A propos de Juliette Keating

Vit et travaille en région parisienne. Autrice, elle a publié un roman "Awa" (éditions le Ver à soie), un recueil de portraits de jeunes gens illustré par Béa Boubé "Blaise, Léa et les autres…" (éditions Libertalia) et deux romans jeunesse (Magnard). Contributrice à la revue culturelle délibéré.fr.

#40 jours #06 | cartes

Carte en plastique rigide découpé en forme “France” dont on pouvait tracer le dessin sur nos cahiers en suivant les contours avec la pointe d’un stylo. De petits trous indiquaient les grandes villes. Mappemonde en verre épais sur lequel était collée la carte imprimée papier fin, griffes métalliques aux deux pôles, piétement rond métal gris. Elle s’allumait en pressant le Continuer la lecture#40 jours #06 | cartes

#40jours #05 | après 18 ans

Entrer sans frapper sans pousser porte sans le claquement familier du penne dans la serrure pas un bruit mais le silence cotonneux des défunts là où ils demandaient c’est toi; tourner le regard vers ce trou lumineux dévorant l’image à contre jour focus à droite sur la cuisine rouge sang l’ombre du paquet de nouilles depuis longtemps solidifié couches graisseuses Continuer la lecture#40jours #05 | après 18 ans

#40 jours #03 | Anne Frank avant que ça coupe

Je choisis, pas du tout arbitrairement, le nom “Anne Frank”. J’expliquerai pourquoi à une autre occasion. D’après Google earth, une vingtaine d’établissements scolaires français portent le nom d’Anne Frank.Je suis attirée par le “collège Anne Frank provisoire” qui se situe à Antony (Hauts de Seine). Je clique et tombe sur la départementale 63. Description (courte) : en fond sept tours Continuer la lecture#40 jours #03 | Anne Frank avant que ça coupe

#40 jours #02 | fenêtres, objets profonds

Voir ce qui se trame sous les toits de la ville, derrière cette fenêtre où s’encadre une fugitive silhouette, faire tomber les façades comme autant de masques dissimulant la vie des gens, élever des immeubles transparents, Tati le fait dans Playtime où vivent en vitrine des familles modernes qui allument toutes leur télé à la même heure et se figent, Continuer la lecture#40 jours #02 | fenêtres, objets profonds

#40 jours #01 Partir du yucca

Dans les tableaux du fils aîné, des éléments du décor familial par morceaux sur la toile: un bras rond du vieux voltaire ou la forme trapue de l’autre fauteuil en osier, l’angle d’une table, la moulure de la porte, les plantes, le cactus qui pousse en s, le ficus au feuillage friselé, le yucca dont les feuilles en longs glaives Continuer la lecture#40 jours #01 Partir du yucca

#40 jours #prologue | jalons

Intro hors d’œuvre Pas ou peu bougé. Sans compter deux années vécues à Paris, j’ai toujours habité dans le Val-de-Marne, à Saint-Mandé, où j’ai grandi, puis à Vincennes où mes fils ont grandi. Enfance dans un triangle borné par le bois, le zoo et, à l’opposé, le métro Saint-Mandé Tourelle, porte d’accès à Paris quand nous ne montions pas dans Continuer la lecture#40 jours #prologue | jalons

hors-série #impératif | hurle folie

Hurle folie ton cri de tempête. Au bord du vide errons de nuit sans lune parmi les hurlements de folie son murmure plus dangereux. La main qui caressait l’enfant se détourne saisit l’arme de guerre. Les lèvres qui embrassaient l’aimée se serrent sur un crissement de dents. La maison faiblissante lueur disparaît au carrefour dans le dos des devenus soldats. Continuer la lecturehors-série #impératif | hurle folie

transversales #02 | réserves

6 Brooklyn. Communauté hassidique, interdiction religieuse de toute représentation. Un enfant se découvre peintre, très jeune. Impossibilité de ne pas peindre, sinon quoi? Le suicide : interdit. Affronter l’autorité du non. En faire le hurlement de son art. Quitter la communauté. Liens incorporés en chaque parcelle de son être, sans affranchissement possible parce que c’est là, toujours. La création comme Continuer la lecturetransversales #02 | réserves

Elles au salon

Elle passe la tête dans l’entrebâillement de la porte. Elle s’assure qu’il n’y a personne. Elle traverse le salon en quelques bons. Elle ouvre le cylindre de bois laqué. Elle dispose la partition sur le pupitre. Elle enclenche du bout du pied la sourdine. Elle se hisse sur le tabouret trop haut. Elle répète les premières mesures. Elle bute toujours Continuer la lectureElles au salon

autobiographies #09 | ascendance

Puis ce fut à nouveau le silence et la nuit. La peur des bêtes nocturnes la poussa dans la gueule d’un souterrain où elle ne laissa pas ses yeux s’acclimater à l’obscurité dans laquelle pendait par les pattes trois dizaines de chauve-souris mais se précipita au fond du boyau de pierres humides. Ses doigts devinèrent une porte dont elle secoua Continuer la lectureautobiographies #09 | ascendance