A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.

#anthologie #34 | Vous êtes son portrait craché

En entrant dans la chambre pour refaire mon pansement, elle a marqué un temps d’arrêt en me fixant bizarrement, avant de dire, c’est vrai, c’est tout à fait ça, vous ressemblez comme deux gouttes d’eau à Blaise Cendrars, la coiffure en brosse, la forme du visage, le coup d’œil entre dédain et provoc, le crayon au coin du bec, bon Continuer la lecture#anthologie #34 | Vous êtes son portrait craché

#anthologie #32 | La gare d’Algesiras

À Algesiras, tu n’iras pas en train, tu iras en voiture. Mais commencer un voyage c’est un peu solennel, c’est le début d’une histoire, toujours une grande première, un saut vers autre chose si pas vers l’inconnu. Ça ne peut pas commencer sur une aire d’autoroute, tout au moins dans ta tête, ça ne se fait pas comme ça. Sûrement Continuer la lecture#anthologie #32 | La gare d’Algesiras

#anthologie #31 | Cours préparatoire

C’est moi qui t’ai appris à lire. À lire et à écrire. Tu avais cinq ou six ans, comme tout le monde dans la classe, et moi soixante de plus. C’était ma dernière année à l’école, en juin pour moi, ce serait les très grandes vacances. Je n’en ai pas profité longtemps de mes très grandes vacances, mon cœur n’était Continuer la lecture#anthologie #31 | Cours préparatoire

#anthologie #29 | Assis sur le comptoir

12 novembre 1872, port de Leith, tôt le matin … Ils ne peuvent pas me voir, assis sur le comptoir, trop d’années entre nous, je les vois de là-bas sans pouvoir rien leur dire et sans pouvoir rien faire…  Il y avait du vent, il faisait froid, il pleuvait de cette pluie fine et tenace, insistante, ricanante, qui donne l’impression Continuer la lecture#anthologie #29 | Assis sur le comptoir

#anthologie #28 | Quand tout le reste s’enfuit

– Elle lève les yeux au-dessus de son écran, sur la cloison, le Van Gogh. Carte postale délavée, bleu-vert huilé épais de la mer aux Sainte-Marie, un bateau dans le fond, un peu gîté, il avance bien, il doit y avoir du vent. Lumière claire, pas beaucoup d’ombres, ce doit être dans l’après-midi, il fait beau, brise thermique, sûrement. Une Continuer la lecture#anthologie #28 | Quand tout le reste s’enfuit

#anthologie #27 | Au commencement était…

#22Un homme descend du train. Sur le quai de la gare il cherche les pancartes, hésite. Il est jeune, solide, grosses bottes à semelles épaisses, col de la veste remonté sur la nuque, sac de marin sur l’épaule. Au tabac devant la gare, il achète un bloc de papier blanc, un timbre et une seule carte postale qu’il range soigneusement Continuer la lecture#anthologie #27 | Au commencement était…

#anthologie #26 | Sous la tente

Première nuit sous la tente depuis un bon moment. La dernière fois, tu vivais encore à la montagne, balade d’été avec des copains du club de ski de fond, tu ne devais même pas avoir quinze ans. Aujourd’hui, nouvelle nuit sous la tente. Chaussettes, bonnet, la tête dans la capuche bien douillette du duvet, tu n’as pas vraiment froid, pas Continuer la lecture#anthologie #26 | Sous la tente

#anthologie #25 | Odeurs

– L’odeur du poisson, poisson, frais, pas frais, cuit, mariné, avec des épices, avec des légumes, en papillotes, juste dire ça sent le poisson ne suffit pas, même pas pour dire si ça sent bon, si l’odeur est agréable ou pas. Et agréable ou pas, tant que le poisson n’est pas pourri, et où commence le pourri, la limite entre Continuer la lecture#anthologie #25 | Odeurs

#anthologie #24 | À toi le soin

Blaise est allongé mais il ne dort pas. Il a de longs moments de répit pendant lesquels sa main absente ne lui fait plus mal, il sort demain et cette nuit, il ne dort pas. Il regarde son nouveau voisin de chambre dormir, il est allongé sur le dos, à plat, sans oreiller, son cou est bloqué par une minerve, Continuer la lecture#anthologie #24 | À toi le soin