A propos de Françoise Renaud

Parcours entre géologie et littérature, entre Bretagne et Languedoc. Certains mots lui font dresser les oreilles : peau, rébellion, atlantique (parce qu’il faut bien choisir). Romans récits nouvelles poésie publiés depuis 1997. Vit en sud Cévennes. Et voilà. Son site, ses publications, photographies, journal : francoiserenaud.com.

P#4 | Non mais c’est vous qui voyez

Ça débarque pour les vacances, ça envahit l’espace, en deux temps trois mouvements ça met la maison en l’air, non mais faut voir ça… la petite mère, elle n’est plus chez elle mais elle laisse faire… ça ne t’embête pas si on prend les draps bleus parce qu’ils sont bien plus ?… mais c’est vous qui voyez… et ça prend Continuer la lectureP#4 | Non mais c’est vous qui voyez

#L4 | sédimentations (sentimenthèque)

Comment ça a commencé pour moi, le goût des mots ? Comment ça a commencé, les livres dans les mains, les pages tournées avec le doigt mouillé, les mots forts en train de rentrer dans la tête, dans le corps, y déposant des particules pareilles à des limons fertiles ? Peu de livres à la maison dans mon pays pauvre, donc Continuer la lecture#L4 | sédimentations (sentimenthèque)

#L3 | Là-bas

Îlots de voix dans les landes et les tourbières… TAILLEUR DE PIERRE Ma maison est un peu à l’écart des autres, près de la carrière. Il y a un hangar appuyé sur le mur de côté avec un toit couvert de schiste pour y ranger ma carriole. Ça sert aussi d’écurie à ma jument. Dame, j’ai la belle vie par Continuer la lecture#L3 | Là-bas

#P3 | oignons pommes de terre

Faire avec peu, avec ce qu’on a : pommes de terre oignons, oignons pommes de terre, un peu de beurre, une pincée de sel forcément, du poivre (si poivre en poudre qui ne vaut rien, mieux vaut s’abstenir). Faut que ça tienne au corps (équilibre des glucides, fibres, lipides, protéines), que ça repousse la faim. Faut que la bouche s’ouvre et Continuer la lecture#P3 | oignons pommes de terre

#L2 | Là-bas

Le voyageur ne sait jamais à quoi s’attendre. Le voyageur voyage, il ne sait pas ce qui va arriver le jour suivant. À chaque étape, le voyageur se demande de quoi seront faits sa nuit son sommeil. Pas de rendez-vous, de lettre à porter, de marchandise à livrer. Il a rejoint une zone habitée par besoin de compagnie ou nécessité Continuer la lecture#L2 | Là-bas

#P2 | généalogies

Familles, saintes familles, familles chéries, ah vous croyez ça vous, familles folies, familles je vous fuis, aïeux à peine ou jamais connus, grands-parents paysans, père mère dits papa maman balbutiés au début, papa maman frérot frangine ces liens sacrés de famille, famille mais pourquoi elle a dit moi je suis très famille, ah non pas moi, surtout pas, et la Continuer la lecture#P2 | généalogies

#P1 | miroitements

(innombrables lieux où j’ai dormi, voir ce qui vient) tout de suite odeur de draps sales – y avait-il seulement des draps ? –, tenace cette odeur de linge qui a longtemps servi dans lequel on peine à se coucher, moisi, odeurs corporelles, draps chiffon, draps de chambre d’étudiant où s’attarder rien qu’un bout de nuit sans importance étranges résonnances quand Continuer la lecture#P1 | miroitements

#L1 | Là-bas

Partir bien avant l’aube pour atteindre ce point du paysage avant la fin du jour. Ce point, là-bas. Loin — difficile de donner une mesure exacte de la distance à parcourir. D’un bond se redresser, attraper le sac, le lancer sur l’épaule. Sentir combien il pèse. Quitter le repaire (abri sous feuillages ou au milieu des vignes, auberge, bergerie, pan de Continuer la lecture#L1 | Là-bas

#0 prologue | déferlante

eau fastueuse autour du corps, eau enveloppant le corps, le corps dans la nage parti il y a déjà une heure de la plage en direction du large dans un rythme puissant, allongement sous la surface liquide et regard au fond sans se fixer, toujours vagues en fonction de l’heure et du vent (le corps le sait), en fonction de Continuer la lecture#0 prologue | déferlante