A propos de Françoise Renaud

Parcours entre géologie et littérature, entre Bretagne et Languedoc. Certains mots lui font dresser les oreilles : peau, rébellion, atlantique (parce qu’il faut bien choisir). Romans récits nouvelles poésie publiés depuis 1997. Vit en sud Cévennes. Et voilà. Son site, ses publications, photographies, journal : francoiserenaud.com.

#été2023 #05bis | on me dit

La femme de la cuisine s’est invitée dans mon livre, glissée dans les pages, faufilée. Elle n’a rien bousculé dans la maison. Elle s’en est venue d’entre les murs ou par le sentier par-dessus le coteau et elle a pris possession de la place, assise à table dans ses vêtements de tous les jours, simples et sombres. Je n’entends pas Continuer la lecture#été2023 #05bis | on me dit

été2023 #05 | témoins

Un rien, un regard, un geste d’exaspération, une parole railleuse, une légère bousculade à descendre de l’autocar, en fait c’est parti de rien, non pas une altercation ou une bagarre, ce n’est pas ça l’histoire, c’est le mépris du regard, l’ironie au coin de la bouche qui a servi d’étincelle, tellement facile de se moquer, et la colère a flambé Continuer la lectureété2023 #05 | témoins

#été2023 #04bis | 15ème jour du mois des fenaisons

Je n’ai pas encore donné d’âge à la femme assise dans la cuisine. J’ai eu tort. À ce stade du récit je ne sais plus comment poursuivre. Je délaisse ma table de travail, arpente le plancher, cherche des pistes. Les musiques du bois me guident, le paysage serré dans les fenêtres aussi. Grand temps d’en décider davantage sur elle, d’établir Continuer la lecture#été2023 #04bis | 15ème jour du mois des fenaisons

été2023 #04 | au chaud d’elle dans le bus

Je me rends en autobus au bourg voisin. J’expérimente le trajet pour de vrai. D’ailleurs je pensais qu’il n’y avait pas de bus, en fait si, on m’a renseignée. Un le matin et un le soir, c’est ce qu’on m’a dit à la mairie. Très bien j’ai dit. Mais je n’ai pas l’intention de faire le voyage en solitaire. J’ai Continuer la lectureété2023 #04 | au chaud d’elle dans le bus

#été2023 #03bis | les quatre à la noce

Quatre à la table du banquet et en costume de circonstance. Quatre de la même fratrie, trois gars aux airs affranchis et une fille au visage doux. Ils devaient être au complet si mes comptes sont bons, quatre qui avaient réussi à empoigner leur jeunesse et à la pousser jusque-là, quoique l’aîné paraisse en mauvaise santé. Sur les rares photographies, Continuer la lecture#été2023 #03bis | les quatre à la noce

#été2023 #03 | dans le suspens de l’air

Comme je l’ai raconté, la femme était affairée quand j’ai rencontré son ombre. Je n’ai pas bien vu ce qu’elle faisait, ne m’étant pas suffisamment rapprochée. Était-elle en train de lire ou d’écrire ? Plutôt s’occupait-elle à broder ou épluchait-elle des légumes avec l’application des gens qui aiment les choses bien faites ? Je ne sais pas pourquoi mais je ressens à Continuer la lecture#été2023 #03 | dans le suspens de l’air

été2023 #02bis | aborder par l’autre flanc

Ce lieu où la femme était assise pas plus tard qu’hier, cette cuisine, je n’y ai prêté que peu d’attention lors de ma première visite. J’ai seulement retenu que la pièce se trouvait approximativement au centre de la demeure et qu’on pouvait l’atteindre en passant par le devant ou par l’arrière. Souvenir d’une certaine obscurité, d’une cheminée en briques — four Continuer la lectureété2023 #02bis | aborder par l’autre flanc

été2023 #02 | on dirait un tableau

Depuis la chambre à usage de bureau, accéder à d’autres espaces déserts ou habités, le frottement des pas contre le sol — sol déjà décrit, plancher se laissant volontiers ranimer au gré des déplacements, ce qui me donne l’idée de commencer à répertorier les zones de grincements couinements et autres bruits émis par le bois, un genre de cartographie —, les trappes Continuer la lectureété2023 #02 | on dirait un tableau

#été2023 #01 | chambre

J’écris ceci dans une chambre au plancher en bois de châtaignier, lattes de 70 ajustées à l’ancienne il y a un siècle et demi. Quand je m’y déplace ça craque sous le pied. Toujours aux mêmes endroits. Je finis par les repérer. Il y a tout ce qu’il faut pour écrire, crayons, papier brouillon, carnets, ordinateur, mais j’ai du mal Continuer la lecture#été2023 #01 | chambre

#été2023 #00 | celui-là en particulier

bien embêtée, tous mes livres enfermés attendant la fin du chantier pour être délivrés, je n’ai que la mémoire pour les retrouver, les reconstituer, les réinventer — pas facile —, leur odeur à chacun et à celui-là en particulier peut-être un peu plus acide, le papier, le corps jaune du livre, le titre en deux couleurs, ou alors quoi me séduit ou Continuer la lecture#été2023 #00 | celui-là en particulier