A propos de Gilda Gonfier

Conteuse, paysanne, sauvage. Voir son site 365 oracles.

#outils du roman #01 | Dresser les chiens

La gare routière est encadrée par deux barres d’immeubles qui des années plus tard seraient détruites par la rénovation urbaine. Dans la chaleur humide de l’après-midi du 13 octobre 1994, Madeleine Cinabre retourne chez sa mère, à Bergette, par le car de Léogane qui quitte Pointe-à-Pitre à 17h. Elle est grande et mince, la peau très sombre. Elle revient de Continuer la lecture#outils du roman #01 | Dresser les chiens

#été2023 #05bis | Prune

Madeleine. Sa mère a dit « ma fille Madeleine va venir me chercher ». Elle avait froid. Je n’ai pas osé au début lui prêter mon blouson d’agent d’escale. Nous avons attendu Madeleine. Je l’avais prise en charge dès la sortie de l’avion. Je l’avais aidé à s’asseoir dans la chaise roulante. Elle était un petit oiseau tout maigre sans manteau, juste Continuer la lecture#été2023 #05bis | Prune

#Eté2023 #05 Après le tournant

Le cercueil réfrigéré est au milieu du salon de la maison du Petit-Bourg à Bergette. Les hommes en noir l’ont installé ce matin pour la présentation du corps et nous devrons ma sœur et moi veiller notre mère jusqu’à demain matin. Ils ont cherché seuls la prise électrique où brancher la machine. Guylaine sans un mot a fini par leur Continuer la lecture#Eté2023 #05 Après le tournant

#été2023 #04bis | Terre battue

1 – Dans la nuit de samedi à dimanche j’ai dansé le gwoka. J’ai dansé toute la nuit dans le lewoz de Philippe Badine. Il possède un restaurant qu’il a baptisé le Mahogany parce que le petit ajoupa qu’il y a planté pour recevoir ses clients à ses débuts, était adossé à un Mahogany. Ce qui a commencé comme une Continuer la lecture#été2023 #04bis | Terre battue

#été2023 #04 | Je ne suis pas tombée

J’ai toujours aimé les transports en commun. Tous ces gens étrangers à eux même, embarqués ensemble dans cette machine qui berce jusqu’à vous endormir parfois. Dans un moment suspendu entre un lieu et un autre, une vie et une autre, il y a tellement de portraits, des morceaux de vie. Une femme et ses enfants. Un vieux monsieur qui compte Continuer la lecture#été2023 #04 | Je ne suis pas tombée

#été2023 #03bis | Gwoka

4 au minimum. Avec 2, ou 3 ce ne serait pas pareil. Ce serait autre chose. Personne à ma connaissance n’a décrit la danse gwoka comme un jeu. Si je devais me tenir devant une assemblée et l’expliquer, les mots se bousculeraient pour sortir de ma bouche, comme les pensées pour sortir de ma tête, tout dans le même temps. Continuer la lecture#été2023 #03bis | Gwoka

#été2023 #03 | Prunes café et goyaves vertes

Comme je le disais, ma mère nous laissait quasi nues ma sœur et moi. Les enfants jouaient, garçons en slip et fillettes en culotte, dans la campagne de Bergette, encore au milieu des années 70. Ils couraient dans les chemins en tuf pour cueillir des goyaves et des mangues quand c’était la saison. Ils n’avaient pas peur des bœufs qui Continuer la lecture#été2023 #03 | Prunes café et goyaves vertes

#Eté2023 #02Bis Rue Guillon Lethière

J’aurais pu tout aussi bien être projetée par un ouragan hors des côtes de l’Afrique de l’ouest pour arriver, pile, dans la case de ma mère, bordée de sandragon, de verveine blanche, de citronnelle et d’aloe vera. J’aurais 4 ans et ma soeur se moquerait de moi parce que j’aurais mis dans ma culotte (seulement parce que je n’avais pas Continuer la lecture#Eté2023 #02Bis Rue Guillon Lethière

#été2023 #02 | Rue des putes

Des plaques de couleurs découpaient l’espace blanc du hall d’entrée de l’hôtel. Le jaune d’œuf d’un mur troué en son milieu, en forme d’arcade pour donner à voir deux petites tables rondes et noires, nues et leur deux chaises assorties pour le petit-déjeuner. Le rouge pour le mur du fond devant lequel je me tiendrai dans quelques heures avec un Continuer la lecture#été2023 #02 | Rue des putes

#été2023 #01bis | Au crayon à papier

Un cahier d’écolier et une histoire abracadabrante d’organes volés. Des gens emprisonnés à qui on prendra un bras, un coeur, un rein ou un morceau du foi. L’écriture de mon journal intime se confond avec cette première tentative pour faire roman. J’ai écris au crayon à papier. Les cahiers sont dans une malle aujourd’hui et j’imagine qu’il est impossible de Continuer la lecture#été2023 #01bis | Au crayon à papier