A propos de Fabienne Savarit

J'ai toujours eu envie d'écrire des histoires. Le temps me manque, alors j'écris par petits souffles, en atelier, dans des carnets, sur un coin de table. Mon premier roman a été publié en juillet 2020, j'en suis encore ébahie. Mes mots sont voyageurs et se perdent au creux des courants marins. https://www.facebook.com/Fabienne-Savarit-Autrice-105753008006663

autobiographies #03 | des arbres

Elles se sont assises à l’abri du plaqueminier, l’une sur une souche, l’autre sur un tapis de feuilles et de bois morts. Augustine avait demandé à Camille de l’accompagner jusqu’à la berge à la lisière du bois, un endroit touffu à l’opposé de la clairière, là où la couleur de l’eau est étrange, aussi nébuleuse que la mémoire de la Continuer la lectureautobiographies #03 | des arbres

#P12 | 56 fois Lafond

1. Jouxtant les marches de pierre, il y a un puits et un grand timbre. 2.Les Rochelais accueillent les premiers réfugiés en septembre 1939. 3. Au numéro 113, à égal distance de l’hôpital psychiatrique et du regard du chat qui dort. 4. Le carillon de la porte vitrée tinte à l’entrée de chaque client. 5. Au grenier, les feuilles de Continuer la lecture#P12 | 56 fois Lafond

#L12 | les traces

Je veux que quelqu’un garde la mémoire. Mémoire passée, mémoire présente. Individuelle et collective. Ni j’aimerais, ou je souhaiterais mais je veux. Il n’y a pas de place pour le non, le demi-tour, la volte-face. L’injonction est posée au deuxième personnage. Je veux que quelqu’un garde la mémoire, la prenne entre ses mains, la dépose dans un bocal, sur une Continuer la lecture#L12 | les traces

#L11 | non pas une nostalgie

Non pas de vieilles dames au visage sillonné de fatigue, les épaules voûtées sous le poids des années, attendant que le temps passe au son du tic-tac de la comtoise, enchaînement des minutes et le tintement des heures, non pas l’attente du roulement des saisons, long et pesant, assise sur la chaise du jardin ou le fauteuil du salon, le Continuer la lecture#L11 | non pas une nostalgie

hors-série #voix | une forêt brune

La voix est une caverne aux parois de mousses suspendues et à l’obscurité apaisante. Elle ricoche et tonne sans effroi. La bouche est immense et chante un sud souriant, martelant les consonnes au fond de la gorge. Elle perce le tumulte, enveloppant l’espace au-delà de la pièce, saisissant le corps, ronde, provocatrice et rapide pour tout dire, même ce qu’il Continuer la lecturehors-série #voix | une forêt brune

P#10 Fileuse de mémoire

C’est ici que je l’ai vu… Augustine fixe le chêne accoté à la cabane, se retient au bras de Camille, insufflant une légère pression sur la peau. Autour d’elle, une pluie fine pointille les herbes. Amusée, Camille attend la suite de l’histoire, comme enfant elle attendait l’histoire avant de s’endormir. Là exactement… De son index elle indique les fougères alourdies Continuer la lectureP#10 Fileuse de mémoire

#L10 Chez Marcel

Derrière le comptoir du bar, Augustine replie une vieille couverture effilochée par le temps. Camille l’avait laissée là, comme dans l’intention de revenir. Jadis, à ce même emplacement, son mari essuyait les verres, les déposait tête en bas sur les étagères, écoutait les conversations murmurant les potins du quartier, les prévisions sur le temps, sur la pêche et l’énumération des Continuer la lecture#L10 Chez Marcel

hors-série #2 | le genou d’Embla

Immergé dans l’infini océan il a connu les vents contraires, le va-et-vient violent des vagues et des marées changeantes. Pénétré par le sel des jours, il a flotté à la lenteur de l’onde jusqu’à l’instant improbable où, drossé sur la côte, il a noué le sable mouillé au soleil ardent, empreint de la mémoire du large et de l’éclat des Continuer la lecturehors-série #2 | le genou d’Embla

#L9 De l’escalier à la verrière en passant par les jardins

Elle pose le pied sur la première marche de l’escalier en bois dont une ligne de foulée se dessine sous l’écaille du vernis, dévoilant les montées et les descentes, le passage des pas voilés de fatigue ou tonitruants de légèreté, les cavalcades, les sauts et les frôlements, l’écho des chagrins et des baisers volés, les chutes et les confidences, un Continuer la lecture#L9 De l’escalier à la verrière en passant par les jardins

#L8 Au croisement des paliers

Augustine entraîne Camille vers l’escalier. Le garde-corps à la peinture écaillée s’ébranche lorsqu’elle pose la main sur la rampe de bois, il semble tenir par un subtil équilibre, libre de tout attachement, une adaptation des rouilles aux frôlements délicats des doigts d’Augustine plus appuyés à mesure de la montée, devenu si fragile qu’il ne pourrait parer une chute mais elle Continuer la lecture#L8 Au croisement des paliers