A propos de Irène Garmendia

Lectrice par amour des mots et des histoires. Voyageuse immobile, perdue entre plusieurs langues, a récemment découvert le jeu d'écrire.

#40jours #29 | Sisyphe à Carrefour

Elles ont l’air anodin, comme si elles flânaient au rayon détergeant ou sauces tomate, les Sisyphe des temps modernes. Mais on les voit, sortir du supermarché, chargées de paquets, amoncelant les sacs (de toiles maintenant- elles respectent l’environnement) petite chose ensevelie sous le poids des courses. On ne les croirait pas capables d’une telle prouesse, semblable à la fourms qui Continuer la lecture#40jours #29 | Sisyphe à Carrefour

#40 jours #28 | acheter sa dose

Un homme dont le prénom était Pedro. A côté, un numéro de téléphone, sur un papier froissé, au fond de ma poche. D’abord, composer le numéro sur l’écran, écouter la sonnerie, longtemps, attendre jusqu’à ce que cela raccroche automatiquement. Rappeler juste après. Laisser sonner à nouveau. Après une vingtaine de sonneries, ça décroche : – Allo ? – Allo, oui, Continuer la lecture#40 jours #28 | acheter sa dose

#40jours #27 | n’as-tu rien vu venir ?

C’est elle ou toi ? C’est elle bien sûr, je m’en doutais, mais toi ? N’as-tu rien à voir dans cette histoire ? Avez-vous eu une dispute ? Oui, c’est peut-être ça, vous vous serez sans doute disputés, te souviens-tu ? N’as-tu rien vu venir ? Parce que nous, on n’a rien vu du tout, on était là, tu sais Continuer la lecture#40jours #27 | n’as-tu rien vu venir ?

#40jours #23 | ligne droite

Même dans le tunnel, on avait la sensation de la vitesse, le bruit de la machine sur les rails et l’obscurité qui était interrompue par des lumières blanches revenant à intervalles réguliers, comme des flashs. Puis, l’ombre s’était faiblement éclairée. Petit à petit, la lumière gagnait et dissipait le mystère dans lequel les passagers étaient plongés. C’était un mouvement infime Continuer la lecture#40jours #23 | ligne droite

#40jours #21 | protocole inverse

Aller à reculons- laisser la porte ouverte- remplir la boîte à lettres- remonter les poubelles- se laisser tirer par le chien- demander son titre de transport au contrôleur- rester debout au café- offrir une boisson au barman- écrire les nouvelles dans le journal : une bombe d’amour a explosé à l’est; à l’ouest, les hommes font des concours de câlins, Continuer la lecture#40jours #21 | protocole inverse

#40jours #22 | début et fin

18 décembre- Mon anniversaire, à deux pour la dernière fois. Mama m’a fait un beau cadeau. 24 décembre- douleur et damnation, s’enfuir. 27 décembre- J’y retourne, tout va bien se passer, Mama m’aide. 31 décembre- Elle est partie pour l’hôpital, ça devait être long et puis c’était très rapide. Mama m’a félicité, il n’était pas loin. Avec son taxi, il Continuer la lecture#40jours #22 | début et fin

#40jours #19 | derrière la vitrine

Bien sûr, il y a des moments calmes, des moments où elle n’est pas obligée de faire ses grimages. Sven n’aime pas quand elle ne fait rien. Il y a des moments creux, où elle peut regarder le vent agiter les feuillages, une robe blanche tourner à vélo, un bateau de touristes longer le quai. Elle n’a qu’à se pencher Continuer la lecture#40jours #19 | derrière la vitrine

#40jours #18 | chemin du retour

Longer le couloir de tôle, un espace pré-fabriqué grouillant de trajectoires solitaires. Des couloirs infinis remplis d’êtres écrasés par un amas de bagages. Certains disparaissent presque sous le poids amoncellé. D’autres tirent de lourdes valises, le corps arqué dans l’autre sens. Regards au sol, rasant les murs ou au plafond, lorgnant la lumière saturée des néons. S’enfoncer dans la terre Continuer la lecture#40jours #18 | chemin du retour

#40 jours #17 | nocturne

La nuit a été longue, c’est toujours comme ça le dimanche soir. Il y a ceux qui finissent le week-end et ceux qui le commencent. Elle est assise sur une chaise haute, illuminée par les néons rouges, le string remonté jusqu’en haut des hanches, talons aiguilles appuyés contre la vitre, elle secoue la tête en rythme avec la musique. Elle Continuer la lecture#40 jours #17 | nocturne

#40jours #16 | de l’obsession

Écrire oui, comme toutes les décisions longues à prendre, elle est devenue impérieuse. Écrire oui, ignorant ce que ça allait remuer, ce nouveau  »loisir », chez elle et chez ceux qui l’entourent. Écrire oui, et après? Le vide, une étendue morne et plate. Plus rien n’a d’intérêt, plus de patience pour les tâches quotidiennes, plus envie d’être avec les autres. Écrire Continuer la lecture#40jours #16 | de l’obsession