A propos de Fabienne Savarit

J'ai toujours eu envie d'écrire des histoires. Le temps me manque, alors j'écris par petits souffles, en atelier, dans des carnets, sur un coin de table. Mon premier roman a été publié en juillet 2020, j'en suis encore ébahie. Mes mots sont voyageurs et se perdent au creux des courants marins. https://www.facebook.com/Fabienne-Savarit-Autrice-105753008006663

#été2023 #09 | traversée

Camille a laissé un mot sur le seuil de la porte. Elle laisse toujours un mot. Aucunes paroles. Elle aime être « de passage ». Elle plisse les yeux vers l’océan tout proche. L’air sent l’iode et les relents de la dernière pêche. Les sirènes des grues d’un chantier se mêlent aux cris des goélands, aux chargements des navires. Un paysage brutal Continuer la lecture#été2023 #09 | traversée

#été2023 #08bis | l’arrosoir de Kuno

Kuno est photographe et amateur de bonzaï. Il a des fleurs de peau tatouées sur chaque membre de son corps, seul son visage n’en est pas dessiné. Aux pieds, des crocs rose bonbon. Il fait le geste de caresser sa canopée miniature, la frôlant à peine, observe les nouvelles pousses, la courbe de leurs troncs. Il souhaite épaissir le feuillage Continuer la lecture#été2023 #08bis | l’arrosoir de Kuno

#été2023 #08 | le mouchoir de coton blanc

Camille replie ses vêtements et les empile sur une étagère de l’armoire en chêne sombre. Comme prêts à reprendre leur place dans le sac à dos. Sur la tablette inférieure elle aperçoit un mouchoir de coton blanc ourlé de dentelle, repassé et plié soigneusement. Elle en caresse le tissu jauni par endroit, s’attarde sur la broderie tissé en relief par Continuer la lecture#été2023 #08 | le mouchoir de coton blanc

#été2023 #07bis | l’odeur du silence

Je n’ai pas assez parlé de cette odeur passée. Les allées venues de la cuisine à la salle, de la terrasse au comptoir. Les effluves de la pêche du jour cuisiné pour les ouvriers à l’heure du déjeuner, la musique, les éclats de voix au jardin embaumant le soleil emmagasiné tout le long de la journée. Servir, desservir, remplir les Continuer la lecture#été2023 #07bis | l’odeur du silence

#été2023 #07 | au matin

Elle est debout devant la fenêtre de cuisine, la paume posée sur la poignée ovale. Sa robe parme boutonnée jusqu’au cou éclaire son visage. Elle a les yeux bleus, les lèvres fines et mille taches de vieillesse sur le dos de la main. Dans la cour, les géraniums tremblent à la rosée du matin, les dahlias enroulent leurs pétales à Continuer la lecture#été2023 #07 | au matin

#été2023 #06bis | la Sablière

Marcel a fait une folie. C’était le dix-huit novembre mille neuf cent quarante et un. Acte de vente enregistré à La Rochelle folio 82, case 18, volume 760 bis. Une maison d’habitation comprenant au rez-de-chaussée, un fond de commerce, une grande cuisine, une salle à manger, un salon avec cheminée prolongé d’un jardin d’hiver couvert d’une verrière et agrémenté d’un Continuer la lecture#été2023 #06bis | la Sablière

#été2023 #06 | aimer aimer, tout le reste n’est rien

Assise sur le lit, Camille étale le contenu de son sac autour d’elle en une ronde désordonnée. Elle voyage simplement. Un pull léger, un autre plus épais, un jean, des sous-vêtements, une paire de chaussures basses pour la frivolité des promenades, une paire montante pour ne pas perdre de temps sur les routes, une trousse de toilette rudimentaire, des lunettes Continuer la lecture#été2023 #06 | aimer aimer, tout le reste n’est rien

#été2023 #05bis | Marcel

Elle aime sa voix autoritaire et pénétrante. Elle s’y retient lorsqu’elle chancelle. Une inflexion sans appel, n’invitant ni doutes, ni turbulences. Il est le père de ses quatre enfants et le patron du café qui porte son nom, ouvert en 1933. Sa voix est chaude même à l’heure la plus matinale. Toujours un regard amical à l’épicier, la boulangère, le Continuer la lecture#été2023 #05bis | Marcel

#été2023 #05 | ça déraille

Ne pas se retourner. Ne pas s’arrêter. Ça claque, ça crécelle. Victor peine à pédaler perché sur un vélo bien trop grand pour lui. Droite, gauche, droite, il zigzague. Une feuille de journal s’est prise dans la roue arrière. Il entend : pédale, pédale, faut atteindre les petites rues. Tout résonne à ses tempes. Il se camoufle entre ses deux compagnons. Continuer la lecture#été2023 #05 | ça déraille

#été2023 #04bis | d’une époque à l’autre

Dans la nuit de samedi à dimanche ils ont laissé partir les derniers clients et refermé la porte fenêtre derrière eux. Puis ils ont recouvert le mobilier de draps blancs, décroché la pancarte « débit de boisson », avant de fixer les hauts volets de la devanture. Assis l’un près de l’autre derrière le comptoir ils ont laissé filer les jours s’habituant Continuer la lecture#été2023 #04bis | d’une époque à l’autre