A propos de Helena Barroso

Je vis à Lisbonne, mais il est peut-être temps de partir à nouveau et d'aller découvrir d'autres parages. Je suis professeure depuis près de trente ans, si bien que je commence à penser qu'autre chose serait une bonne chose à faire. Je peux dire que déménagement me définirait plutôt bien.

#40jours #16 | la carte de la ville

Ma ville d’étudiante est bien différente de celle d’aujourd’hui. Je n’avais pas de maison à moi, je passais mes journées dans la rue ou dans les cafés quand je séchais les cours. Mon café habituel était celui qui se trouvait tout près de la chambre que j’occupais à l’époque et d’où me chassait le regard fermé de la logeuse au Continuer la lecture#40jours #16 | la carte de la ville

#40 jours #14 | la boîte-repas

Il est assis à la table de la cuisine, sa grande tasse de café à moitié pleine devant lui, un couteau, une serviette en papier, une assiette avec juste quelques miettes de pain qu’il fera glisser dans la poubelle, essayant de n’en laisser tomber aucune. Il regarde, posée sur la chaise à côté de lui, sa boîte-repas, vide, soigneusement lavée Continuer la lecture#40 jours #14 | la boîte-repas

#40 jours # 13 | les grands bleus invisibles

Ce n’est qu’une petite tache bleue, presqu’imperceptible au premier regard. Mais une autre la rejoint sur la peau blanche, s’élargit en tons gris-violet sur les bords. Entretemps. Les feuilles blanches aux caractères noirs circulent d’une machine à l’autre, s’accumulent sur les étagères des gens aux yeux fermés. Les petites taches bleues ont le temps de s’évanouir, devenir jaune-perle, absorbées par Continuer la lecture#40 jours # 13 | les grands bleus invisibles

#40 jours #12 | pièces déconnectées

Un jour, elle a dit à quoi bon et s’est laissé traverser par la vie, à peine le temps que l’on ne s’indigne pas de sa présence, que l’on n’ait pas peur d’elle, qu’elle ne redevienne pas comme les autres. Ravalée, propre, risible, prête à se vendre. Oh, il ne faut pas être sorcier pour deviner que la vie est Continuer la lecture#40 jours #12 | pièces déconnectées

#40 jours #11 | la ville inconnue

Il suffit de tourner au mauvais endroit et je ne reconnais plus la ville. Ces rues, où se passent-elles ? Couloirs obscurs d’où le soleil en éclipse s’est détourné faute d’espace, façades sombres qui tombent à pic sur les trottoirs étroits faits pour marcher derrière la silhouette qui est devant. J’y avance en rêve, comme dans une maison qui ne m’appartiendrait Continuer la lecture#40 jours #11 | la ville inconnue

#40jours #10 | la maison grecque

Il y avait, il y a très longtemps, au bord de cette rue mouvementée, entouré par un espace de verdure, arbres et fleurs sauvages, un grand palais abandonné que j’appelais pour moi seule la maison grecque. Grecque pourquoi ? Aucun détail ne faisait penser à l’architecture grecque antique, même pas les colonnades fines qui entouraient la grande porte d’entrée. C´était plutôt Continuer la lecture#40jours #10 | la maison grecque

#40 jours #09 | Deodata

Je ne l’ai vue que deux fois dans ce magasin bric-à-brac qui vend des journaux, des babioles en plastique, des cigarettes, des billets de loterie, et c’est surtout cela que les clients viennent acheter, mus par ce sentiment de pensée magique qui hante ceux qui n’ont plus rien à quoi s’attendre. Soixante, soixante-dix ans tout au plus, je n’ai jamais Continuer la lecture#40 jours #09 | Deodata

#40 jours #08 | portes donnant sur la ville

La station de la Praça do Comércio débouche sur un chantier, sol de terre jauni, grillages, blocs de ciment bloquant la circulation routière, à droite, la gare fluviale où les départs pour ceux qui habitent sur l’autre rive se font toutes les dix minutes. Néanmoins, tout le monde est pressé, court en constante agonie vers les portes qui donnent accès Continuer la lecture#40 jours #08 | portes donnant sur la ville

#40 jours #07| La descente vers

Sitôt sorti de la gare, le train de banlieue laisse derrière lui les panneaux de mosaïques occultistes de Lima de Freitas et s’engouffre dans un tunnel long d’une minute. Soixante secondes d’un paysage de fer et de pierre, suintant d’humidité même par la journée la plus chaude. Des ouvriers, casque jaune, y travaillent constamment, avancent avec désinvolture, tels des funambules, Continuer la lecture#40 jours #07| La descente vers