A propos de Isabelle Charreau

j’arpente plus facilement les chemins de terre que les pavés de la ville, je fréquente l’atelier pour le plaisir comme des gammes, sans projet de partition

#P6 (1) ce qui reste au dessus du tamis

Mardi 20 – C’est déjà trop loin ? Rien n’apparaît qui se distinguerait de la chaleur, de la torpeur et l’impression enveloppante d’être privée de mon rythme et le dos qui le rappelle. Mercredi 21 – Le son de quelques gammes, petits fragments de morceaux qui s’imposent, juste le temps de faire résonner la caisse contre moi, de sentir les cordes sous les Continuer la lecture#P6 (1) ce qui reste au dessus du tamis

#P5 C’est fou

Salve – explosion – presque cri qui pousse les lèvres – les ouvre – ça crache – ça tousse – ça pleure – le nez coule comme les larmes – et tout intensifié par l’impossibilité que cela puisse advenir. Comme un premier avertissement, une secousse dans le ventre, les yeux plissent un peu, les coins des lèvres fermées remontent, reprendre Continuer la lecture#P5 C’est fou

#P4 Qu’est-ce que tu veux

Qu’est-ce que tu veux, c’est comme ça, on a beau lui répéter, rien ne change, c’est pas faute de répéter – la cruelle impuissance, mais c’est pas ce qu’on veut – j’ai bien résisté jusque-là mais finalement, qu’est-ce que tu veux, pas moyen d’y couper, j’ai craqué, j’ai dit oui – perte totale de volonté, délicieux abandon, c’est ça qu’on Continuer la lecture#P4 Qu’est-ce que tu veux

#P3 Effacement progressif

Le recueil de tes recettes, Noël 2012 , un exemplaire chacun. Les entrées : La soupe gratinée de potiron – La soupe au pistou – La sauce des asperges – La salade d’avocats aux oranges – Le fromage de tête – Les champignons à la grecque – La tarte fine aux Saint Jacques et aux poireaux – La tarte aux pointes Continuer la lecture#P3 Effacement progressif

Cahiers dans mes sacs, prosaïque

Le sac de Lulu pour jouer à moi aussi j’ai un sac, le sac à malice sans penser à mal, le sac à dos léger, le sac à dos grand, ses armatures contre le dos, le sac cadeau du pupitre en bois, le sac de peau, le sac en peau, peau d’âne, la course en sac, le sac à patates, Continuer la lectureCahiers dans mes sacs, prosaïque

comme ils émergent, flous, précis, doux, tristes

ferme auberge où je retourne chaque été, le lavabo et le bidet, et les mouches pendant la sieste obligatoire, les volets entrouverts, les bruits dans le couloir carrelé chambrée dans cette pension autrichienne, première expérience-découverte de la couette, et ses plumes, si moelleuse et chaude au lieu de draps et couvertures refuge sur pilotis perché au bord du lac glaciaire, Continuer la lecturecomme ils émergent, flous, précis, doux, tristes

Déliriver

S’y jeter, plonger dans les paysages de l’eau et puis… suinte une mer de verglas trouble, transpire une goutte de gel frissonnant, perle une bulle de neige salée, ruisselle une flaque de glace amère, mouille une rivière de larmes fraiches, bouillonne un étang de grêle plate, pleure un ruisseau de sueur minérale, coule un flocon de rosée pétillante, se déverse Continuer la lectureDéliriver

celles qui et ceux aussi

Celle qui voit ses cheveux blanchir en une nuit quand la maison disparaît et qui cinquante ans après, chaque matin admire les beaux hortensias, les oublie et les retrouve le lendemain, nouveaux chaque jour, plaisir intact. Celui qui, homme de peine, voyage de chantier en chantier et finit par tenir le bar, grand comme un bœuf, doux comme un agneau.Celle Continuer la lecturecelles qui et ceux aussi

Irishman

Les yeux bizarrement bleus, comme un extraterrestre ou comme mon chat Mina lorsqu’elle était bien vieille et presque aveugle. Translucides mais opaques, glauques, troubles et troublants. Comme plusieurs épaisseurs superposées de différentes couleurs, les différentes strates, mais je pensais ses yeux marrons. Visage artificiellement rajeuni, les traits tirés, comme dans Brazil, des pinces ont écarté la peau mais la structure Continuer la lectureIrishman