A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.

#anthologie #11 | nuit noire

… nuit noire Juste une façon de parler de dire qu’on rentre tard quand les autres dorment déjà au calme au chaud au sec Façon de raconter d’essayer de partager le sombre tout autour du bateau cette impression que le monde est tout entier contenu dans la coque de métal Comme rappel de tout le reste juste les cris des Continuer la lecture#anthologie #11 | nuit noire

#anthologie #10 | Blaise

Il a 30 ans, il est à Algesiras en Espagne et il part en voyage direction Inverness en Écosse avec pour fil conducteur la route européenne 15, il a promis à sa grand-mère, à quelques copains et à Jeanne qui l’a aidé à aménager sa camionnette de plombier en sac à dos roulant, de leur envoyer des nouvelles, de faire Continuer la lecture#anthologie #10 | Blaise

#anthologie #09 | le jour des cartes

le jour où tu as décidé de partir, tu es allé acheter les cartes papier qu’il te faudrait, même si le papier, ça se discutait avec le digital, avec ton téléphone, le GPS, internet et tout le reste, d’ailleurs la route E15 était sur ton téléphone, tu avais fait une capture d’écran pour être sûr de garder la petite carte Continuer la lecture#anthologie #09 | le jour des cartes

#anthologie #08 | Et lui, en artiste

Dans l’ancien lycée qu’on appelait la base, sa pièce à lui était au fond du couloir, à droite.  Une pièce, en théorie un bureau, pas officiellement une chambre, mais le canapé servait bien plus souvent de lit, duvet étalé, que de canapé, duvet poussé en boule dans un coin. Une chaise pour table de nuit, la même chaise que devant la Continuer la lecture#anthologie #08 | Et lui, en artiste

#anthologie #07 | La lumière de l’écran

Le noir de la nuit n’est déjà plus si noir. D’ailleurs, le noir de la nuit n’est jamais vraiment noir, pas intégralement, reste toujours un peu de clair, un peu de jour, de lumière. Pas assez pour bien voir les couleurs en couleurs, mais voir au moins les formes, de quoi se déplacer sans cogner, sans tomber, sans buter dans Continuer la lecture#anthologie #07 | La lumière de l’écran

#anthologie #06 | En silence

La bouilloire siffle. Elle ne s’arrêtera pas si tu ne te lèves pas pour aller l’éteindre. Personne d’autre ne l’éteindra, elle ne s’arrêtera pas toute seule, c’est toi qui es seule. Une seule tartine, une seule tasse, une seule cuillère et un seul couteau. Pas d’autre déglutition, pas d’autre mastication, pas d’autre couteau qui gratte le beurre sur la tartine, Continuer la lecture#anthologie #06 | En silence

#anthologie #05 | Comme ton ombre

Tu n’es plus que l’ombre de toi-même, quand tu te regardes tu te trouves plat, tu te trouves sombre, tu marches toujours dans l’ombre, dans l’ombre de toi-même. Tu regardes marcher devant toi ce corps qui t’as déçu, qui n’est plus à la hauteur, ni même à la longueur surtout pour le bras droit, qui n’as pas répondu présent et Continuer la lecture#anthologie #05 | Comme ton ombre

#anthologie #04 | Nicher

Les arbres morts ne sont pas vraiment morts. Le pic s’y établi, y creuse son logement et y loge sa famille. Dans la loge du pic on s’installe, on va chercher à manger, on revient avec la nourriture qu’on distribue aux petits, on se repose, un peu, parfois, avant de retourner chercher la nourriture pour les petits. La loge du Continuer la lecture#anthologie #04 | Nicher

#anthologie #03 | Trombone

Tes doigts le connaissent mieux que tes yeux. C’est un trombone, un morceau de fil de fer avec une épingle à cheveux en demi-tour, une autre et encore une autre. Tu n’as pas besoin de trombone, tu n’as plus de papiers, que des livres ou des feuilles volantes qui se passent de trombone, ou qui sont trop nombreuses pour ce Continuer la lecture#anthologie #03 | Trombone

#anthologie #02 | En bateau

Du haut des trois marches de la descente, capot repoussé, on voit tout le carré. Elle est assise sur la banquette, ordinateur portable ouvert posé sur la table avec rebords pour empêcher les objets de glisser. À sa droite, rideau tiré sur la soute à l’avant. En face d’elle, les casiers avec la vaisselle dépareillée, assiettes creuses et bols, pas Continuer la lecture#anthologie #02 | En bateau