A propos de Jacques de Turenne

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#anthologie #12 | 3 villes

Douarnenez. On peut marcher le long de la corniche comme à la marelle : sauter de bond en rebond de la terre à l’océan. Au pied des vieux immeubles blancs aux toits d’ardoises une coulée d’escaliers vous balance sur la plage. En surplomb accoudés à la rambarde des promeneurs arrêtés à côté des poussettes : la ville bascule d’un côté vers l’autre Continuer la lecture#anthologie #12 | 3 villes

#anthologie #11 | retour de nuit.

On roule longtemps en silence, moi j’ai la fatigue et lui peut-être aussi, vu l’heure Il m’a vu au dernier moment sûrement Une presque silhouette un peu claire Je marchais d’un bon pas avec le paquetage sur l’épaule Déjà un kilomètre ou plus après la gare Personne sur le quai Moi seul descends Un coup de sifflet strident le grincement Continuer la lecture#anthologie #11 | retour de nuit.

#anthologie #9 | pour l’exemple

… ici j’attends dans le noir d’avoir mes vingt ans demain. maintenant je vois plus clair. lorsque nous sommes partis je ne savais rien encore, je me grisais à des mirages de sable ou presque. pas de boussole pour montrer va par-là plutôt qu’ici, j’entendais les discours et les appels je voyais les articles des journaux, en gros titres les Continuer la lecture#anthologie #9 | pour l’exemple

#anthologie #08 | rejoindre ?

… déjà elle recommence à s’agiter, elle transpire de plus en plus, les bras décharnés fouettent l’air, s’élèvent, se raidissent au-dessus d’elle, vêtue de noir, pâle, elle est à genoux sur le drap froissé, cheveux gris front luisant, la couverture jaunâtre en tas au pied du lit. La veine déforme le cou maigre. Les mains étreignent la corde invisible. Fascinée Continuer la lecture#anthologie #08 | rejoindre ?

#anthologie #07 | souvenirs d’herbe de nuit et de papillons.

J’avais l’usage d’une maison d’une seule pièce, sans doute deux, je ne sais plus, ronde. C’était dans le jour et les hautes nuits d’Afrique pas loin de Kafue (l’eau brunie des hippopotames entre les collines pelées). Il y avait divisant son sol de maigre ciment une longue ride peu profonde, une entaille fine, crevée plus en son centre, boursouflée, qu’une Continuer la lecture#anthologie #07 | souvenirs d’herbe de nuit et de papillons.

#anthologie #06 | la salle des dernières solitudes

Un été de torpeur et de soleil blanc. Sous un ciel poudreux le radeau vide du banc brouillé de lumière. L’allée de poussière jusque sous les cernes profonds des feuillus. Seul, petit, râblé, sans âge, Cerbère sur sa chaise – son mirage trouble derrière le reflet laqué des portes vitrées. Il grogne en secouant la tête, roule des yeux. L’unique Continuer la lecture#anthologie #06 | la salle des dernières solitudes

#anthologie #5 | la Gardienne

Moi la sinistra traîne galoche et grand cabas j’ai forcé ma voix des hurleries contre tous les vents qui voulaient m’emporter. Je me suis laissée dessécher à force d’eau venue des yeux comme deux sources brûlantes. Pourtant je continue. J’avance noire d’insecte sous le soleil blanc. J’ai dit : je ne lâche pas. Jamais tu m’entends jamais ! Je vous gicle éternels Continuer la lecture#anthologie #5 | la Gardienne

#anthologie #04 | Habiter

1 J’ai habité dans des lieux dont je n’ai presque plus aucun souvenir, principalement des chambres d’étudiant, à Saint Étienne ou encore à Aix-en-Provence. Parfois un détail, une ambiance, une couleur (dans la pénombre des odeurs luisantes de meubles en bois foncé). Le morceau d’image surgit toujours de manière inattendue, derrière lui ses reliques, comme l’ancre hisse ses breloques d’algues. Continuer la lecture#anthologie #04 | Habiter

#anthologie #03 | la balle de tennis

J’ai vu la balle de tennis. La balle est jaune comme toutes les balles de tennis. Mais je crois qu’il y a des balles de tennis vertes, des roses aussi. Je ne connais pas c’est évident toutes les balles de tennis pourtant je suis presque certain d’en avoir vues d’autres couleurs. Peut-être que je me trompe. Peut-être que j’imagine les Continuer la lecture#anthologie #03 | la balle de tennis

#anthologie #02 | dans la boîte

Il avancerait déclenchant à intervalles réguliers l’allumage automatique des plafonniers. Lumière crue, inhospitalière. À l’extrémité du long couloir segmenté de double-portes coupe-feu rabattues contre le mur, un pot imposant, en plastique mauve. (Personne ne le voit jamais, noyé dans l’uniformité de l’habitude le silence l’écho des pas les paroles distraites les rires étouffés les cris les grumeaux de pensées la Continuer la lecture#anthologie #02 | dans la boîte