A propos de Gilda Gonfier

Conteuse, paysanne, sauvage. Voir son site 365 oracles.

#anthologie #19 l Des images comme des rêves

Je n’avais aucune image d’Istanbul avant d’y arriver. L’impression d’irréalité persiste. Il n’y avait pas d’image avant et maintenant celles qu’il me reste en mémoire sont fragiles et commencent à se dissiper après trois semaines. Je dois faire un effort pour me souvenir. La jeune femme de l’hôtel fume la shisha. L’objet bleu tranche avec le vert du gazon synthétique Continuer la lecture#anthologie #19 l Des images comme des rêves

#anthologie #18 l Des images et des hommes

La photo d’identité Le consulat m’a indiqué l’adresse du photographe où je devrais faire mes photos.L’agent m’a déconseillé d’aller dans un photomaton à Istanbul parce que les photographies n’étaient pas aux normes françaises. J’ai l’interdiction de sourire. Je ne me maquille jamais et sur la photographie destinée à mon passeport d’urgence j’ai l’air de sortir de prison. La photo ratée Continuer la lecture#anthologie #18 l Des images et des hommes

#anthologie #17 | The welcome table

Je ne sais plus comment j’ai appris que Baldwin avait passé une dizaine d’années à Istanbul où il avait trouvé après la France un refuge. Le court métrage de Sedat Pakay « from another place » est introuvable. J’ai pu visionner un extrait de 2 minutes 38 où l’on voit le corps petit, maigre et noir de Baldwin dans un grand lit. Continuer la lecture#anthologie #17 | The welcome table

#anthologie #16 l La musique de la langue

Il tend avec insistance le plat chargé de loukoum. J’ai dit non déjà deux fois. Je suis incapable de dire non une fois de plus. Il insiste avec fermeté et je cède. Je suis assise dans le hall de l’hôtel. Je n’ose pas sortir me promener et je ne veux plus garder la chambre. Je lis Orhan Pamuk et j’essaye Continuer la lecture#anthologie #16 l La musique de la langue

#anthologie #15 l L’encre invisible

Le désir de roman… J’essaye d’expliquer à E ce que je ressens. L’idée est fragile. J’ai beaucoup de réticence à écrire comme j’en ai à voyager. J’essaye d’expliquer que je préfère lire… des romans, des récits de voyages. Je n’ai pas encore acheté un roman de Ismaël Kadaré. J’hésite entre le palais des rêves et le général de l’armée morte. Continuer la lecture#anthologie #15 l L’encre invisible

#anthologie #14 l A la faveur

À la faveur d’une bousculade à la sortie du métro l’homme (je sais que c’est l’homme qui était derrière moi et à qui j’ai demandé pardon quand j’ai perdu mon équilibre lors du trajet entre Sainte Sophie et Eminonu) m’a volé mon portefeuille. « A la faveur ». Je n’arrive pas à utiliser une autre expression. A la faveur. J’ai des tics Continuer la lecture#anthologie #14 l A la faveur

#anthologie #13 | Le désir de roman

Je suis revenue d’Istanbul et je n’ai toujours pas atterri. Un atterrissage réussi aurait été de retrouver les lieux familiers et de m’y sentir accueillie, conforme, semblable à avant. Je ne suis plus comme avant. Impossible de me sentir comme avant. Quelque chose a changé. J’ai changé. J’ignore ce qui a changé en moi. Je suis déjà partie pourtant et Continuer la lecture#anthologie #13 | Le désir de roman

#anthologie #12 l Berlin, La Havane, Istanbul

Ce sont les mêmes aéroports. Ne serait-ce la langue qui change on pourrait croire que le voyage est immobile et aucun déplacement nécessaire puisqu’on retrouve les mêmes tapis roulants, les mêmes caméras, le même contrôle pour l’embarquement, les mêmes duty free, les mêmes baies vitrées quelque soit la ville. J’ignorais qu’une rivière coupait Berlin en deux. J’ignorais que j’aurais été Continuer la lecture#anthologie #12 l Berlin, La Havane, Istanbul

#anthologie #11 l Retour à Chemin Roche

E est venu me chercher à la sortie de l’aéroport J’avais prétexté la mort de la batterie de mon téléphone et nous n’avions pas échangé un mot depuis mon départ du Grand Almira Hôtel à 3h du matin heure d’Istanbul Il savait que je pouvais la recharger dans un café, à l’aéroport, avant l’embarquement, après l’embarquement et dans les 3 Continuer la lecture#anthologie #11 l Retour à Chemin Roche

#anthologie #10 | E.

Il a cinquante-deux ans. Il est directeur financier. Il travaille beaucoup. Il aime quand c’est droit et sans erreur. Il a dix-neuf ans. Il grimpe vite les échelons de la finance. La banque est ce qu’il connaît depuis la fin de ses études. Il a trente-cinq ans. Son divorce est une transaction. Il ne cille pas quand il signe la Continuer la lecture#anthologie #10 | E.