A propos de Françoise Renaud

Parcours entre géologie et littérature, entre Bretagne et Languedoc. Certains mots lui font dresser les oreilles : peau, rébellion, atlantique (parce qu’il faut bien choisir). Romans récits nouvelles poésie publiés depuis 1997. Vit en sud Cévennes. Et voilà. Son site, ses publications, photographies, journal : francoiserenaud.com.

autobiographies #14 | flot brutal

à feuilleter l’album aux images sépia bien classées ou déposées en vrac entre les pages, il y a comme des suspens, des trous, des vides, les mêmes insérés dans le maillage de nos vies minuscules la petite maison aux volets bleus qu’ils habitaient après leur mariage dans la rue des Tulipes les falaises de schistes gris argent, aplomb vertigineux par endroits Continuer la lectureautobiographies #14 | flot brutal

autobiographies #13 | après-guerre

Elle, cette voix si peu manifestée de façon forte, voire violente, avec toutes les choses brassées en dedans, exacerbées, les frustrations, les désirs impossibles. Non jamais je n’ai rechigné aux travaux imposés par la vie à la ferme, par la vie rude au sein d’une famille installée depuis des générations dans un coin de campagne, ayant agrégé à force de Continuer la lectureautobiographies #13 | après-guerre

autobiographies #12 | dans ce désordre

odeurs dans la chambre tout de suite à pousser la porte, odeurs de vieux corps, taches de sang sur la moquette / chambre dite chambre bleue à cause de la tapisserie à rayures dans un camaïeu de bleus (Marie aimait le bleu, tout le monde était au courant) / sur le mur photo encadrée grand format avec jeune homme en Continuer la lectureautobiographies #12 | dans ce désordre

autobiographies #11 | étoffes

probablement un jour de semaine, une lumière assez douce qui glisse entre les pommiers et pénètre la cuisine par la porte-fenêtre au rideau repoussé, une heure parfaite pour les travaux de couture / elle est en train – enfants à l’école sans doute –, coupon de tissu déployé autour d’elle si bien qu’on ne distingue pas le tissu de la Continuer la lectureautobiographies #11 | étoffes

autobiographies #10 | vie qui bat

Elle regarde l’hiver par la fenêtre. Elle reste dans la cuisine où il fait le plus chaud. Elle met souvent la main sur sa poitrine. Elle veut savoir si son cœur bat encore. Elle a quitté son village il y a presque dix ans. Elle se souvient du jour où elle a pris le car avec sa petite valise en Continuer la lectureautobiographies #10 | vie qui bat

autobiographies #09 | vol de nuit

de l’épaisseur du silence surgissent des formes imprévues, et la nuit en rajoute encore à l’indécision et à la crainte de s’engager dans ces passages ignorés au ras de petits squares mal fréquentés, ces venelles, ces courettes nichées à l’intérieur des bâtiments, ces avant-toits protégeant des portes, ces couloirs étroits mal éclairés sur lesquels s’ouvrent d’autres portes derrière lesquelles il Continuer la lectureautobiographies #09 | vol de nuit

autobiographies #08 | intérieurs cuisine

cuisine 1 c’était au bord de la route, un champ couvert d’herbes, un pré ; des cèdres bleus couchés en désordre près d’un fossé au loin ; quand il n’y avait pas encore de constructions, la campagne quoi ; fondations en 1950 et pose du toit pour qu’il existe un intérieur ; surtout la cuisine ; manger se chauffer tresser l’osier en hiver ; odeur du Continuer la lectureautobiographies #08 | intérieurs cuisine

autobiographies #07 | bruits de porte

Porte de la chambre des enfants vue du dedans. Je suis couchée dans le lit. La porte est à l’opposé dans la diagonale de la pièce, presque angle gauche du mur. Quand il est l’heure dormir, je fixe le rai de lumière à la limite du parquet – un beau parquet en chêne, presque trop beau pour une maison aussi Continuer la lectureautobiographies #07 | bruits de porte

autobiographies #06 | voyage à Sumatra

ça cahote, ça ébranle les reins, route si mauvaise qu’on doit s’agripper au bord de sièges comme on peut – dormir pas question –, heure après heure ça percute contre les os, ça entame le courage, les sièges en bois recouverts d’une maigre mousse enveloppée de moleskine souvent déchirée, voire éventrée, le véhicule à bout d’usage au moteur cependant increvable Continuer la lectureautobiographies #06 | voyage à Sumatra

#L13 | Réécrire

Six jours à rebours. Comment se souvenir ? Le jour de sa rencontre avec le vieil homme sur sa mule ? Ou plutôt le jour où il a croisé la petiote dans le pré des brebis escortées de leurs petits ? Il la revoit, jolie gosse insouciante, en train de sautiller entre les bêtes et leur force paisible s’impose à lui telle une Continuer la lecture#L13 | Réécrire