A propos de Jacques de Turenne

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#anthologie #15 | Est-ce-que tu veux devenir ma femme ?

Est- ce – que tu veux devenir ma femme ? Il y joue sa peau… Il croit qu’il y joue sa peau… Il en sait pourtant le banal… Le convenu… Tout le monde un jour ou presque… Il sent que c’est unique… Exceptionnel… L’acmé de sa vie… Il frôle le bonheur absolu… Le ridicule… La douleur infinie… Le rejet… L’abandon… L’extase… Continuer la lecture#anthologie #15 | Est-ce-que tu veux devenir ma femme ?

#anthologie #14 | c’est selon

C’est selon ! Il en faut pour tous les goûts. À chacun sa route son chemin etc. Lui, personnellement il préfère, et de loin, très tôt le matin ! Mais si tout le monde procédait de la même manière la vie serait bien terne et morose… (et les routes embouteillées) Heureusement que la variété des comportements et des intérêts apporte de la Continuer la lecture#anthologie #14 | c’est selon

#anthologie #12 | 3 villes

Douarnenez. On peut marcher le long de la corniche comme à la marelle : sauter de bond en rebond de la terre à l’océan. Au pied des vieux immeubles blancs aux toits d’ardoises une coulée d’escaliers vous balance sur la plage. En surplomb accoudés à la rambarde des promeneurs arrêtés à côté des poussettes : la ville bascule d’un côté vers l’autre Continuer la lecture#anthologie #12 | 3 villes

#anthologie #11 | retour de nuit.

On roule longtemps en silence, moi j’ai la fatigue et lui peut-être aussi, vu l’heure Il m’a vu au dernier moment sûrement Une presque silhouette un peu claire Je marchais d’un bon pas avec le paquetage sur l’épaule Déjà un kilomètre ou plus après la gare Personne sur le quai Moi seul descends Un coup de sifflet strident le grincement Continuer la lecture#anthologie #11 | retour de nuit.

#anthologie #9 | pour l’exemple

… ici j’attends dans le noir d’avoir mes vingt ans demain. maintenant je vois plus clair. lorsque nous sommes partis je ne savais rien encore, je me grisais à des mirages de sable ou presque. pas de boussole pour montrer va par-là plutôt qu’ici, j’entendais les discours et les appels je voyais les articles des journaux, en gros titres les Continuer la lecture#anthologie #9 | pour l’exemple

#anthologie #08 | rejoindre ?

… déjà elle recommence à s’agiter, elle transpire de plus en plus, les bras décharnés fouettent l’air, s’élèvent, se raidissent au-dessus d’elle, vêtue de noir, pâle, elle est à genoux sur le drap froissé, cheveux gris front luisant, la couverture jaunâtre en tas au pied du lit. La veine déforme le cou maigre. Les mains étreignent la corde invisible. Fascinée Continuer la lecture#anthologie #08 | rejoindre ?

#anthologie #07 | souvenirs d’herbe de nuit et de papillons.

J’avais l’usage d’une maison d’une seule pièce, sans doute deux, je ne sais plus, ronde. C’était dans le jour et les hautes nuits d’Afrique pas loin de Kafue (l’eau brunie des hippopotames entre les collines pelées). Il y avait divisant son sol de maigre ciment une longue ride peu profonde, une entaille fine, crevée plus en son centre, boursouflée, qu’une Continuer la lecture#anthologie #07 | souvenirs d’herbe de nuit et de papillons.

#anthologie #06 | la salle des dernières solitudes

Un été de torpeur et de soleil blanc. Sous un ciel poudreux le radeau vide du banc brouillé de lumière. L’allée de poussière jusque sous les cernes profonds des feuillus. Seul, petit, râblé, sans âge, Cerbère sur sa chaise – son mirage trouble derrière le reflet laqué des portes vitrées. Il grogne en secouant la tête, roule des yeux. L’unique Continuer la lecture#anthologie #06 | la salle des dernières solitudes

#anthologie #5 | la Gardienne

Moi la sinistra traîne galoche et grand cabas j’ai forcé ma voix des hurleries contre tous les vents qui voulaient m’emporter. Je me suis laissée dessécher à force d’eau venue des yeux comme deux sources brûlantes. Pourtant je continue. J’avance noire d’insecte sous le soleil blanc. J’ai dit : je ne lâche pas. Jamais tu m’entends jamais ! Je vous gicle éternels Continuer la lecture#anthologie #5 | la Gardienne

#anthologie #04 | Habiter

1 J’ai habité dans des lieux dont je n’ai presque plus aucun souvenir, principalement des chambres d’étudiant, à Saint Étienne ou encore à Aix-en-Provence. Parfois un détail, une ambiance, une couleur (dans la pénombre des odeurs luisantes de meubles en bois foncé). Le morceau d’image surgit toujours de manière inattendue, derrière lui ses reliques, comme l’ancre hisse ses breloques d’algues. Continuer la lecture#anthologie #04 | Habiter