A propos de Gilda Gonfier

Conteuse, paysanne, sauvage. Voir son site 365 oracles.

#été2023 #06bis | L’inflammation

Toutes les maladies, tous les symptômes dont nous pouvions souffrir, ma sœur Guylaine et moi, étaient attribués par notre mère à l’inflammation. Rosine ne connaissait qu’un seul et unique diagnostic : « tu as l’inflammation Ornella ». Elle soignait notre feu avec des tisanes dont la fonction était de nous rafraîchir. Si les tisanes n’arrivaient pas à bout du mal, à bout Continuer la lecture#été2023 #06bis | L’inflammation

#été2023 #06 | L’orgueil des Cinabre

Violetta avait gagné le combat contre la pauvreté. Elle entretenait avec plaisir la légende qui voulait qu’elle ait payé ses études de pharmacie à force de vendre des bouteilles consignées. Elle laissait colporter avec orgueil ses astuces pour économiser de l’argent et cultivait soigneusement sa réputation d’être pingre et avare.Sa grande villa avec piscine perchée en haut d’un morne alignait Continuer la lecture#été2023 #06 | L’orgueil des Cinabre

#Outils du roman #02 Féfé

Du dehors Tonton Odilon faisait preuve de cruauté. Le chaton miaulait de terreur dans les tiges d’Atoumo. Guylaine était allée chercher un sabre pour couper l’entrelacs de branches et libérer le chaton apeuré de la prison où il s’était réfugié par peur du chien qui gardait la maison. Tonton Odilon lui avait hurlé : personne ne touche mon sabre. On Continuer la lecture#Outils du roman #02 Féfé

#outils du roman #01 | Dresser les chiens

La gare routière est encadrée par deux barres d’immeubles qui des années plus tard seraient détruites par la rénovation urbaine. Dans la chaleur humide de l’après-midi du 13 octobre 1994, Madeleine Cinabre retourne chez sa mère, à Bergette, par le car de Léogane qui quitte Pointe-à-Pitre à 17h. Elle est grande et mince, la peau très sombre. Elle revient de Continuer la lecture#outils du roman #01 | Dresser les chiens

#été2023 #05bis | Prune

Madeleine. Sa mère a dit « ma fille Madeleine va venir me chercher ». Elle avait froid. Je n’ai pas osé au début lui prêter mon blouson d’agent d’escale. Nous avons attendu Madeleine. Je l’avais prise en charge dès la sortie de l’avion. Je l’avais aidé à s’asseoir dans la chaise roulante. Elle était un petit oiseau tout maigre sans manteau, juste Continuer la lecture#été2023 #05bis | Prune

#Eté2023 #05 Après le tournant

Le cercueil réfrigéré est au milieu du salon de la maison du Petit-Bourg à Bergette. Les hommes en noir l’ont installé ce matin pour la présentation du corps et nous devrons ma sœur et moi veiller notre mère jusqu’à demain matin. Ils ont cherché seuls la prise électrique où brancher la machine. Guylaine sans un mot a fini par leur Continuer la lecture#Eté2023 #05 Après le tournant

#été2023 #04bis | Terre battue

1 – Dans la nuit de samedi à dimanche j’ai dansé le gwoka. J’ai dansé toute la nuit dans le lewoz de Philippe Badine. Il possède un restaurant qu’il a baptisé le Mahogany parce que le petit ajoupa qu’il y a planté pour recevoir ses clients à ses débuts, était adossé à un Mahogany. Ce qui a commencé comme une Continuer la lecture#été2023 #04bis | Terre battue

#été2023 #04 | Je ne suis pas tombée

J’ai toujours aimé les transports en commun. Tous ces gens étrangers à eux même, embarqués ensemble dans cette machine qui berce jusqu’à vous endormir parfois. Dans un moment suspendu entre un lieu et un autre, une vie et une autre, il y a tellement de portraits, des morceaux de vie. Une femme et ses enfants. Un vieux monsieur qui compte Continuer la lecture#été2023 #04 | Je ne suis pas tombée

#été2023 #03bis | Gwoka

4 au minimum. Avec 2, ou 3 ce ne serait pas pareil. Ce serait autre chose. Personne à ma connaissance n’a décrit la danse gwoka comme un jeu. Si je devais me tenir devant une assemblée et l’expliquer, les mots se bousculeraient pour sortir de ma bouche, comme les pensées pour sortir de ma tête, tout dans le même temps. Continuer la lecture#été2023 #03bis | Gwoka

#été2023 #03 | Prunes café et goyaves vertes

Comme je le disais, ma mère nous laissait quasi nues ma sœur et moi. Les enfants jouaient, garçons en slip et fillettes en culotte, dans la campagne de Bergette, encore au milieu des années 70. Ils couraient dans les chemins en tuf pour cueillir des goyaves et des mangues quand c’était la saison. Ils n’avaient pas peur des bœufs qui Continuer la lecture#été2023 #03 | Prunes café et goyaves vertes