A propos de Françoise Guillaumond

Ecrivain, directrice artistique de la compagnie La baleine-cargo sur Wikipedia, ou directement sur la baleine cargo.

#anthologie #28 | œuvres

Ouvrir porte et fenêtres pour faire courant d’air et alléger la tiédeur moite du dortoir. Au plafond un mobile réalisé à partir de fonds de bouteilles en plastique aux rebords découpés en lanières, ouverts comme des soleils bringuebale au bout d’une ficelle. Les enfants y ont collé de minuscules boulettes de crépon multicolores. La lumière qui glisse entre les rideaux Continuer la lecture#anthologie #28 | œuvres

#anthologie #27 | Une soif impossible à étancher

Elle ne voulait pas de cette maison. Elle l’avait répété cent fois Je n’en veux pas. Sa mère pleurait:– Mais enfin, cette maison c’est toute notre vie, comment peux-tu dire ça ?– Peut-être mais ce n’est pas la mienne. Sa vie à elle, elle l’a bâtie à huit cent kilomètres de là. Elle a choisi un horizon plat, un bout de Continuer la lecture#anthologie #27 | Une soif impossible à étancher

#anthologie #26 | noir au dehors noir au dedans

silence impénétrablesombrele cœur dans un étause batmouvements désordonnésdouleur assourdissantela poitrine s’essoufflesifflebruit du sang qui pulsaitse découdc’est un désert de silenceplus de pépiements d’oiseauxni crissements d’insectesplus de chants d’amourni cris de hainerienle silence poisseécraseun bourdonnement peut-être dans les oreillesquelqu’un ?pourtant des voix au loin si seulement elles traversaient l’épaisseur du noirdes appelssi seulement elles s’accrochaient épelaient les mots lâchaient les sanglotsle silence Continuer la lecture#anthologie #26 | noir au dehors noir au dedans

#anthologie #25 I Paris ne sent pas le riz

L’odeur du fleuve qui passe où s’en va-t-elle ? Y a-t-il une odeur de surface et une des profondeurs ?  Certaines odeurs viennent de loin, nous surprennent. Ainsi l’odeur des embruns qui remonte la Seine, dépasse Paris, portée par le vent d’Ouest. Soudain les enfants des banlieues s’arrêtent surpris, leurs yeux flottent et se perdent au delà des immeubles qui Continuer la lecture#anthologie #25 I Paris ne sent pas le riz

#anthologie #24 | ils dorment

respires et murmures dans la moiteur d’un dortoir marée de soupirs les souffles enflent s’apaisent les corps crissent sur la toile bleu marine tendue entre les armatures métalliques des lits qui se déplient pour accueillir les petits corps blottis sous les couvertures et se replient une fois la sieste terminée ils dorment bruits de bouche succion gémissement sanglot ils dorment Continuer la lecture#anthologie #24 | ils dorment

#anthologie #23 | L’immeuble-paquebot

La porte est bleue et lourde. Il faut s’y prendre à deux mains pour l’ouvrir, basculer le corps vers l’arrière, peser de tout son poids en s’accrochant à la poignée-tube-métallique. La grille de protection se déplie, se replie, s’enclenche, l’ascenseur démarre. Ne pas toucher le mur qui défile, trop dangereux. L’ascenseur navigue sur douze étages, il ronronne, rassure les habitants, Continuer la lecture#anthologie #23 | L’immeuble-paquebot

#anthologie #22 I Rue d’Uxelles

A droite du parking Soubrane un escalier suivi d’un pont enjambe la Saône. Voilà l’île entourée de terre au cœur de la ville. Face au pont la rue d’Uxelles bordée sur la droite d’un mur haut et gris. C’est la caserne des CRS et son panneau jaune écrit en lettres noires : «Défense d’entrer sans autorisation». Pour le déchiffrer il Continuer la lecture#anthologie #22 I Rue d’Uxelles

#anthologie #20 et 21 I La voleuse

C’est une photo carrée noir et blanc, trois fillettes brunes en robes blanches, souliers vernis se donnent  la main devant la grande baie vitrée du salon (1). Sur la gauche un caoutchouc grimpe jusqu’au plafond. Derrière la vitre le vide (2). Tu es au centre, je ne vois que toi. Ta petite sœur te donne la main.  Elle a de Continuer la lecture#anthologie #20 et 21 I La voleuse

#anthologie #19 | « Il est toujours joli le temps passé… »

« Il est toujours joli le temps passé, une fois qu’ils ont cassé leur pipe… », Brassens à Bobino, j’ai dix ans, c’est tonton Lulu qui m’a emmenée, quand on l’applaudît je suis sûre qu’il rougit, je le voudrais comme père les mots bombés en rouge sur le panneau de chantier à Angoulême « Ils nous ont ordonné de perdre, Continuer la lecture#anthologie #19 | « Il est toujours joli le temps passé… »

#anthologie #18 I Tout est demi

TOUT EST DEMI ( photos ratées)Elle a 65 ans et on lui a offert son premier appareil photo. C’est compliqué pour elle de fermer un œil en gardant l’autre ouvert. Chaque photo développée est une surprise : arbre, corps, visage coupé en deux. Tout est demi. Elle les range dans une boîte, tord la bouche : Zut ! j’ai encore Continuer la lecture#anthologie #18 I Tout est demi