A propos de Helena Barroso

Je vis à Lisbonne, mais il est peut-être temps de partir à nouveau et d'aller découvrir d'autres parages. Je suis professeure depuis près de trente ans, si bien que je commence à penser qu'autre chose serait une bonne chose à faire. Je peux dire que déménagement me définirait plutôt bien.

#40 jours #26 | ébauches

Un jour, il était là comme d’habitude, dans son fauteuil en bois, vociférant, pendant qu’il ruminait ses pensées, puis, du jour au lendemain, plus personne, le fauteuil tout seul sur le trottoir, prêt pour la poubelle qui s’est bien gardée de le prendre car trop gros pour rentrer dans l’orifice préréglé du camion. Elle n’est pas sûre d’avoir compris, elle Continuer la lecture#40 jours #26 | ébauches

#40 jours #25 | pas se faire des histoires

La terre remuée. Du sable imprégné d’huile sur l’asphalte. Le flanc chauve de la colline. La mansarde à ciel ouvert. Un chien égaré flaire le sol. L’eau immobile. Des fleurs. Fraiches. Fanées. Fraiches. Fanées. Fanées. Des fleurs en plastique blanc. Un poteau électrique cerclé d’un anneau de fer. Des roues passent exactement à cet endroit. L’épicier compose sa devanture avec Continuer la lecture#40 jours #25 | pas se faire des histoires

#40jours #24 | qui regardait les oiseaux

En peu de semaines, Manuel dos Santos, 66 ans, retraité, passant ses journées assis sur un banc du Jardim da Estrela, en compagnie de son ami, José Gonçalves, 70 ans, retraité comme lui, sait tout sur les perruches vertes. Perruches à collier, comme il l’a appris, ou psittacula kremeri, de leur nom scientifique. De l’observation directe, au sens strict du Continuer la lecture#40jours #24 | qui regardait les oiseaux

#40 jours #23 | la pointe des corbeaux

Je pars de la grande place et me dirige vers le sud. A partir de là, puis-je choisir ma route ? Je traverserai ce qui se présentera sur mon chemin, êtres et choses, tout ce qui est en perpétuel mouvement, l’immobilité est cause de souffrance, voitures, vélos, motos, bus, camions, trottinettes, passants. Pas de maisons, pas d’immeubles, pas de monuments, et Continuer la lecture#40 jours #23 | la pointe des corbeaux

#40jours #22 | la collectionneuse d’habitudes

Tous les jours à intervalles plus ou moins réguliers, les tramways jaunes trainent leur lourdeur métallique sur des rails qui déchirent les pavés, à l’intérieur, des visages au regard de poisson triste collés aux fenêtres, une sonnette hystérise leur passage; une fois par semaine l’aiguiseur de couteaux leur répond par deux notes agonisantes sur son vélo équipé d’outils d’où giclent Continuer la lecture#40jours #22 | la collectionneuse d’habitudes

#40jours #21 | déplacer le regard

Je place stratégiquement des miroirs sur le sol de façon qu’ils réfléchissent le ciel et les nuages. Pour tous ceux qui regardent constamment vers le bas, les fatigués, les angoissés, les anxieux, les endormis, les indifférents ou habitués aux miracles. Si, par la même occasion, ils aperçoivent leur visage réfléchi dans le miroir, cela sera peut-être une raison de plus Continuer la lecture#40jours #21 | déplacer le regard

#40jours #20 | donnez, s’il vous plait

à bon donneur toujours on remercie, donne grand, donne petit, donne large, donne profond, donne ras, donne partout, donne pas, donne sur, donne dans, donne en couleur si tu peux, donne en vers, donne confit, donne comme si jamais plus, donne à fond, donne toi, donne ta chemise, donne ta peau, donne ton sang, donne ta vie, donne pourquoi, donne Continuer la lecture#40jours #20 | donnez, s’il vous plait

#40 jours #19 | les hirondelles

Avril. Attentes prolongées et successives aux urgences hospitalières. Bien-sûr, je pourrai écrire sur cela ; c’est vif et tout chaud de sensations et de souvenirs. Un enclos temporel qui nous projette d’un grand coup de pied loin de toutes nos somnolences routinières. Mais cette attente n’a que très peu de mots qui puissent la définir : angoisse, gros poids sur le cœur, Continuer la lecture#40 jours #19 | les hirondelles

#40 jours #18 | le chemin du passé

Le chemin de retour est chargé de souvenirs. Parfois ce sont des propos anodins qui s’incrustent comme une rengaine agaçante dans la mémoire « Tiens, regarde, les jours rallongent », avait-on dit, en observant la lumière de janvier s’attardant sur les branches des arbres du bord de la route. On se souvient de l’intonation joyeuse avec laquelle elle avait été prononcée et Continuer la lecture#40 jours #18 | le chemin du passé

#40jours #17 | précisément là

Elle est à demi couchée sur un blanc public, le dos appuyé sur son sac à dos qui lui sert de coussin, les pieds allongés sur la pierre. Sa peau, qui a dû être très blanche, est tannée par le soleil ; sur sa tête, un foulard aux rayures noires, rouges et jaunes laisse échapper une mèche de cheveux blonds. Continuer la lecture#40jours #17 | précisément là