A propos de Geneviève Flaven

Je suis née à Paris en 1969. En 2001 à Nice, j’ai fondé une agence de conseil en design puis suis partie à Shanghai pour développer mes activités. Le départ en Chine m’a mené vers l’écriture et la publication. Depuis mon retour en France en 2019, je me consacre à la création et à l’animation de projets collaboratifs de théâtre documentaire. Théâtre : The 99 project (http://www.the99project.net/ ) Blog : Shanghai confidential (https://shanghaiconfidential.wordpress.com/)

#anthologie #23 | J’ai suivi la piste des cafards

J’ai suivi la piste des cafards derrière le tiroir de la cuisine, celui où on remise les objets qu’on ne sait pas mettre ailleurs, la lampe de poches, les gros élastiques, une fève en porcelaine en forme de roi mage, des bougies d’anniversaire ou les piles 1,5 V. Plus bas, en descendant le long des tuyaux d’eau chaude, on arriverait Continuer la lecture#anthologie #23 | J’ai suivi la piste des cafards

#anthologie #10 | à l’ombre

Elle a 36 ans. Un mari aimant. Deux enfants déjà grands. Elle vit à Lyon. Ses yeux se mettent à rougir, à suppurer. Elle souffre d’une kératite aigue et ne supporte plus la lumière. Nous sommes à quelques jours de la date de sa mort et de sa naissance. J’ai peur de sortir dehors en plein lumière, en pleine chaleur. Continuer la lecture#anthologie #10 | à l’ombre

#anthologie #22 | au-delà du Tibre

Pendant l’hiver 1991, je prenais souvent la rue de la Lungara pour aller chez K. Il habitait alors sur les flancs du mont Janicule à Rome. Je me souviens surtout de la traversée du pont Garibaldi qui enjambait de Tibre et me portait de l’autre côté, au-delà du Tibre, au Trastevere. Comme j’apprenais l’italien , saisir l’étymologie de ce toponyme Continuer la lecture#anthologie #22 | au-delà du Tibre

#anthologie #21 | 12 points d’attention

Tu as huit ans. Tu es une petite fille en robe claire, le front dégagé, les cheveux blonds mi-longs tirés en arrière (1), séparés par une raie bien nette ; tu as les yeux clairs, posés à fleur de tête, sans creux (2). Tu es assise sur les marches d’un petit escalier qui aboutit à la terrasse d’une maison qu’on devine Continuer la lecture#anthologie #21 | 12 points d’attention

#anthologie #20 | je n’ai que 4 photos de toi

Tu as huit ans. Tu es une petite fille en robe claire, le front dégagé, les cheveux blonds mi-longs tirés en arrière, séparés par une raie bien nette ; tu as les yeux clairs, posés à fleur de tête, sans creux. Tu es assise sur les marches d’un petit escalier qui aboutit à la terrasse d’une maison qu’on devine au fond. Continuer la lecture#anthologie #20 | je n’ai que 4 photos de toi

#anthologie #09 | krach

Le 15 septembre 2008, la banque américaine Lehman Brothers était emportée par la crise des « subprimes « . Comme tout le monde, j’avais assisté médusée au spectacle étrange d’une cohorte de jeunes traders pansus titubant comme des boxeurs sonnés  sur le trottoir du Rockfeller Center et s’accrochant aux cubes de cartons qui contenait leurs effets personnels. La chute de Lehman plongea Continuer la lecture#anthologie #09 | krach

#anthologie #08  –  derrière la porte

Depuis hier, j’héberge Daphné. Chassée brutalement par sa logeuse anglaise, elle s’est retrouvée à la rue. Daphné gardait les deux chiens de l’anglaise en échange d’un toit dans une villa sur les hauteurs d’Eze. Mais lorsque l’un des chiens est tombé malade, Daphné a proposé de le soigner, l’anglaise a refusé, le chien est mort, et Daphné s’est retrouvée dehors. Continuer la lecture#anthologie #08  –  derrière la porte

#anthologie #07 | aubade concrète

Chaque matin, c’est d’abord par l’ouïe que je m’inscris dans le monde. La rumeur matinale qui entre par la fenêtre fait vibrer mes résonateurs. Aujourd’hui, vers six heures, les martinets ont commencé leur samba. À la tonalité de leurs sifflements, je devine s’ils frôlent les murs des quatre bâtisses avoisinantes ou s’ils s’en éloignent d’un battement d’aile. Plus bas, plus Continuer la lecture#anthologie #07 | aubade concrète

#anthologie #06  | une couronne de solitude

« On vit seul, on meurt seul », disait mon père, lui qui avait une famille, une épouse, quelques amis,  des connaissances, des collègues. Certes, c’était un type réservé et même taciturne. En plus, il était un peu sourd mais seul non. En tout cas, pour une raison que j’ignore, j’ai pris très tôt ce verdict au pied de la lettre et Continuer la lecture#anthologie #06  | une couronne de solitude

#anthologie #05  – trente-six ans de vivant

Je peux bien le dire aujourd’hui : ce corps qui se balance n’a jamais été mien. A cause de ce qu’on m’a fait et il me semble que tu as fini par devenir de quoi il s’agissait, je n’ai fait qu’occuper ce corps et jouer la comédie du vivant. Ce n’est pas si difficile de jouer au vivant. Cela vient très Continuer la lecture#anthologie #05  – trente-six ans de vivant