A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.

#écopoétique #08 | Petit bateau

Prendre une feuille de papier, rectangulaire, A4 par exemple, écrite ou pas, une version antérieure de ce texte, ce sera le papier parfait. Plier au milieu, longueur puis largeur, pour marquer les plis. Plier en deux dans le sens de la hauteur, ramener les coins sur le pli du milieu, replier le bas du papier vers le haut, faire de Continuer la lecture#écopoétique #08 | Petit bateau

#écopoétique #07 | Insecticide

Ni les piquants moustiques ni les frelons d’Asie ni les doryphores jaunes ni les libellules bleues ni les chenilles velues ni les coccinelles à 2 à 7 ou 22 points ni les scarabées d’or ni les hannetons communs ni les carabes à reflets d’or ni les punaises de lits ni les grillons champêtres ni les étonnants phasmes ni les fourmis Continuer la lecture#écopoétique #07 | Insecticide

#écopoétique #06 | De goutte à goutte

Pluies, remplissez le bassin de nos mots Pluies, reprisez au petit point la blanche nappe de nos phréatiques banquets  Pluies, averses, ondées, orages, déluges, cataractes, giboulées, trombes, crachins ou fines bruines,    entrez là en cortège, vos eaux sont les bienvenues Pluies, étoffez les torrents, les ruisseaux, donnez-leur corps et âme, fouettez leur ingénue transparence jusqu’au blanc de l’écume, jusqu’au sombre de Continuer la lecture#écopoétique #06 | De goutte à goutte

#écopoétique #05 | La remue

Avant, on s’en servait pour la remue. Fin de l’hiver, sortir les bêtes et suivre la pente, monter, en suivant la fonte des neiges, la pousse des herbes. Petit à petit, progresser par étapes et finir en alpage pour y passer l’été. Monter, de la ferme principale au refuge du dessus, et celui au-dessus, avec tous les objets qui feront Continuer la lecture#écopoétique #05 | La remue

les mardis #02 | Le mazot

La porte est en bois, comme le reste du mazot. Du gros bois, mais pas du bois grossier, du bois solide, épais, du bois de forteresse, forteresse lui-même. La porte est d’un seul bois, d’un seul morceau de bois, un morceau d’un seul arbre, une seule pièce, unique. Bois sombre, veines serrées les unes contre les autres jusqu’à ne faire Continuer la lectureles mardis #02 | Le mazot

#anthologie #36 | Tarifa

Ça fait déjà un moment que tu es en route, mais aujourd’hui, c’est le vrai jour de ton départ. Maintenant tu es prêt, tu es au bon endroit, tu pars, officiellement. Tu as choisi l’endroit, il n’est pas sur la E15 officielle, mais il est sur la tienne de E15, celle que tu vas entortiller tout autour de la vraie, Continuer la lecture#anthologie #36 | Tarifa

#écopoétique #04 | Eau ? Oh !

L’eau s’écoule goutte à goutte du filtre dans la gourde. Doucement, tout doucement, trop doucement pour ta soif qui entend le ruisseau galoper sur les pierres et rire à chaque cascade, à chaque saut dans le grand vide d’une vasque plus profonde que les autres, les tout petits trous d’eau dans le lit du ruisseau. Trop doucement pour ta soif Continuer la lecture#écopoétique #04 | Eau ? Oh !

#écopoétique #03 | Perpétuel

Quand Odette passe devant le jardin, elle marque toujours un temps d’arrêt. Façon de souffler, de faire une petite pause dans sa promenade à elle, appuyée sur le vieux bâton de ski rose dont elle se sert comme canne. Devant le jardin, elle s’arrête, fait un effort pour redresser son dos tellement courbé, elle regarde. Son œil est tout plein Continuer la lecture#écopoétique #03 | Perpétuel

#anthologie #34 | Vous êtes son portrait craché

En entrant dans la chambre pour refaire mon pansement, elle a marqué un temps d’arrêt en me fixant bizarrement, avant de dire, c’est vrai, c’est tout à fait ça, vous ressemblez comme deux gouttes d’eau à Blaise Cendrars, la coiffure en brosse, la forme du visage, le coup d’œil entre dédain et provoc, le crayon au coin du bec, bon Continuer la lecture#anthologie #34 | Vous êtes son portrait craché