A propos de Françoise Renaud

Parcours entre géologie et littérature, entre Bretagne et Languedoc. Certains mots lui font dresser les oreilles : peau, rébellion, atlantique (parce qu’il faut bien choisir). Romans récits nouvelles poésie publiés depuis 1997. Vit en sud Cévennes. Et voilà. Son site, ses publications, photographies, journal : francoiserenaud.com.

#40 jours #14 | ranger régulièrement les choses dans le bon dossier et par ordre chronologique tant qu’à faire

Elle est assise à son bureau, réfléchit. Où est passée ma carte d’électeur ? C’est vrai qu’elle égare régulièrement des choses, il le lui reproche. Ce papier était pourtant là près du téléphone ou la clé du portillon pendue au crochet du mur, elle s’en souvient. Il dit que non. Cette fois, disparu le papier ou la clé. Elle a tenté Continuer la lecture#40 jours #14 | ranger régulièrement les choses dans le bon dossier et par ordre chronologique tant qu’à faire

#40 jours #12 | matière vitre

suis montée dans le tram | ai trouvé une place au milieu de la voiture | ai pris un air désinvolte avec sac sur les genoux tout en concentrant mon attention sur la vitre une fois assise à ma place histoire d’avoir l’air d’être occupée, une minute d’attention ou deux ou trois accordée à cette vitre presque à me toucher Continuer la lecture#40 jours #12 | matière vitre

#40 jours #11 | dédale

La ville est inconnue. On y a débarqué il y a seulement trois jours, on loge dans une chambre sommairement meublée dans un petit hôtel tenu par des réfugiés, on a bien l’intention de découvrir, on y va, on explore avec une carte en main — carte simplifiée récupérée au bureau de tourisme de l’aéroport –, la plupart du temps Continuer la lecture#40 jours #11 | dédale

#40jours #08 | bousculements du paysage

Tout a changé vite, je ne reconnais plus rien. Chaque fois que j’ai rendez-vous dans la ville, Tout a changé vite, je ne reconnais plus rien. Chaque fois que j’ai rendez-vous dans la ville, ma ville, celle où j’ai vécu depuis mon époque étudiante, je prends le tram. Les lignes sont reconnaissables grâce à des voitures de couleurs différentes, des Continuer la lecture#40jours #08 | bousculements du paysage

#40jours #04 | sols poussière

des mois sans pluie, poussière infiltrée dans la moindre fissure, poussière de déserts lointains | première impulsion à franchir le seuil de porte qui déborde sur la rue marqué d’impacts de roues qui ont frotté, avec le bon pied et non sans précaution | accéder à la partie bitume (incessantes variations de niveau) | partout sols en réclamation d’hydratation, donc Continuer la lecture#40jours #04 | sols poussière

#40jours #07 | plus bas encore

Rien qu’une descente en béton crénelé pour éviter le dérapage quand il pleut ou gèle, on l’aborde en contournant la maison, en fait le seul accès à la cave – un lieu réservé au père qui y stocke ses tonneaux et y paie un coup à boire aux visiteurs de sexe masculin –, il y règne une odeur de moisi Continuer la lecture#40jours #07 | plus bas encore

dialogue #04 | le bruit du corps qui tombe

[retrouver mes personnages — mes hommes du Nord comme je les appelle –, partis à l’assaut d’une falaise infranchissable | dans l’après-midi, alors qu’ils sont engagés le long d’une paroi difficile, il arrive un malheur | un rapace, aigle ou milan noir, délogé de son aire défroisse ses ailes pour s’envoler au-dessus du vide et dans le mouvement déséquilibre Päl, Continuer la lecturedialogue #04 | le bruit du corps qui tombe

vers un écrire/film #01 | confidence

l’enfant Doria — fille de Mermel — a franchi les remparts, elle cherche des petites choses à enfiler pour faire des colliers, elle pense que sur le talus là-bas en marchant vers la forêt la neige sera moins épaisse et qu’elle y trouvera des graines enfouies, elle avance et soudain elle les voit, elle les reconnaît tout de suite même Continuer la lecturevers un écrire/film #01 | confidence

vers un écrire/film #07 | sous la glace

il n’y a pas de bruit dans le territoire où je navigue ces temps-ci, l’air y est trop froid et le paysage est recouvert de neige, une neige qui devient glace une fois tombée et fabrique des carapaces permanentes à toutes les choses | toutes les choses donc figées pétrifiées | du moins il me semble qu’il n’y a pas Continuer la lecturevers un écrire/film #07 | sous la glace

vers un écrire/film #06 | voler

l’homme survivant se tient proche de l’oiseau Kaja | Kaja plumage crissant et noir | Kaja lancé vers le ciel immense criant à la façon des créatures de son espèce | liberté | et cette impulsion à voler jusqu’au débarcadère de l’autre côté des remparts puis revenir en dessinant une large boucle au-dessus des taillis de Sisenthal | l’homme survivant devient Continuer la lecturevers un écrire/film #06 | voler