedis après-midi et les dimanches matin. Stade 1 : Munissez-vous d’un bouquet de capucines ou de pissenlit. Mangez en marchant. Stade 2 : Répétez l’opération à dix, toujours dans Continuer la lecture#40jours #21 | protocoles uchronistes

#40jours #20 | gratos

Sang, ton sang. Sourire à la pensée. Idée d’aider inconnu infortuné accidenté malade mourant. Lui. Donne l’idée. Donne. Temps, ton temps. Chronomètre, chronoprêtre, chronoprète, chronodonne. Gagner perdre le temps. Rien d’autre. Donne-le. Donne. Papiers, tes papiers. Flicaille. À qui à quoi pour qui pourquoi ? Parce que. Faciès gratuit. Calme le ton garde. Garde. Donne. Pièce, juste une pièce siouplait. Continuer la lecture#40jours #20 | gratos

#40jours #19 | théâtre de gare

Je suis un poisson immobile au fond de la rivière. Des rivières, il y en a plusieurs. À ma droite, les quais des trains. Dix, quinze, j’ai du mal à compter. À ma gauche, la sortie du métro. Deux escaliers roulants qui font apparaître des statues de personnes qui prennent vie en arrivant en haut. Devant et derrière, des entrées Continuer la lecture#40jours #19 | théâtre de gare

#40jours #18 | conte à rebours

La Ferrari avait été pulvérisée sous l’impact. Anéantie. Quelques restes de tôles compressées. À l’orée de la forêt, le virage pour descendre vers la ville était un piège. Surtout à quatre heures du matin. Une courbe traîtresse où nombre de fêtards de la région avaient payé leur dû. Le nuage, mélange de poussières et de fumées, retombait lentement entre les Continuer la lecture#40jours #18 | conte à rebours

#40jours #14bis | disparition

Je ne suis pas tranquille, tout devient flou autour de moi. Je perds la netteté du contour des personnes qui m’entourent, je perds la subtilité de l’odeur d’un parfum de fleur, je perds le goût aiguisé du miel des montagnes récolté à l’automne. Je me perds. La lumière s’affaisse sur mon paysage écroulé, sur les ruines d’un passé éparpillé, sur les Continuer la lecture#40jours #14bis | disparition

#40jours #17 | bouts de chaînes, femmes sans travail

Elle est allongée au milieu des cartons et sert contre elle tout ce qu’elle possède. Une photo, une écharpe en laine, une boîte en fer. Elle ou il, il ou elle. Elle n’a plus de sexe, elle n’est plus un être humain, elle est tout juste vivante. Elle sent la pisse sans savoir si c’est la sienne. Car les autres, Continuer la lecture#40jours #17 | bouts de chaînes, femmes sans travail