A propos de Helena Barroso

Je vis à Lisbonne, mais il est peut-être temps de partir à nouveau et d'aller découvrir d'autres parages. Je suis professeure depuis près de trente ans, si bien que je commence à penser qu'autre chose serait une bonne chose à faire. Je peux dire que déménagement me définirait plutôt bien.

#L6 Trois îlots de solitude

Mais elle ne peut s’empêcher d’y penser. En allant barricader les portes et les fenêtres de derrière, elle jette à nouveau un coup d’œil sur la pelouse de la maison de ses voisins, où une balançoire toute neuve a fait son apparition quelques jours plus tôt. Pourquoi avoir déraciné deux beaux pins pour lui faire de la place ? Ils n’ont Continuer la lecture#L6 Trois îlots de solitude

#P6 Sept jours

Dimanche – J’ai horreur de conduire, j’essaie donc de ne pas trop accélérer, de me maintenir le plus possible sur ma droite, de dépasser juste quand il le faut et de fixer mon attention sur ce qui se passe autour de moi, les plaques d’immatriculation par exemple, les nouvelles, sans date, les anciennes, les étrangères, les nationales.  Beaucoup de retours Continuer la lecture#P6 Sept jours

#P5 Les mots que je n’ai pas voulu dire les choses que je n’ai pas voulu faire

J’ai quelquefois perdu le contrôle de moi-même, mais si j’essaie de reconstituer ces moments atroces, cela ne sera jamais la même chose, parce que quand la tête est dévissée du corps on ne pense à rien d’autre qu’à la remettre au bon (mauvais ?) endroit pour que cela ne se reproduise plus. On y engage tellement d’énergie qu’on oublie le processus Continuer la lecture#P5 Les mots que je n’ai pas voulu dire les choses que je n’ai pas voulu faire

#L5 L’image déchirée que l’on a de soi-même

Inutile de dire que c’était un moment de folie, que les actes pratiqués appartenaient à un autre, parce que depuis longtemps les démons se pressaient contre les tempes, grouillaient dans les veines, s’emparaient du corps comme d’une charogne qui déjà transperçait la cuirasse de laine, gagnait sauvagement du terrain dans la fourmilière de l’inévitable. C’était pourtant un chemin qui paraissait Continuer la lecture#L5 L’image déchirée que l’on a de soi-même

#P4 Amusement en forme d’histoire. Quelle histoire ?

D’amour où le « quelle » s’accroche à « histoire » pour toujours. Une histoire poignante par exemple, ou insolite, surprenante. Une histoire de stalagmites et stalactites, sans nul doute, où l’eau se transforme en pierre. Non, pas question, ce serait trop long ! Peut-être l’histoire d’un oiseau de proie, ou d’un homme las, un homme entre deux eaux, voilà, un homme pas du tout Continuer la lecture#P4 Amusement en forme d’histoire. Quelle histoire ?

#L4 « Selon la vie qu’on a, le vers lui emboîte le pas »

Vers d’Alexandre O’Neill, un poète portugais. On pourrait d’abord penser en lisant ses poèmes qu’il porte un regard particulier sur la ville, mais c’est de tout autre chose qu’il parle. C’est un rire en ricochet, poésie en trompe l’œil. Plus on lit, plus on lit autrement (« Défais-toi de ces rimes qui si bien terminent, brioches des sots, tords-leur le Continuer la lecture#L4 « Selon la vie qu’on a, le vers lui emboîte le pas »

#P3 Pain

Pain tout juste sorti du four déblayé de braises, il laisse les doigts teintés de cendre. Pain béni par la croix qui le divise en quatre. Il craque sous la lame du couteau, s’éventre et se transforme en tranches blanches ; pour chacune un office. Il en revient à elle de le répartir. La plus grosse part pour celui qui Continuer la lecture#P3 Pain

#L3 | Un mur et quatre secondes

Pour ses enfants, le mur sur lequel donnent les fenêtres de son salon est une entrave à leurs aspirations de vendre la maison plus cher. Pour elle, ce mur est l’écran où vient se poser son regard oisif. Il est recouvert par endroits de ciment qui tourne au noir, fruit d’une humidité que les jours d’été n’arrivent pas à faire Continuer la lecture#L3 | Un mur et quatre secondes

Ce qu’elle ne saura jamais?

Marie, Je ne t’écris pas, bien sûr. J’écris pour moi, en désespoir de cause. Ce sera ma dernière lettre que j’ajouterai à toutes celles que j’ai déjà écrites. Puis je repartirai, si cela m’est possible, vers d’autres horizons. Irrespirables cet endroit, cette ville, cet appartement. J’ai marché sur tes pas pendant trop longtemps, j’ai essayé en vain de comprendre, ai Continuer la lectureCe qu’elle ne saura jamais?

Accumulation des jours

Tous les moments où on a voulu être ailleurs épinglés, la liste de toutes les fêtes pour rire, les invitations qu’on n’a pas osé décliner, noms sans visage sur les vieux agendas, rendez-vous manqués, numéros périmés, l’écriture que vous ne reconnaissez pas est pourtant la vôtre, mots décalés des pensées, vivre au jour le jour, un jour à la fois Continuer la lectureAccumulation des jours