A propos de Irène Garmendia

Lectrice par amour des mots et des histoires. Voyageuse immobile, perdue entre plusieurs langues, a récemment découvert le jeu d'écrire.

#été2023 #00 | S’il n’y en avait qu’un

Je ne me souviens que du choc. Rien ne m’y avait préparé. J’avais emprunté le livre comme à mon habitude, le sélectionnant un peu au hasard. Un livre, en format de poche dont la couverture avait été cartonné pour en multiplier les usages. Il était écorné, jauni et tamponné du sceau rouge de la bibliothèque municipale. Mais sous son apparence Continuer la lecture#été2023 #00 | S’il n’y en avait qu’un

# Carnets individuels | Irène Garmendia

40/40- Instructions pour écrire: 1-      Position du corps : assis, étirer la nuque, dos droit, jambes perpendiculaires, éviter de les croiser, on voudra favoriser la circulation du sang même dans les extrémités. Les bras en angle droit avec la table, les mains propres, sans ornements, les ongles courts, sur un clavier quelconque. 2-      Manger peu, boire beaucoup : café, thé ou infusions Continuer la lecture# Carnets individuels | Irène Garmendia

#carnets #prologue | de silence et d’oubli

Des cahiers d’école où j’installe le long des lignes mes commentaires, mes expériences. J’y agende mes sorties cinéma, y colle les tickets, parle des livres que je lis, je veux tout garder en mémoire. Carnets de voyage: je marque, je crayonne, je colle, je plie, je colore. Comme si poser les mots sur le papier retranscrivait un peu les sensations, Continuer la lecture#carnets #prologue | de silence et d’oubli

#photofictions #09 | Marie France – Coiffure pour dames

La dernière fois ça n’avait duré que dix minutes mais là, ça faisait déjà vingt minutes qu’elle attendait sous le séchoir. Les oreilles écarlates, le crâne piqué d’épingles pour la mise en plis hebdomadaire, elle suçotait un bonbon à la menthe, le sac coincé entre les fesses et l’accoudoir du fauteuil. Quand la journée commençait de travers, il n’y avait Continuer la lecture#photofictions #09 | Marie France – Coiffure pour dames

#photofictions #05 | la liste

Des corps qui se croisent dans un centre commercial, balancement des bras, entrechocs d’épaules, un talon marron, un sac en osier, les couleurs des vêtements comme des traces qu’un pinceau étalerait ; des visages, des membres en mouvement : on arrête la première personne immobile et on l’interroge : – Qu’est-elle venue faire ici ? – Oh, la même chose que tout Continuer la lecture#photofictions #05 | la liste

#photofictions #04 | Photo de classe

Placés en rang d’oignons, épaule contre épaule, tous dans une position identique, droits comme des i, regard fixes, face à la caméra. Il faudra quand même trois files : un premier rang assis, un deuxième debout et le troisième, monté en équilibre, sur un banc branlant. Aucune vulnérabilité sur ces visages impassibles, on contrôle tout ici : les vêtements choisis depuis belle Continuer la lecture#photofictions #04 | Photo de classe

#photofictions #03 | La claque

Au milieu du salon, un tapis qui avait été blanc, un sofa recouvert de couvertures sans teinte à l’exception d’un rose fluo surprenant le turquoise du sofa. Dehors, l’obscurité de la nuit entre par la fenêtre sans rideau. Il est en pyjama, les bras écartés, la bouche grande ouverte, dans un cri muet. Le visage froncé, les yeux plissés pour Continuer la lecture#photofictions #03 | La claque

#photofictions #02 | fin de voyage

Tu descends dans la cuisine et prépares du café. Tu écoutes les informations à la radio en respirant l’odeur du liquide noir, la météo, le tirage du loto. Tu laves la tasse avant de partir. Tu sors la voiture du garage plus tôt ce matin, tu as une course à faire avant d’aller au bureau. Son cul ! Son cul Continuer la lecture#photofictions #02 | fin de voyage

#photofictions #01 | une image pour exister

Cette image de moi, c’est pour avoir une preuve que j’étais là. Oui j’étais là, l’après-midi du neuf août 2022, dans la rue du Club nautique de Villajoyosa. On avait déjeuné au restaurant du port, M. n’avait pas voulu venir, mais peut- être était-elle quand même là, dans nos têtes. Ne pas laisser mon humeur s’obscurcir, ne pas prendre ombrage Continuer la lecture#photofictions #01 | une image pour exister