A propos de Irène Garmendia

Lectrice par amour des mots et des histoires. Voyageuse immobile, perdue entre plusieurs langues, a récemment découvert le jeu d'écrire.

#L5-Fugue

A l’aube, elle prenait toutes ses économies et fermait doucement la porte. Son regard balayait la chambre sans savoir quoi emporter dans son minuscule sac à dos. Elle ne pouvait plus rester. Elle descendit les escaliers, traversa le parc et rejoignit l’arrêt d’autobus. Elle ignorait à quelle heure il passait, mais était décidée à attendre. Elle longea l’immeuble d’en face, Continuer la lecture#L5-Fugue

#P5-Haut-bas

Haut-Bas, sol, toits. Regarder en haut, déglutir le blanc du plafond. Les tripes qui se tordent, hérissant les poils des avant-bras. La peau se recouvre de mille petites bosses. Le souffle.  Haut-Bas, réverbère, goudron. Joue contre terre, grumeaux dessinés sur la peau. La chair marquée de rouge. Les membres ankylosés disparaissent. Mains inarticulées. Salive salée qui s’échappe. Haut-Bas, lumière, ombre. Continuer la lecture#P5-Haut-bas

#L4-Lectures au long cours

Lire, c’était renoncer à dormir, s’installer contre l’ordre établi et entrer dans la clandestinité. Ce n’était pourtant que la Comtesse de Ségur, Gripari, les contes de la rue Mouffetard. Puis Bazin, Mauriac et Christiane F. Lire, c’était enchaîner tous les titres en rayon à la bibliothèque municipale. Tentative d’exhaustivité inatteignable, mais quel plaisir. De Blazac à Zola, des écrivains à Continuer la lecture#L4-Lectures au long cours

#P4-Ça part en fumée

Vous avez arrêtez de fumer? Oui oui je le savais, mais c’est en vous voyant maintenant que j’en ai pris conscience. Un an et demi déjà, ah oui, comme le temps passe vite. Mais ce n’est pas la première fois, n’est-ce pas? Quatrième? En effet, c’est rarement quelque chose qu’on réussit du premier coup. Mais maintenant que vous ne travaillez Continuer la lecture#P4-Ça part en fumée

#L3- Sans voix

Personne ne sait qui elle est ni d’où elle vient. On l’a emmené un soir et elle s’est planté là sans ouvrir la bouche. Elle est là et c’est tout. J’ai supposé qu’elle dormait dehors depuis plusieurs semaines avant qu’on ne la trouve. Dans son état, on ne pouvait décemment pas la laisser dehors plus longtemps. Avec son ventre proéminent, Continuer la lecture#L3- Sans voix

#P3 Le verre d’eau

C’est bien l’heure de dîner pensa-t-il en regardant sa montre et puis il a vaguement entendu l’appel. Il s’approche de la table. Même chez lui, il se sent toujours comme un étranger, embarrassé de sa propre présence. Alors il avance avec prudence, à petits pas hésitants. Ça agace sa mère, cette lenteur.  Elle vit à un autre rythme, rentre de Continuer la lecture#P3 Le verre d’eau

Il était une ville

C’est une étrangère dans le pays où elle est née. Sa mère s’y est arrêtée quelques années, mais elles ne sont pas d’ici. Elle a un nom qui est d’ailleurs, une couleur de peau différente et d’autres nationalités, d’autres langues. La mère est trahie par les mots qui sortent de sa bouche, mais la fille, elle peut donner le change. Continuer la lectureIl était une ville

Il est temps

Journée envolée. Décompte des heures qui restent: une heure, deux heures, trois. Après-midi qui s’allonge et puis soir. Journée terminée, plus rien à en espérer. Montre, chronomètre, sablier – regarder tout cela s’écouler. Boire les secondes, compter les minutes, traverser la route. Clic clac du métronome, coucou, pendule qui marque les quarts et sonne les heures. Clepsydre, comtoise- remonter le temps, rattraper Continuer la lectureIl est temps

En vie

C’est la nuit, mais elle ne dort pas. Son sommeil est très léger, sans cesse interrompu. Elle est pourtant à son aise dans cette chambre aux couleurs tamisées. Elle baigne dans un cocon de calme, préservé du monde extérieur, isolée dans cette douceur pourpre. Un roulis agréable la berce, le clapotis l’aide à glisser dans l’endormissement. Recroquevillée, les jambes repliées sur Continuer la lectureEn vie

La nuit, je mens

Le bras déplié, la main saisissant l’interrupteur, le pouce prêt à appuyer pour éteindre si j’entends un pas dans le couloir. La tête posée sur le bras, un livre dans l’autre main, le visage absorbé par les pages.  Chambre noire, de bois et de fatras. Loin de tous, je commence une vie rien qu’à moi. J’enlève mes oripeaux et presque Continuer la lectureLa nuit, je mens