A propos de Isabelle Charreau

j’arpente plus facilement les chemins de terre que les pavés de la ville, je fréquente l’atelier pour le plaisir comme des gammes, sans projet de partition

#anthologie #24 | Pas de la fiction

Comme un souffle léger, comme le vent pour soulever une plume, je l’appelle souvent ma plume. L’envie de se mettre juste à la sortie de l’air devant son nez, de s’allonger à son côté et de le sentir passer sur mon visage, prendre son rythme, le suivre, respirer avec elle. Ce rythme apaisant, un rythme apaisant c’est régulier, sans grandes Continuer la lecture#anthologie #24 | Pas de la fiction

#anthologie #21 | Et plus personne pour me le dire

Maurice Il a perdu sa fille quand elle avait vingt ans (1) en 1948 (2) après la guerre il habitait encore dans le Nord. Personne ne parlait de cette jeune femme sur la photo encadrée dans le salon on m’a peut-être dit qu’elle s’appelait Liliane je trouvais que ça lui allait bien qu’elle était belle comme une actrice avec sa Continuer la lecture#anthologie #21 | Et plus personne pour me le dire

#anthologie #17 | avant le crime

Depuis mars 2015 il reste seulement des amas de pierres, des murs effondrés, on peut distinguer encore le dessin des pièces, les briques de terre crue effritées au sol, devenues indiscernables, retournées à leur forme initiale, poussière. Il reste une arche, porte qui donnait peut-être sur l’office ou sur son bureau. Et le désert autour. Nous avions fait connaissance en Continuer la lecture#anthologie #17 | avant le crime

#anthologie #16 | peur de s’y perdre

Elle est assise devant la table ronde, concentrée. Elle prend chaque photo d’une boîte, la regarde, la retourne, la pose sur un des tas qu’elle a constitué. Un manège, l’une après l’autre, elle regarde, elle retourne, elle pose. Elle reprend parfois la photo qu’elle vient de poser, elle l’approche de son visage, soupire, sourit, la replace sur une autre pile. Continuer la lecture#anthologie #16 | peur de s’y perdre

#anthologie #15 | Shining

ce n’est pas la question suspendre oui pourquoi pas…suspendre le temps de respirer…j’étouffe un peu là ce rythme…et quand j’ai l’impression que je comprends même pas la question c’est pire…parfois tu t’y mets quand même…oui parfois je m’y colle et ça part…c’est pour ça que je continue…tu continues parce que ça part…parce que ça me surprend j’ai pas prévu ce Continuer la lecture#anthologie #15 | Shining

#anthologie #14 | la petite phrase

Qu’est-ce que tu veux ; c’est une ponctuation elle s’est installée dans tes mots elle revient souvent elle finit presque toutes tes phrases tu ne veux pas savoir ce que je veux. Qu’est ce que tu veux que j’y fasse ; c’est un abandon une excuse tu laisses tomber tu n’y crois plus tu ne veux pas en parler tu ne veux Continuer la lecture#anthologie #14 | la petite phrase

#anthologie #12 | deux et une

Je suis arrivée à Fès un soir du mois de juillet au volant d’un vieux Ford Traffic, concentrée sur ma conduite dans une circulation intense. Il faisait presque nuit. J’ai laissé le camion près des remparts pour entrer par la Porte Bleue dans la médina et me laisser porter par la foule. Toute la ville est dehors, sur les terrasses, Continuer la lecture#anthologie #12 | deux et une

#anthologie #13 | Routine en espace avec foule

La table au fond du jardin derrière le potager la table en bois avec des bancs solidaires et une barre au dessous pour y poser les pieds. Chats. Les planches épaisses de son plateau se sont tordues avec les années, avec la pluie, avec le soleil, avec la neige. Merles. Elles sont maintenant bien disjointes, difficile de poser la tasse Continuer la lecture#anthologie #13 | Routine en espace avec foule

#anthologie #11 | simple oubli

Je quitte la nationale pour le petit chemin Il y a trois façons d’arriver au village je choisis de préférence le petit chemin qui est goudronné seulement au début et qui n’est pas entretenu je suis secouée dans les ornières Je n’aime pas la route du bas qui quitte abruptement la nationale je l’anticipe bien trop tôt je ne me Continuer la lecture#anthologie #11 | simple oubli

#anthologie #10 | Maurice

Il a perdu sa fille quand elle avait vingt ans en 1948 après la guerre il habitait encore dans le Nord. Personne ne parlait de cette jeune femme sur la photo encadrée dans le salon on m’a peut-être dit qu’elle s’appelait Liliane je trouvais que ça lui allait bien qu’elle était belle comme une actrice avec sa robe blanche et Continuer la lecture#anthologie #10 | Maurice