A propos de Emilie Kah

Après un parcours riche et dense, je jouis de ma retraite dans une propriété familiale non loin de Moissac (82). Mon compagnonnage avec la lecture et l’écriture est ancien. J’anime des ateliers d’écriture (Elisabeth Bing). Je pratique la lecture à voix haute, je chante aussi accompagnée par mon orgue de barbarie. Je suis auteur de neuf livres, tous à compte d’éditeur : un livre sur les paysages et la gastronomie du Lot et Garonne, six romans, un recueil de nouvelles érotiques, un récit hommage aux combattants d’Indochine.

#anthologie #09 | Dévissage

  fais ta médecine d’abord, tu verras après, j’ai vu que c’était long, très long des études de médecine, pas toujours enthousiasmant non plus, parce que les QCM, il n’y a rien de plus bête pour moi, les étudiants doués pour le par cœur réussissent mieux que ceux qui ont besoin de comprendre pour emmagasiner des connaissances, lesquels sont les Continuer la lecture#anthologie #09 | Dévissage

#anthologie #08 | L’enfant du 7ème étage

L’enfant du 7ème étage Le chien assis qui ouvrait sur les toits de Paris donnait à mon logis tout son pittoresque en été, mais s’avérait, dès les premiers froids, un inconvénient majeur pour qui avait son bureau d’étudiant sous cette fenêtre. En effet, celle-ci était équipée de vitrages bringuebalants et ne possédait pas de volets ; son store vénitien, aux lattes mal Continuer la lecture#anthologie #08 | L’enfant du 7ème étage

#anthologie #07 | Il est temps d’allumer la lampe

4 octobre 2023 Elle n’a pas pu écrire à l’aube, selon son rituel journalier. Des préoccupations domestiques ont, dès son lever, perturbé l’écoulement de son temps. Elle en reste affectée. Il est 19 heures, elle doit écrire, elle le doit, elle le doit à son journal, — comment y laisser un blanc à la date du 4 octobre —, elle Continuer la lecture#anthologie #07 | Il est temps d’allumer la lampe

#anthologie #06 | Sentir le monde

Je n’ai jamais été malade de solitude au point de songer à me jeter d’une passerelle. Les désespérés n’ont pas pu, n’ont pas su ouvrir les yeux sur la splendeur de Paris depuis les Buttes Chaumont. Elle les aurait détournés de leur projet de non-retour. Je ne me sens jamais seule, séparée, détruite, abandonnée, même si je suis souvent physiquement Continuer la lecture#anthologie #06 | Sentir le monde

#anthologie #05 l Ô FABRICIUS

Je suis de ceux qui trouvent le monde trop éclairé. Pas de projecteurs sur moi, jamais. Comme le cloporte, j’aimerais vivre sous les pierres. Bon sang, le grand jour, pour mieux montrer mes manques, quelle idée. Fermez les claustras, mesdemoiselles, les brise-soleil si vous préférez. Claustra dérive du latin claustrum, fermeture d’une porte, verrou, claustra revellere Cicéron, barrière, tui versus invito te claustra sua refregerunt Pline, Continuer la lecture#anthologie #05 l Ô FABRICIUS

#anthologie #04 | Habiter

1 « Il est des maisons qui donnent des ordres. Elles sont plus impérieuses que le destin : au premier regard on est vaincu. On devra habiter là. » Je ne suis pas Amélie Nothom, d’ailleurs était-elle née lorsque j’ai découvert, avec ma famille, le logement qui nous était affecté dans ce camp militaire ? Sidération, injonction. On habiterait là, pas d’autre choix. C’était Continuer la lecture#anthologie #04 | Habiter

#anthologie#03 /Mais où est l’autre ?

La samara était sur le sable, d’un bleu proche de l’oubli. Et dès que je l’ai vue, cette samara, que vous appelleriez tong, savate à deux doigts, claquette ou gougoune si vous êtes québécois, je me suis dit : je vais la prendre, la garder avec moi. Je le pensais, je le pensais seulement mais fortement, mais je ne me baissais Continuer la lecture#anthologie#03 /Mais où est l’autre ?

#antologie #02 | Et votre cuisine ?

Je vous aurais croisé sur un site de rencontre de cuisiniers amateurs. Après les politesses d’usage, vous m’auriez demandé :   — Quelle est votre spécialité, celle que vous réussissez le mieux, celle qui vous distingue ?    — La blanquette de veau, aurais-je répondu, sans réfléchir que cela ne faisait pas trop « nouvelle cuisine ». Pas le genre de réponse attendue par une Continuer la lecture#antologie #02 | Et votre cuisine ?

#anthologie #01 | À l’usine

Arriver. Arriver à l’usine. Un portail arborant un ruban de fer TREFILERIE CABLERIE. Pourquoi pas « Arbeit macht frei » ? Le travail-émancipation, le travail-libération, le travail-délivrance… Garer son vélo parmi tant d’autres, fermer l’antivol, glisser la clé dans sa poche, vérifier qu’elle y est bien, marcher dans la rue principale de l’usine, vers les bâtiments de la direction. Pensant encore à Continuer la lecture#anthologie #01 | À l’usine

#anthologie #prologue | Peter Handke

J’ai été la rencontre de deux gamètes. J’ai été un œuf. J’ai été un surgissement de vie. J’ai été un être. J’ai été vivante. J’ai vécu dans un habitacle noir, humide, chaud et confortable. J’ai eu le vivre et le couvert. J’ai eu le son. J’ai entendu un battement régulier, un rythme, un tempo. J’ai perçu, plus sourdes, des résonances Continuer la lecture#anthologie #prologue | Peter Handke