A propos de Françoise Renaud

Parcours entre géologie et littérature, entre Bretagne et Languedoc. Certains mots lui font dresser les oreilles : peau, rébellion, atlantique (parce qu’il faut bien choisir). Romans récits nouvelles poésie publiés depuis 1997. Vit en sud Cévennes. Et voilà. Son site, ses publications, photographies, journal : francoiserenaud.com.

verrière et colombier

Je ne faisais pas grand-chose de ma vie sinon étudier les sciences naturelles tout en observant au fond de moi une envie d’écrire sans rien savoir de l’écriture. Je venais de lire un roman en quatre tomes qui m’avait fascinée, une fresque alexandrine pareille à une symphonie, quand j’apprends que son auteur était installé près d’ici — j’imaginais sans doute ressentir Continuer la lectureverrière et colombier

me souvenir de son nom

Je les croise en allant à la mairie ou à la poste. Je les vois furtivement, les sur-prends dans une posture ou une autre. En train de sortir de leur maison, de parler à quelqu’un ou simplement de marcher dans la rue en portant des paquets. D’eux je ne sais rien. Je ne sais que ce que l’un ou l’autre Continuer la lectureme souvenir de son nom

réduction de l’espace

Serrés comme des sardines. Corps inconnus, étrangers, corps en vêtements de saison, corps à gifler repousser, corps chargés d’odeur de ville de gasoil de tabac et autres substances à fumer, corps avec barbe et lunettes, corps adossés tant bien que mal avec épaules bras mains qui se frôlent une fois accrochées aux barres métalliques prévues pour éviter de tomber lors Continuer la lectureréduction de l’espace

celles qui n’en avaient que faire des promesses

Celles qui n’en avaient que faire des mots Celles qui n’en avaient que faire des promesses Celles qui avaient les mains gercées à force de frotter le linge et de laver les légumes avec l’eau du puits Celles qui venaient de familles de laboureurs et qui portaient des bas de laine et des robes sombres Celles qui se pliaient à Continuer la lecturecelles qui n’en avaient que faire des promesses

se donner plus de chance

VOIR le corps qui s’arrache péniblement au fauteuil et descend le petit escalier, marche dans l’allée du jardin VOIR le corps de vieil homme, le corps usé, le corps voûté avec des mains larges et calleuses de travailleur infatigable (pour ça il a été courageux et n’a jamais compté ses heures), le corps qui se débat avec de nouvelles difficultés Continuer la lecturese donner plus de chance

petit dictionnaire aléatoire

A Afghanistan : pays faisant partie d’une carte anciennement dessinée, pays de désert avec animaux en troupeau et tapis de tribu. Et tout ce que nous avions au cœur quand nous étions nomades. B Béton : assemblage de matériaux d’origine minérale (aujourd’hui le plus utilisé sous sa forme béton de ciment) de couleur grise, facile à mouler, à répandre entre Continuer la lecturepetit dictionnaire aléatoire

PAS JE ENCORE

(élargissement du récit 1 de #7) JE respire depuis dix jours à peine (c’est du tout neuf) JE — champ de vision de nouveau-né, pas de perspective, pas JE encore — engendré par la première prise d’air qui a irrigué la gorge aussi fort qu’une vague, la poitrine, le front, le cerveau, les membres à peau plissée après des mois recroquevillés dans Continuer la lecturePAS JE ENCORE

27 septembre 1956, un jeudi

Je respire depuis dix jours à peine, c’est du tout neuf. Hier ou avant-hier on m’a ramenée à la maison dans un panier ou dans les bras sans rien m’expliquer et on m’a déposée dans un petit lit en fer, celui qui a déjà servi à ma sœur. Maintenant je suis couchée dans cette chambre, la plus petite des deux, Continuer la lecture27 septembre 1956, un jeudi

père et fille

Regarde-toi dans le miroir, épie les reflets dans la haute fenêtre de la salle de classe ou bien dans la porte-fenêtre de la cuisine de la maison d’enfance, celle avec le rideau en dentelle blanche, ou scrute cet écran où défilent de vieilles photographies. Allez, lève la tête, regarde-toi à tous les âges. Toi avec ta sœur un an avant Continuer la lecturepère et fille