A propos de Françoise Breton

aime enseigner, des lettres et du théâtre, en Seine-Saint-Denis, puis en Essonne, au Cada de Savigny, des errances au piano, si peu de temps pour écrire. Alors les trajets en RER (D, B, C...), l'atelier de François Bon, les rencontres, les revues, ont permis l'émergence de quelques recueils, nouvelles, poèmes. D'abord "Afghanes et autres récits", puis en revues "Le ventre et l'oreille", "Traversées", "Cabaret", "La Femelle du Requin"... Mais avant tout, vive le collectif ! Création avec les anciens élèves d'Aulnay-Sous-Bois de la revue numérique Les Villes en Voix, qui accueille tous les textes reçus, photos, dessins, compositions sonores...

#anthologie #09 | têtes coupées

Tous les jours avant de faire sa balade, grand tour à cent quatre-vingts degrés à travers tout le quartier, il sait qu’ils seront là, de l’autre côté de la route, vautrés sur les bagnoles, goguenards, presque à l’attendre, à le rancarder lui, T., le jeune échevelé à l’allure douteuse, le pas comme tou’l’monde, un gars de biais mal fagoté, alors Continuer la lecture#anthologie #09 | têtes coupées

#anthologie #08 | NO doors

Depuis longtemps, bien longtemps, nous n’avons plus de portes. D’abord parce que les crises de T les ont tellement claquées, frappées, dévastées, démontées, à coups de poings, de pieds, de pieds poings liés, grand marteau sous les crises – elles ne ferment plus, elles battent de l’aile sur le seuil, on les bloque grand ouvertes contre le mur, avec des Continuer la lecture#anthologie #08 | NO doors

#anthologie #07 | au fond de la rivière

Au fond de la rivière on voit passer des tanches, elles arpentent les fonds et reviennent parfois à la lumière pour boire de l’oxygène. Tout en bas, elles gonflent les dorsales et rentrent dans un nœud de fils de fer, ramassés dans la glaise. Des boîtes de conserve font office de gueuloir pour les grenouilles au gros cou, elles s’enflent Continuer la lecture#anthologie #07 | au fond de la rivière

#anthologie #06 | seul et tes fesses de lune

Tu marches depuis des heures à travers champs. Essouffler la bête, apprendre à rendre l’âme, dégorger le pus – ce qui suinte en dur de la tristesse. Tu cavales à l’intérieur, plus vite que la marche, pourtant t’avances en mécanique dans la broussaille. Le souffle bâtard se fait liquide, humecte les mâchoires, sort et solide, jet d’arums sur le visage, Continuer la lecture#anthologie #06 | seul et tes fesses de lune

#anthologie #05 | Le corps droit devant

On ne s’estime pas heureux quand le visage déclenche les mots désagréables, les sourires de biais, le sans-gêne tirailleur. L’arrière-grand-mère en souffrit depuis ce temps, où même l’école était à peine suivie, sans escale de bien-être, où le travail percute et relance un autre labeur, où même l’école est une assignation, puis vastes années plus loin, la grand-mère et puis Continuer la lecture#anthologie #05 | Le corps droit devant

#anthologie #04 | Habiter quelque part

Je n’ai jamais été sûre d’un lieu. Être sûr de là où l’on vit, cela s’apprend. Cela se familiarise, en gondole, en famille. Nous c’était toujours un brouillon de vie commune, la broussaille, les tripes à l’air. Pépé buvant depuis la guerre, arrivait ivre à la maison. Hurlait sur nous, fallait disparaître : sur les routes en chaussons, à la petite Continuer la lecture#anthologie #04 | Habiter quelque part

#anthologie #03 | la vasque aux mégots

Dès qu’on quitte les longs couloirs, une étrange lueur de sable commence à essaimer le hall. On se dirige vers les baies vitrées, les portes automatiques ouvrent le paysage, et le vent brusque nous engloutit dans sa lumière. Nous sommes dehors, les quelques âmes qui rôdent là avec nous commencent à s’asseoir à même le sol contre le mur. Un Continuer la lecture#anthologie #03 | la vasque aux mégots

#anthologie #02 | à l’intérieur

Je n’en finis pas de revoir le corps de ma tante dans la chambre d’hôpital La scène rentre dans l’oeil et se superpose à une autre. L’attente du néant devant le corps. L’attente de rien, juste l’accompagnement à respirer sur l’oreiller. Dans le dernier regard circulaire qui goutte à goutte s’écoule dans l’intraveineuse. Lent calmant du regard qui tourne sur Continuer la lecture#anthologie #02 | à l’intérieur

#anthologie #01 | Et le ciel tombant

Plus possible de rester sur le banc, assis à fondre sous le ciel. A pleuvoir tant et tant qu’il faut rentrer sous le porche. A rester sans bouger, ne sentir que des malheurs. Ma tante vient de décéder à Carhaix, épuisée par un cancer généralisé, toute une fleur géante dans la bouche, faisait craqueler les mots. L’à peine conscience. Baignée Continuer la lecture#anthologie #01 | Et le ciel tombant

#anthologie #prologue | les étranges

(début du cycle ) il est possible je veux écrire sur renaître en écriture quand la chape de plomb il est possible trembler comme des insectes c’est pas tous les jours qu’on tremble sur le fil à trembler sous les tribunes, parmi les oiseaux endormis qui ne chantent pas, ont oublié, lourds agrippés sur le fil par dessus le bruit, Continuer la lecture#anthologie #prologue | les étranges