A propos de Irène Garmendia

Lectrice par amour des mots et des histoires. Voyageuse immobile, perdue entre plusieurs langues, a récemment découvert le jeu d'écrire.

hors-série #voix | de mots et d’oubli

Sa voix est enrouée, comme si elle ne l’avait pas utilisée depuis longtemps. Elle hésite, la remet en marche, la réchauffe, cela tremble encore un peu. C’est une voix lourde et traînante, une voix d’un autre temps, qui révèle son grand âge. La tonalité change pendant la phrase, elle s’égare dans les aigus, soulevant les derniers mots. Elle appuie fort Continuer la lecturehors-série #voix | de mots et d’oubli

autobiographies #01 | l’été

Bicyclette abandonnée sur le sable, une roue en l’air, encore en mouvement. Le vélo chevauchant la route de graviers. Mains en l’air, qui lâchent le guidon. Mains qui se rejoignent pour claquer ensemble, en rythme, un chant de gloire. Dérapage, fumée blanche qui prend la gorge. Ciel et mer au bout du chemin. Genoux écorchés et vélo rouge sur le Continuer la lectureautobiographies #01 | l’été

#P11- Sur l’eau

L’embarcation fend l’eau dans un bruissement léger. Tout autour, le silence. On dirait que l’absence de bruit agrandit l’espace. C’est calme, à part quelques sons lointains. Un avion caché par les nuages, des camions sur une route égarée quelque part, tous deux sont un ronronnement indistinct et sourd. Le bruit des rames qui pénètrent l’eau, elles y entrent et en Continuer la lecture#P11- Sur l’eau

#P10- Dîner

Alors, cette journée au lycée, tout s’est bien passé? demande-t-elle hésitante. Tête dans l’assiette, marmonnements. Pardon? se risque-t-elle, lisant déjà, la nuque courbée, la voix éteinte, la fourchette désoeuvrée. Un long souffle d’agacement du fils provoque l’affaissement de son corps à elle, comme si elle savait déjà les minutes qui suivront dans la cuisine en simili rustique. Pas terrible, parvient-elle Continuer la lecture#P10- Dîner

#Hors-série 2- Vue trouble

Deux tiges de plastique brun, flanquées de carreaux de verre. Minimalistes et banales, les binocles, mais flexibles, robustes, toujours à portée de main. Tu les cherches en tâtonnant, tu les appelles au secours. Alors elles t’en font voir. Des lettres noires sur fond blanc. Le monde sort du brouillard. La bouillie grisâtre devant tes yeux devient texte. Les mots s’alignent Continuer la lecture#Hors-série 2- Vue trouble

#P9-Comptine

C’est une photo en couleur, trois visages occupent l’image. Au premier plan, la tête d’un nouveau-né, légèrement inclinée vers le bas, la peau encore rouge. L’enfant est vêtue d’un pyjama de velours blanc avec capuche, parsemé de motifs bruns. Ses yeux fermés sont deux petites boursouflures qui font écho avec le rebondi des joues. Ses cheveux sont noirs, le front Continuer la lecture#P9-Comptine

#P8-Ode à l’imprésentable

Tu avais pleuré, promis qu’il n’y aurait pas de prochaine fois. Mais elle était restée de marbre, insensible à tes suppliques. Quand tu avais trouvé l’armoire débarrassée de ses nippes et le gamin embarqué dans cette équipée, ton sang n’avait fait qu’un tour. Tes poings avaient cogné la porte de bois, cogné jusqu’à l’ébrécher et laisser tes mains et ton Continuer la lecture#P8-Ode à l’imprésentable

#L7-Clandestine

1- Une adolescente enceinte fuit sa famille. Elle veut garder l’enfant et se sauve pour se construire loin de la volonté des adultes.  Les obstacles sont nombreux : être étrangère et pauvre dans un foyer pour mineurs aux Pays-Bas, accoucher dans une langue qu’elle ne comprend pas.  En dépit de tout ce qu’elle doit affronter, elle cherche une place où élever Continuer la lecture#L7-Clandestine

#P7- L’arrêt d’autobus

L'arrêt d'autobus

La fenêtre de la chambre donne sur un croisement de rues. À gauche, la voie rapide qui entoure le village, les voitures filent dans les deux sens. À droite, il y a beaucoup moins de voitures qui s’engagent, c’est une route étroite qui monte jusqu’aux pieds d’un mont de roches blanches. Tout en haut, l’ermitage où l’on adore une vierge. Continuer la lecture#P7- L’arrêt d’autobus

#P6 Journal de la semaine dernière

Dimanche: Passé minuit, dans un vieux bar à cocktails de Madrid aux fauteuils de velour rouge et aux rideaux à pompons, il fait une chaleur inimaginable. Dans la salle du fond, cachées des autres, elles sont enlacées. Elles ont toutes les deux la même coupe de cheveux, un carré blond peroxydé. L’une a une perruque, l’autre pas. Elles s’embrassent à pleine Continuer la lecture#P6 Journal de la semaine dernière