A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.

P#7 Variations paysage

Haute crête entre l’Archat et le mont Barral. Invite à l’ascension ce matin de ciel clair. La couleur vert râpé, tondu du feutre de l’herbe et des rares rocs se coupe net de la couleur bleu roi uni, lisse de l’aplat du ciel et des très rares soupçons de nuées effilochées à l’angle droit du cadre. Seulement en haut et Continuer la lectureP#7 Variations paysage

#L9 Explorations documentaires

Une place presque carréeC’est très rare, une place absolument carrée — Il faut pour qu’elle soit aussi parfaite qu’elle ait été conçue par un grand architecte urbaniste (on disait pas encore ce mot) du XVIIe siècle — On trouve un exemple (mais est-ce le seul ?) avec la place des Vosges à Paris — Les places dites carrées sont bien plus spécifiquement « presque » carrées — Il y a toujours un Continuer la lecture#L9 Explorations documentaires

P#9 Les photographies

C’est une photographie. Ses bords ont été découpés, on n’a visiblement plus le cadrage original. Cette photographie a été collée sur un calendrier fait comme un cahier à spirale, au mois de février. En dessous, les semaines et les numéros des jours sont inscrits à la main. Chaque fin d’année, nous avons droit à un nouveau calendrier pour l’année qui Continuer la lectureP#9 Les photographies

L#8 Rêverie d’Elle

Le rideau verdâtre de la fenêtre est tiré presque entièrement — Quasi ouvert — Elle aperçoit la place et la fontaine — Pas grand monde par ce matin qui se lève — Ses yeux se fixent sur la fontaine vers le centre de la place — Une vieille fontaine qui a été rénovée au cours des siècles par de nombreux plombiers, maçons, artisans de toutes sortes, sculpteurs sûrement, ferronniers, soudeurs, Continuer la lectureL#8 Rêverie d’Elle

#P8 Tu es l’ombre

Ton petit corps en tout carré se tient raide devant l’objectif. Tu t’es recroquevillé en toi. La colère vrombit en toi. La honte et la rage en toi-même. Tu es contraint mais pas résigné. Morne. Devant toi et debout derrière le photographe, le père et la mère ne te font aucun signe. Ils ne sont pas encourageants. Ne te donnent Continuer la lecture#P8 Tu es l’ombre

#L6 Elle se tient seule

Se réveiller enfin — Elle ne sort pas bien de sa léthargie — Pas tout à fait — Il lui reste encore beaucoup de sommeil dans les yeux — Dans le dos — Dans les articulations — Derrière le front — Seule — Ne pas se lever encore — Elle reste blottie dans ce petit bout de lieu sur la Terre — Son regard va accrocher une tapisserie jaune pâle — ou bleu délavé — Ou quelque autre couleur entre les deux — Faite des deux —  Continuer la lecture#L6 Elle se tient seule

#P6 Journal

DimancheBrume de chaleur qui voile la vue au loin. Encore un tournant et la bergerie apparaîtra. Deux patous se rapprochent et commencent à aboyer de l’autre côté du grillage. Le temps est chaud. Fraîcheur de l’air des hauteurs. On marche. LundiDeux jeunes adultes. Leurs corps cramés par la randonnée. Ils nous racontent leur périple. Les allers-retours en cherchant l’impossible chemin. Continuer la lecture#P6 Journal

#L5 — Décalcomanie Expansion

Épuisée — Complètement bouleversée par le rythme — Elle ne comprend que le rythme — Il s’impose — D’abord dans sa moelle épinière — Après qui se répand — Un flot qui coule de manière irrégulière — Mais qui la prend — Toute entière — Lessivée — Complètement par terre dans sa tête — Dans des flaques en mouvement — Son trajet est le rythme — Depuis qu’elle a décidé — De façon impulsive — Rythmique — Contrainte tout de même — De quitter la grande ville — Quelle idée — Rejoindre cette bourgade — Qu’elle ne connaît pas — Où elle Continuer la lecture#L5 — Décalcomanie Expansion

#P5 Flèches du mental

Juste avant la parole. Dépassement du process du timide. Éternité en un micromouvement. Soulèvement sur le point de crever. Et ruisseler. Irrépressible rictus. Débords précédant des filets minces. Tremblant partout avant et dans l’instant de la voix. Du fond du plexus jusqu’au bord des lèvres. Gonflements de la cage thoracique et du ventre. Le flot de timidité envahit jusqu’au rouge. Continuer la lecture#P5 Flèches du mental

#L4 Une sentimenthèque

« J’habite ma propre maison, n’ai jamais imité personne et me suis moqué de tout maître qui ne s’est pas moqué de lui-même. »Nietzsche, Le Gai Savoir, 1888. 1 —  NietzscheLe Gai Savoir. Livre lu à quinze ans. Effroi de l’éternel retour du même. Cherché au cœur du bouquin les aphorismes qui en parlaient grâce à une émission de radio enregistrée sur cassette. Continuer la lecture#L4 Une sentimenthèque