A propos de Juliette Cortese

Née en Franche-Comté à la fin des années soixante-dix, Juliette Cortese vit à Montpellier et travaille dans la langue. Celle qu’on parle autour des tables. Celle qu’on écrit en atelier. Et dans la sienne, à tâtons, au burin, parfois avec un épluche-légume. Écrit ce qui vient et ce qui ne vient pas, lit à voix haute et bricole des vidéopoèmes. Publications en 2021 : X Tentatives pour continuer le présent, prose poétique chez Gros Textes et un premier roman, Lent séisme, chez Publie.net.

#LVME #01 Rue des Savonniers

Il est presque dix-huit heures le vingt-trois novembre deux-mille-vingt-quatre. Au numéro 13, un homme blanc âgé d’un cinquantaine d’années contourne un plumbago qui s’étale négligemment sur le sol de la terrasse et l’homme accède à la porte verte d’un cabanon de jardin, un panonceau indique « DANGER » et l’homme s’agenouille devant la pompe de piscine comme s’il allait entamer une prière. Continuer la lecture#LVME #01 Rue des Savonniers

#Carnet bleu | Juliette Cortese

J’écris juste avant de m’endormir, que mon rêve le plus récurrent comporte des obstacles nombreux qui m’empêchent de commencer ce que je dois faire, en général DÉMARRER une formation ou un accompagnement collectif… je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant d’une succession d’empêchements tous plus envahissants les uns que les autres, et en réalité assez minimes (pas de papier, Continuer la lecture#Carnet bleu | Juliette Cortese

#Photofictions #02 | Extrémité du corps

4 avril 2022 – La photographe L’extrémité de ma jambe. Ça s’appelle mon pied. Ça a forme de pied. Ordinaire. Pas le même que d’autres, mais ressemble. Accroché. Suspendu au bout de moi. Toujours avec moi, à me suivre, témoin impassible de mes erreurs de jugement, hontes, petites malhonnêtetés, etc. Pas franchement complice, mais globalement solidaire. A peu près fiable. Continuer la lecture#Photofictions #02 | Extrémité du corps

#photofictions #01 | Picture in the picture ?

Sur chaque photo de cette série on voit : au premier plan, ma main tenant mon vieux téléphone Samsung et mon pouce appuyant sur le déclencheur de prise de vue ; sur l’écran du téléphone, l’image réduite du sujet, nette ; à l’arrière plan, le sujet, incomplet, flou et partiellement caché par le téléphone. La série s’intitule bêtement Picture in the picture ? Essai, Continuer la lecture#photofictions #01 | Picture in the picture ?

#40jours #27 | Tania

Qu’est-ce qu’elle pense, Tania ? Qu’est-ce qu’elle a dans sa tête ? Pour quoi elle dit rien ? Pourquoi elle dit pas comment elle va ? Pourquoi elle dit jamais comment elle va ? Pourquoi elle dit pas si elle a des symptômes ou non ? Pourquoi elle veut pas en parler avec les autres ? Pourquoi elle reste derrière son bureau, à l’accueil, sans parler, juste Continuer la lecture#40jours #27 | Tania

#40jours #22 | douze fois le lotissement

6 juillet 2022 – 07h52 – Quelque part un homme démarre un groupe électrogène avant de pulvériser des produits phytosanitaires dans un palmier. 6 mai 2021 – 15h12 – Un chauffard percute deux voitures rouges dans une rue résidentielle et les détruit presque entièrement. Deux femmes, mère et fille sans doute, passent. 6 février 2020 – 05h41 – Les éboueurs Continuer la lecture#40jours #22 | douze fois le lotissement

#40jours #17 | Cinq femmes

Elle croise Marwan, pas encore quatre ans, qui pleure et transpire abondamment dans son gros gilet en laine au soleil. Ses yeux tombent sur les pieds nus, faut lui couper les ongles, l’emmène à l’ombre du bâtiment. Passant délicatement l’outil pointu sous le petit ongle noir pour en retirer toute la crasse, elle fronce son nez couvert de taches de Continuer la lecture#40jours #17 | Cinq femmes

#40jours #14bis | Cylindre

Je n’ai pas toujours été tranquille. Aujourd’hui dans la maison l’air est calme. Je me tiens debout dans le cylindre, et circule autour de moi une substance inconnue. Seul le souffle intermittent des voitures sur la rue devant la maison. Ce n’est ni de l’air, ni de l’eau. Peut-être qu’il y a un bruissement dans le feuillage d’un arbre, au Continuer la lecture#40jours #14bis | Cylindre

#40jours #20 | Ouvrons

N’a pas cœur la ville, t’as cœur toi ? T’as pas de peur dans la ville, et qu’est-ce que tu me donnes ? Qu’est-ce que tu me donnes ? Qu’est-ce que tu nous ouvres ? Quoi ouvrir à nous la ville ? Qu’ouvrons-nous toi ? Qu’ouvrons nous moi ? Et qu’ouvrons-nous la ville. La ville ferme. La ville porte cœur. La ville donne, le soleil vrac d’amour, Continuer la lecture#40jours #20 | Ouvrons