A propos de Helene Gosselin

Un peu de sociologie de l'imaginaire, quelques années de journalisme à Montpellier. Mise au vert en Lozère. Venue ici par un heureux concours de circonstances. M'y accroche. Dévide, fouille, cherche sous les doigts.

#P7 La hêtraie

La bande grise découpe une ligne droite sur plusieurs mètres avant de marquer un virage serré vers la droite. La route a été creusée dans la hêtraie, fracture horizontale dans la verticalité végétale. Le ciel, d’une clarté qui vire au blanc, forme en miroir un ruban au-delà des frondaisons, grignoté de part et d’autre par les branches incurvées se rejoignant Continuer la lecture#P7 La hêtraie

#L6 Etre seule n’est pas se sentir seule

La femme aux pieds nus Elle a préféré attendre que M. ait refermé la porte derrière elle pour ouvrir les yeux. Pas envie de parler ce matin. Ça lui prend de temps en temps, ce besoin d’être en soi, de suivre son fil de rêve, les idées qui ont tourné dans la nuit. Un besoin tel que le moindre mot Continuer la lecture#L6 Etre seule n’est pas se sentir seule

#P6 Les enfants me tiennent par la main

Dimanche Deux adolescents, un garçon et une fille, discutent dans un renfoncement de la véranda. Ils tentent de s’éloigner le plus possible de sa mère et sa grand-mère à elle. Ils parlent à toute vitesse, s’entrecoupent, se précipitent pour en dire le plus possible dans le peu de temps qui leur est imparti. Ils se sont rencontrés hier et se Continuer la lecture#P6 Les enfants me tiennent par la main

#L5 Faire surgir la beauté des cadavres

La forme couchée sous les buis, drapée de blanc, est un rocher à fleur d’herbes. Elle émerge à peine. Les plis assombris, les collines tendues, lui évoquent la statue d’une femme qu’il a vu dans l’un des livres de la bibliothèque, une femme menue, fragile, d’un blanc immaculé, qui couvre sa tête et son dos d’une étoffe, pour se protéger Continuer la lecture#L5 Faire surgir la beauté des cadavres

#P5 La peau comme seul rempart à la dilution

Le corps n’est pas là où je le pense. La trahison de la sensation me cloue. Mes pieds ne sont pas où je les sens. Cette prise de conscience me submerge, me cloue, m’ahurit. Je tente de faire bouger mes doigts, l’afflux percute le vide. A côté. Enfermée dans cet état de démembrement. Mon corps expulse toute substance, mon estomac Continuer la lecture#P5 La peau comme seul rempart à la dilution

#L4. N’en garder que dix. Sentimenthèque

De Pierre Boule, La Planète des singes. La dernière page. Je vois bien que c’est la dernière page, qu’il n’y a plus rien. Ce n’est pas possible, on ne peut pas me laisser là. Je panique, le souffle me manque, je suis terrorisée. De Jules Verne. Le Phare du bout du monde. Livre coupable, jamais rendu au CDI du collège. Continuer la lecture#L4. N’en garder que dix. Sentimenthèque

#P4 Bon courage !

Bon courage ! Quand François Bon l’a glissé à la fin de sa consigne, j’ai souri. Une aubaine. Un bonbon. Une friandise livrée là. Non vraiment, il va en falloir du courage pour arriver au bout de ces quelques lignes soporifiques. J’ai eu bien du mal mais j’ai pris mon courage à deux mains et voilà… Je me lance… Non non Continuer la lecture#P4 Bon courage !

#L3 Les oiseaux aux poils trop longs ne peuvent pas voler

Cette fois pas de filtre, pas de lentille, pas de viseur pour cadrer, je veux voir la réalité à l’œil nu, tout imprégner dans ma rétine. Je n’aurais pas pensé que je me sentirais si vulnérable sans mon appareil photo. C’est qui celle-là ? Une colporteuse ? Une vendeuse de tupperwares ? De soutien-gorge ? Non elle n’en a pas l’allure, ce mélange de Continuer la lecture#L3 Les oiseaux aux poils trop longs ne peuvent pas voler

#P3 | C’est fabuleux les pommes de terre !

C’est bien pratique les pommes de terre, on peut en faire à toutes les sauces, de toutes les manières. Classique incontournable sur les tables de ma mère et ma grand-mère qui n’ont pour la cuisine aucun penchant. Chez nous on prépare les repas, on mâche, on digère parce qu’il faut bien manger pour vivre.   Elles m’ont légué le goût Continuer la lecture#P3 | C’est fabuleux les pommes de terre !

#L2 Ce qu’elle ne sait pas… une inhumation

A ses pieds soudainement, un bataillon de fourmis s’affole. Elles lui grimpent sur les orteils, glissent sur le vernis coquelicot, entrent dans une danse frénétique sans cohérence apparente. Le message d’alerte leur est parvenu, de proche en proche, comme une contagion à grande vitesse. Le jardinier vient de donner un grand coup de pioche, de lacérer la chair molle et Continuer la lecture#L2 Ce qu’elle ne sait pas… une inhumation