A propos de Helena Barroso

Je vis à Lisbonne, mais il est peut-être temps de partir à nouveau et d'aller découvrir d'autres parages. Je suis professeure depuis près de trente ans, si bien que je commence à penser qu'autre chose serait une bonne chose à faire. Je peux dire que déménagement me définirait plutôt bien.

#40jours #20 | donnez, s’il vous plait

à bon donneur toujours on remercie, donne grand, donne petit, donne large, donne profond, donne ras, donne partout, donne pas, donne sur, donne dans, donne en couleur si tu peux, donne en vers, donne confit, donne comme si jamais plus, donne à fond, donne toi, donne ta chemise, donne ta peau, donne ton sang, donne ta vie, donne pourquoi, donne Continuer la lecture#40jours #20 | donnez, s’il vous plait

#40 jours #19 | les hirondelles

Avril. Attentes prolongées et successives aux urgences hospitalières. Bien-sûr, je pourrai écrire sur cela ; c’est vif et tout chaud de sensations et de souvenirs. Un enclos temporel qui nous projette d’un grand coup de pied loin de toutes nos somnolences routinières. Mais cette attente n’a que très peu de mots qui puissent la définir : angoisse, gros poids sur le cœur, Continuer la lecture#40 jours #19 | les hirondelles

#40 jours #18 | le chemin du passé

Le chemin de retour est chargé de souvenirs. Parfois ce sont des propos anodins qui s’incrustent comme une rengaine agaçante dans la mémoire « Tiens, regarde, les jours rallongent », avait-on dit, en observant la lumière de janvier s’attardant sur les branches des arbres du bord de la route. On se souvient de l’intonation joyeuse avec laquelle elle avait été prononcée et Continuer la lecture#40 jours #18 | le chemin du passé

#40jours #17 | précisément là

Elle est à demi couchée sur un blanc public, le dos appuyé sur son sac à dos qui lui sert de coussin, les pieds allongés sur la pierre. Sa peau, qui a dû être très blanche, est tannée par le soleil ; sur sa tête, un foulard aux rayures noires, rouges et jaunes laisse échapper une mèche de cheveux blonds. Continuer la lecture#40jours #17 | précisément là

#40jours #16 | la carte de la ville

Ma ville d’étudiante est bien différente de celle d’aujourd’hui. Je n’avais pas de maison à moi, je passais mes journées dans la rue ou dans les cafés quand je séchais les cours. Mon café habituel était celui qui se trouvait tout près de la chambre que j’occupais à l’époque et d’où me chassait le regard fermé de la logeuse au Continuer la lecture#40jours #16 | la carte de la ville

#40 jours #14 | la boîte-repas

Il est assis à la table de la cuisine, sa grande tasse de café à moitié pleine devant lui, un couteau, une serviette en papier, une assiette avec juste quelques miettes de pain qu’il fera glisser dans la poubelle, essayant de n’en laisser tomber aucune. Il regarde, posée sur la chaise à côté de lui, sa boîte-repas, vide, soigneusement lavée Continuer la lecture#40 jours #14 | la boîte-repas

#40 jours # 13 | les grands bleus invisibles

Ce n’est qu’une petite tache bleue, presqu’imperceptible au premier regard. Mais une autre la rejoint sur la peau blanche, s’élargit en tons gris-violet sur les bords. Entretemps. Les feuilles blanches aux caractères noirs circulent d’une machine à l’autre, s’accumulent sur les étagères des gens aux yeux fermés. Les petites taches bleues ont le temps de s’évanouir, devenir jaune-perle, absorbées par Continuer la lecture#40 jours # 13 | les grands bleus invisibles

#40 jours #12 | pièces déconnectées

Un jour, elle a dit à quoi bon et s’est laissé traverser par la vie, à peine le temps que l’on ne s’indigne pas de sa présence, que l’on n’ait pas peur d’elle, qu’elle ne redevienne pas comme les autres. Ravalée, propre, risible, prête à se vendre. Oh, il ne faut pas être sorcier pour deviner que la vie est Continuer la lecture#40 jours #12 | pièces déconnectées

#40 jours #11 | la ville inconnue

Il suffit de tourner au mauvais endroit et je ne reconnais plus la ville. Ces rues, où se passent-elles ? Couloirs obscurs d’où le soleil en éclipse s’est détourné faute d’espace, façades sombres qui tombent à pic sur les trottoirs étroits faits pour marcher derrière la silhouette qui est devant. J’y avance en rêve, comme dans une maison qui ne m’appartiendrait Continuer la lecture#40 jours #11 | la ville inconnue