- Welcome home, de Lucia Berlin, une autobiographie faite à partir de toutes les maisons où elle a vécu. Impossible d’en oublier quelques-unes, celle construite sur une plage, toute en bois, haute comme une cathédrale, sans murs, au sol de sable blanc jonché de scorpions qu’il fallait chasser tous les matins. Terrible l’histoire qu’elle fait s’y dérouler.
- C’est kitsch, mais je le dis quand même. La maison où je vis, un sixième étage perché sur une colline, m’a choisie pour y vivre. J’ai tout fait pour l’en dissuader, mais elle a été plus tenace que moi. Aujourd’hui je trouve qu’elle avait raison.
- Je n’ai jamais vécu dans une autocaravane, je n’en ai visité aucune, mais j’ai inventé une histoire sur quelqu’un qui abandonne tout pour vivre dans un de ces engins mobiles, comme il les appelle. Je l’ai équipé comme bon me semblait et me suis amusée tout un été à imaginer une vie de nomade. Rencontres, mésaventures, dilemmes moraux. J’ai laissé l’engin et son occupant dans un gîte de montagne en plein hiver.
- Vivre et habiter ? Différence ? Peut-on vivre dans une maison sans jamais y habiter ? On peut en tout cas habiter dans une maison sans y vivre.
- Il y a une maison où je reviens souvent.
- J’ai vécu dans une maison près de la mer pendant un an et demi. Je n’ai jamais eu autant d’amis qu’en cette période-là.
- Etudiante, je vivais dans des chambres louées, comme la plupart des étudiants. J’ai eu droit à un lot de logeurs et de logeuses intéressant. Ceux qui ne pouvaient pas voir un grain de poussière dans les infimes mètres carrés que je louais, ceux qui estimaient que je devais leur faire compagnie, celle qui a balancé mon parapluie dans l’eau sale de la baignoire, ceux qui me volaient de l’argent, ceux qui me faisaient voir très rapidement que j’étais de trop et qu’il valait mieux que j’aille faire un tour pour me distraire les idées, ce que je faisais volontiers.
- Je vis parfaitement bien dans le vide. Ce n’est pas vrai.
- Je rêve souvent que je pénètre dans un lieu qu’autrefois j’ai habité. Malaise et peur d’être surprise par les nouveaux occupants.
- Près de chez moi, plus précisément à l’entrée du supermarché, il y a l’homme qui lit. Il raconte sa vie par bribes, entre deux commentaires sur les lectures qui l’intéressent, l’Histoire et la philosophie. Je lui demande s’il a un endroit pour vivre, il dit que oui, un endroit abrité, avec un toit ? Oui. Il a aussi un réchaud.
- Les sans-abri vivent au ras du sol, les retraités sur les bancs publics.
#anthologie #12 | Une mer, trois villes
La première fait éclater sur la méditerranée ses surplombs orientaux, c’est Syracuse la tant aimée, aucune trace dans la mémoire, hormis son nom résonnant tranquille dans l’enclos de ses murailles, Syracuse la fantastique, dressée contre un horizon lointain de batailles et de guerres, un mythe inachevé, Syracuse. La deuxième surprend, on peine à se frayer un chemin parmi les rues Continuer la lecture#anthologie #12 | Une mer, trois villes