A propos de Geneviève Flaven

Je suis née à Paris en 1969. En 2001 à Nice, j’ai fondé une agence de conseil en design puis suis partie à Shanghai pour développer mes activités. Le départ en Chine m’a mené vers l’écriture et la publication. Depuis mon retour en France en 2019, je me consacre à la création et à l’animation de projets collaboratifs de théâtre documentaire en France et dans le monde. Théâtre : The 99 project (http://www.the99project.net/ ) Blog de mes années chinoises : Shanghai confidential (https://shanghaiconfidential.wordpress.com/)

#40jours #17 | Les femmes travaillent, les hommes triomphent.

Elle avait voulu faire de la politique, changer la vie, ce genre de truc ; elle a milité, distribué des tracts le samedi matin au marché de Boulogne, rédigé des notes de synthèse sur l’aménagement du temps de travail ou la politique de défense qu’elle donnait à Mainard pour qu’il les signe, préparé des séminaires dont on célébrait la parfaite organisation Continuer la lecture#40jours #17 | Les femmes travaillent, les hommes triomphent.

#40 jours #18 | retraite anticipée

Je suis une apatride, disait Danielle avec un zeste de vanité et l’idée d’une maison à soi, d’un « home sweet home », d’un chez soi, d’un terrier, le sien, ne lui était pas familière. Elle avait vécu à plus de vingt adresses avant son vingtième anniversaire et trimballer son paquetage au gré des pérégrinations familiales était une routine comme un autre. Continuer la lecture#40 jours #18 | retraite anticipée

#40jours #16 | les rues vides

Ce que je cherche dans les villes, c’est l’oubli. Je n’aime ni les villages, ni les voisinages familiers. Je préfère les artères passantes où des gens anonymes marchent vite en ayant l’air de savoir où ils vont ou bien les bords de voies rapides ou encore les rues vides à l’heure du déjeuner. J’aime le flux des corps, le mouvement Continuer la lecture#40jours #16 | les rues vides

#40jours #14 | périmée

Dans l’entrée, posée sur un coin d’étagère, un vide-poche. C’est plat creusé dans un bois sombre que Danielle a acheté dans un magasin de déco « ethnique ». Son vide-poche, plateforme de transit des objets sans domicile fixe est devenu le cimetière de sa péremption. Il contient une carte d’identité périmée (elle a vingt-six ans sur la photo et un Continuer la lecture#40jours #14 | périmée

#40jours #13 | sanguine

Il est Bordeaux, le vin, remède à son angoisse, vingt fois par jour, la mort à boire ; elle est carmin, la muleta des corridas de son enfance : elle est carotte, aimable et les cuisses roses ; elle est cerise, la corneille blessée nourrie de cerises et de comté, un souvenir de vacances où l’harmonie régnait ; il est  cramoisi, le rideau sur Continuer la lecture#40jours #13 | sanguine

#40jours #12 | trottoir

Le trottoir est bosselé car les muriers ont grandi vite et que leurs troncs musclés ont soulevé les grilles d’entourage et éclaté la peau épaisse du trottoir. Le trottoir est sale car les muriers jettent une ombre visqueuse sur le bitume et les maitres ne ramassent pas les déjections de leurs satanés clébards même quand on leur gueule dessus très Continuer la lecture#40jours #12 | trottoir

#40jours #10 | olvido

Danielle ne se souvenait pas très bien de la belle villa d’Acassuso à Buenos Aires. Elle était si petite alors. Lui revient seulement une terrasse fleurie chargée d’hibiscus où voletaient des colibris. Elle se souvient du mot picaflores. Elle ne se souvient pas très bien de la rue Olazabal dans le quartier de Belgrano, où la famille déménagea quand les affaires Continuer la lecture#40jours #10 | olvido

#40jours #09 | visages pressés

Elle, la petite quarantaine, brune peau lisse et bronzée, un tapis de yoga en bandoulière, une combinaison de coton brodée d’un vert vif, des sandales en nubuck au pied. Le magasin bio est très calme à cette heure. Elle a acheté trois bricoles, se dirige vers la caisse, se ravise, laisse son panier pour aller chercher une salade de lentilles Continuer la lecture#40jours #09 | visages pressés

#40jours #08 | Bintou Belle

Château d’eau : des rabatteurs attendent à la sortie du métro Château d’eau. Ils haranguent les passants pour les attirer dans les nombreux salons de coiffure africains de la rue du Château d’eau. On dirait des turfistes hurlant à l’arrivée du tiercé à Vincennes, des paparazzis crépitant sur les marches du palais du festival sur la croisette, des parieurs vociférant Continuer la lecture#40jours #08 | Bintou Belle