A propos de Helena Barroso

Je vis à Lisbonne, mais il est peut-être temps de partir à nouveau et d'aller découvrir d'autres parages. Je suis professeure depuis près de trente ans, si bien que je commence à penser qu'autre chose serait une bonne chose à faire. Je peux dire que déménagement me définirait plutôt bien.

#photofictions #02 | photos de la vie proche

J’observe les bouts de vie que l’on jette ; des carrés de moquette poussiéreux, tachés de gestes maladroits, des tiroirs orphelins, des plantes qui n’ont pas résisté à l’indifférence ou à l’oubli, une bassine en émail bleue, rouillée sur les bords. Une femme s’approche, retire de cette masse hétéroclite un tas de feuilles délavées et les lance rapidement dans la poubelle Continuer la lecture#photofictions #02 | photos de la vie proche

photofictions # 01 | l’oiseau avant de tomber

Cinq ou six élèves attendaient dans l’une des cours du lycée leur première classe de photo. Qui était avec moi ce jour-là ? Abdallah, qui faisait rire tout le monde et qui lui-même était toujours en train de rire ? Nathalie, sans doute, Sandrine, et peut-être Agnès, avec qui je faisais un bout de chemin de retour après les classes. On se séparait Continuer la lecturephotofictions # 01 | l’oiseau avant de tomber

#40jours #39 | le pull rouge

Je marche sur mon enfance comme sur un terrain marécageux à la recherche de points d’appui qui m’empêcheraient de m’enliser. Je sais pourquoi. Mais en parler deviendrait juste des mots posés sur du papier, je préfère donc fixer mon attention sur le pull rouge, placé un mois à l’avance sur le dos de l’unique chaise de la chambre, dans l’attente Continuer la lecture#40jours #39 | le pull rouge

#40jours #double | entre et vois

Tu sais que si tu y entres ce sera comme si tu y avais toujours vécu et que leur vie deviendra la tienne. Aucune surprise, aucune découverte, si ce n’est le faible tremblement que la nuit apporte au jour. Si tu y entres, le portail sera toujours fermé, quelle que soit ton envie de partir, et tes pas parcourront les Continuer la lecture#40jours #double | entre et vois

#40 jours # 38 | mes limites en 466 mots

Elle mit longtemps à devenir ma ville. En synecdoque, ce fut d’abord une longue avenue, ancienne rivière devenue fleuve de verdure, quatre larges trottoirs, deux extérieurs et deux autres se dépliant sous l’ombre des arbres, vieux magasins, la statue de l’homme en pierre déversant continuellement de l’eau dans un bassin qui ne se remplit jamais, immeubles aux balcons dentelés, effrités Continuer la lecture#40 jours # 38 | mes limites en 466 mots

#40 jours #37 | revenir

Cette année-là, je n’étais qu’une passante sur les lieux d’autrefois. Celle qui y a vécu, longtemps avant, voyait les jours s’accrocher aux jours suivants et à ceux d’après sans savoir encore qu’elle allait partir. Les rues, les arbres, les maisons, le manoir à l’entrée du chemin vert nuançaient leur sens selon ses angoisses et le rythme lent des saisons. Leurs Continuer la lecture#40 jours #37 | revenir

#40jours #34 | les voix transparentes

Dans l’appartement qui avait appartenu à ses parents et qui était devenu le sien, elle connaissait chaque recoin, avait apprivoisé le bruit des boiseries rabougrissant sous la chaleur de l’été, le sifflement du vent du nord s’infiltrant par les rainures des fenêtres ; même les pas des voisins du dessus se déplaçant d’une pièce à l’autre lui étaient devenus familiers, comme Continuer la lecture#40jours #34 | les voix transparentes

#40 jours #33 inquiétude et effroi

Elle déverse sur des bouts de papier tous les malheurs du monde. Elle enfouit ses terreurs dans les fentes du mur de pierre pour alléger son cœur. Elle écrit ce que son cœur ne peut plus supporter.* L’horreur amoncelée qui glisse dans l’indifférence. Inquiétude. L’insouciance de ceux qui croient que le monde s’arrête pour leur faire plaisir. Inquiétude. Les consciences Continuer la lecture#40 jours #33 inquiétude et effroi

#40 jours #32 | villes imparfaites

Ville poisseuse et glauque sous un soleil malade ; ville empestant la bière et le vomi ; ville prison, lourde de mort ; ville labyrinthe, idéale pour les meurtres et les vengeances ; ville enlisée dans la boue de l’hiver, où invraisemblablement tout le monde se connait et se rencontre, ville aux troquets remplis de bière et d’informations malveillantes ; ville souterraine où l’on boit Continuer la lecture#40 jours #32 | villes imparfaites

#40 jours #31 sous le choc

Ce qu’il y a derrière moi s’efface comme un chemin qui se referme, l’oubli fait disparaître les lauriers de la grille bleue, comme la pluie dilue les traces d’un crime, on marche avec la certitude de ce qui s’est passé ne troublera en rien l’équilibre du monde, on marche en accumulant les paysages, les villes, les enseignes colorées, les trottoirs Continuer la lecture#40 jours #31 sous le choc