A propos de Helena Barroso

Je vis à Lisbonne, mais il est peut-être temps de partir à nouveau et d'aller découvrir d'autres parages. Je suis professeure depuis près de trente ans, si bien que je commence à penser qu'autre chose serait une bonne chose à faire. Je peux dire que déménagement me définirait plutôt bien.

#40jours #10 | la maison grecque

Il y avait, il y a très longtemps, au bord de cette rue mouvementée, entouré par un espace de verdure, arbres et fleurs sauvages, un grand palais abandonné que j’appelais pour moi seule la maison grecque. Grecque pourquoi ? Aucun détail ne faisait penser à l’architecture grecque antique, même pas les colonnades fines qui entouraient la grande porte d’entrée. C´était plutôt Continuer la lecture#40jours #10 | la maison grecque

#40 jours #09 | Deodata

Je ne l’ai vue que deux fois dans ce magasin bric-à-brac qui vend des journaux, des babioles en plastique, des cigarettes, des billets de loterie, et c’est surtout cela que les clients viennent acheter, mus par ce sentiment de pensée magique qui hante ceux qui n’ont plus rien à quoi s’attendre. Soixante, soixante-dix ans tout au plus, je n’ai jamais Continuer la lecture#40 jours #09 | Deodata

#40 jours #08 | portes donnant sur la ville

La station de la Praça do Comércio débouche sur un chantier, sol de terre jauni, grillages, blocs de ciment bloquant la circulation routière, à droite, la gare fluviale où les départs pour ceux qui habitent sur l’autre rive se font toutes les dix minutes. Néanmoins, tout le monde est pressé, court en constante agonie vers les portes qui donnent accès Continuer la lecture#40 jours #08 | portes donnant sur la ville

#40 jours #07| La descente vers

Sitôt sorti de la gare, le train de banlieue laisse derrière lui les panneaux de mosaïques occultistes de Lima de Freitas et s’engouffre dans un tunnel long d’une minute. Soixante secondes d’un paysage de fer et de pierre, suintant d’humidité même par la journée la plus chaude. Des ouvriers, casque jaune, y travaillent constamment, avancent avec désinvolture, tels des funambules, Continuer la lecture#40 jours #07| La descente vers

#40jours #06 | des cartes pour se perdre

Plan du métro de Londres, quel bonheur ! Le inner circle en forme de bouteille bien dessiné en rouge. Suivre le parcours monotone et circulaire de Hilary Burde, le personnage caverneux créé par Iris Murdoch, dans A Word Child, un pantin rongé par le remords, parcourant en boucle les vingt-sept stations du métro londonien dans ce qu’il a de plus Continuer la lecture#40jours #06 | des cartes pour se perdre

#40jours #05 | l’endroit

On y vient soit par nécessité soit par erreur. De loin, cela ressemble à un établissement thermal, mais sur le gazon devant l’entrée, il y a un bloc de pierres avec une inscription qui illumine « Un avenir fait de beaucoup de passés ». Les portes en verre s’ouvrent automatiquement au passage de ceux qui franchissent le seuil. Un grand hall Continuer la lecture#40jours #05 | l’endroit

#40jours #04 | le sol dans tous ses états

Sol luisant sous la pluie, taches liquides où la platitude a cédé au vertige du temps, flaques d’eau dont on se dévie (Ah, être encore enfant et y plonger ses pieds sans peur du lendemain !) Soleil réfléchi sur la blancheur des blocs de pierres, sol éventré, d’où émanent des puanteurs profondes, boursouflé et meurtri par les racines des arbres qui Continuer la lecture#40jours #04 | le sol dans tous ses états

# 40 jours #03 | Rua dos Açores – trois fois

À Lisbonne, rue longue, étroite, aux gros pavés gris, façades en azulejo du début du 20ème siècle, un matelas deux personnes étalé sur l’un des balcons en fer forgé. Un seul immeuble datant des années 40, tout en pierres, trois étages, vérandas. Homme en bleu montant la rue, les yeux rivés sur le trottoir, sac sur l’épaule droite. Un garagiste Continuer la lecture# 40 jours #03 | Rua dos Açores – trois fois

#40 jours #02 | La vie des autres

Il arrive tous les matins sur la terrasse de l’appartement d’en face, un bol de café dans une main, une assiette et quelquefois un livre dans l’autre. Entouré par deux chats, l’un noir et blanc, l’autre d’une couleur indécise, il s’assied par terre ou alors sur le petit muret qui entoure la terrasse. Il regarde le ciel, boit une gorgée Continuer la lecture#40 jours #02 | La vie des autres

#40 jours #01 | c’est triste

Je vis sur un petit plateau sur l’une des collines de la ville. Un plateau c’est plat, facile pour marcher sans s’essouffler, se déplacer, faire les courses, s’arrêter pour dire bonjour aux voisins, aux commerçants, aux amis. Quand j’en sors, je le fais à contre-cœur, surtout si c’est pour aller vers la droite, vers l’école où je travaille, à contre-cœur Continuer la lecture#40 jours #01 | c’est triste