A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.

#P4 Comment dirais-je ?

« Il te faut me décrocher les rideaux de, comment dirais-je, de la chambre du milieu. » Elle ne se souvient plus très bien de, comment dirais-je, de la chambre. Mais laquelle ? Tiens, une, comment dirais-je, chambre ! Elle semble ne pas se souvenir bien de ce qu’elle veut, comment dirais-je, dire. Ou plutôt, comment dirais-je, comment. Ça doit être quelque chose comme Continuer la lecture#P4 Comment dirais-je ?

#L3 Voix intérieures

Voix intérieure 1 Cette femme est belle en face de moi — On s’est installés en face d’elle — On dirait qu’elle dort — Mais moi je sais qu’elle a pas de sommeil — Que son sommeil est faux — Il est pas vrai — Elle fait pas semblant — Elle est juste prise entière par son manque de sommeil — C’est tout — C’est pas la question de faire semblant ou pas — Tout entière elle est prise et Continuer la lecture#L3 Voix intérieures

P#3 Mange le feu

Manger l’ardeur à belles dents. La croquer sans retenue, sans frilosité. Jouir de l’éclatement, puis de la pulvérisation des sensations du feu. Mange le feu. Faire rougeoyer les muqueuses de la bouche fait trembler tout le corps. Le mental également est feu par extase. Allumer l’interne de la langue au palais. Le feu. Mange le feu. Remonter de saut en Continuer la lectureP#3 Mange le feu

L#2 Tout ce qu’elle ne sait pas

Les ondes murmurées par les couloirs de l’hôtel lui sont imperceptibles — Elle ne sait pas ce qu’elles murmurent — Des incantations minuscules — Des soupirs de connivences adultères — Quelques délires insoupçonnés de voyages à rêver — Quelques résonances — D’un mur à l’autre des rebonds d’amertumes survivantes — Spectres de représentants de commerce — Des traces de sommeils lourds, mauvais, agités, vifs, superficiels — Pénibles digestions cérébrales — Ruminations confidentielles — Elle ne sait pas ces murmures d’ondes — Elle s’est endormie Continuer la lectureL#2 Tout ce qu’elle ne sait pas

P#2 Accumulation (Fil Berger)

Quelque part à Paris quinzième. Quelque part où vagir. Quelque part à Paris dix-huitième. Quelque part un trois-pièces sur cour arborée. Quelque part à Paris quinzième. Quelque part une routine de mairie. Quelque part à Paris vingtième. Quelque part se tenir à des visites hebdomadaires. Quelque part avenue Trudaine. Quelque part faire une jeune rencontre. Quelque part à Corbières. Quelque Continuer la lectureP#2 Accumulation (Fil Berger)

L #1 — quelqu’un arrive quelque part

Épuisée — Mettre un pas dans un pas — Une chaussure devant l’autre — Épuisée par son trajet — Il fait encore chaud sur la place — Fourbue par ce voyage en train interminable — Des heures sont passées — Elle arrive sur la place — Le soleil rase de très près les montagnes — Endolorie — Douloureusement les derniers rayons — Mettre un pied encore devant l’autre — La ville est bien éloignée maintenant — Son mauvais sommeil — Elle a mal partout — Surtout au dos et aux Continuer la lectureL #1 — quelqu’un arrive quelque part

Progression #1 — Lieux où j’ai dormi

…un lit de cent-trente sur cent-quatre-vingt-dix, à la fois un peu trop large et un peu trop court. Tout de suite à gauche de la porte de la chambre, une des deux tables de nuit, encombrée, accolée à la tête de ce lit bâtard. L’autre table de nuit, portant la lampe, identique à la première, de l’autre côté. Pas de Continuer la lectureProgression #1 — Lieux où j’ai dormi

#11 LES RÉFÉRENCES

Notes sur mes sources 1. Description de la terrasse de l’usine V.-J., à Saint-Claude, friche industrielle dans laquelle j’ai préparé une résidence et une performance en 2012-2013. Grillage. Entrée interdite. Pensées sur l’esprit ouvrier disparu du lieu. Peur de croiser des animaux parasites (rats, cloportes, serpents…). Observation au ras du sol de rebuts et de vieux outils. 2. Déroulé-défilé de Continuer la lecture#11 LES RÉFÉRENCES

#10 JE IL CORPS SANS ORGANE

Le je de ce vaisseau corporel, en ce moment, lentement s’apprête à mourir — à s’évanouir, à se métamorphoser — lentement. Imposant comme une ruine rouillée de vieux cargo, il scrute des signes — vagues. À attendre un récit — sans véritable objet, avec grande patience de prédateur — dans l’obscur affût de son immobilité rapide. Il ne bouge presque plus. Il doit s’arracher une part de lui-même Continuer la lecture#10 JE IL CORPS SANS ORGANE

#08 TROIS « 27 SEPTEMBRE — X »

Mardi 27 août 2019 — Cinquétral (« 27 septembre » moins un mois) De zéro heure au petit matin, je dors mal. Un rêve désagréable concernant mon ancien travail de correcteur, dans lequel j’errais dans un bâtiment des années 1970 qui aurait très mal vieilli en quête de quelque chose à vérifier (mon emploi du temps ? les collègues avec lesquels j’allais travailler ?) en compagnie d’un Continuer la lecture#08 TROIS « 27 SEPTEMBRE — X »