A propos de Emilie Kah

Après un parcours riche et dense, je jouis de ma retraite dans une propriété familiale non loin de Moissac (82). Mon compagnonnage avec la lecture et l’écriture est ancien. J’anime des ateliers d’écriture (Elisabeth Bing). Je pratique la lecture à voix haute, je chante aussi accompagnée par mon orgue de barbarie. Je suis auteur de neuf livres, tous à compte d’éditeur : un livre sur les paysages et la gastronomie du Lot et Garonne, six romans, un recueil de nouvelles érotiques, un récit hommage aux combattants d’Indochine.

#anthologie #29 | On ne me retient plus (Omaha Beach)

… et toujours on me retient et je ne peux rentrer dans ma patrie. On me tire par ma chemise, on m’oblige à m’asseoir.  … et toujours on me retient. Les habitants sont étranges, pareils à moi et si différents de moi.   Il faut être là, il ne faut pas se tromper d’endroit. Seulement là, pas vraiment à sa place, mais Continuer la lecture#anthologie #29 | On ne me retient plus (Omaha Beach)

#anthologie #28 | Cinq œuvres d’art pour mes textes

Une anamorphose En voyant cette tong échouée sur le sable si lisse, si étincelant de la plage d’Orangea, je me suis d’abord dit : quel dommage qu’elle ne soit pas une harpe, une harpa major ! La chaussure n’avait rien de ce coquillage magnifique : ni sa forme, ni sa taille, ni sa couleur, ni son éclat, ni sa bouche à la lèvre renflée qui Continuer la lecture#anthologie #28 | Cinq œuvres d’art pour mes textes

#anthologie #27 | Trois débuts

1 – Un homme, vêtu d’un blue-jean, d’une chemise blanche, chaussé de mocassins, vient de descendre d’un taxi. Il retient par l’index replié de sa main droite son blouson de cuir rejeté sur l’épaule. Au bout de son bras gauche un sac de voyage, qui en a tant vu. L’homme, que tout Chinatown de New-York appelle Gattopardo en raison de Continuer la lecture#anthologie #27 | Trois débuts

#anthologie #26 | Les bruits et les voix de la culpabilité

Étienne se dirige vers la maison d’un pas assuré. Il faut des candélabres pour éclairer la table du diner, à laquelle seules sont restées Rose, la matriarche de la famille, et sa petite fille Rosalie, sa cousine germaine. La nuit est désormais noire. Étienne n’a pas besoin de lumière, tant il connaît les quelques dizaines de mètres qui séparent le Continuer la lecture#anthologie #26 | Les bruits et les voix de la culpabilité

#anthologie #25 | Extrait du carnet d’une apprentie (odeur)

« Alors ces odeurs seront infinies. » Ryoko SEKIGUCHI L’appel des odeurs Autres mots pour « odeur » : arôme, bouquet, effluve, émanation, exhalaison, fragrance, fumet, essence, parfum, puanteur, relent, remugle, senteur, bouffée, haleine, miasme, pestilence, souffle, vapeur, atmosphère… « Je crois respirer dans les odeurs chaudes de ces moteurs fébriles les parfums de la vie adulte comme on tente de sentir dans le tremblement de l’aube Continuer la lecture#anthologie #25 | Extrait du carnet d’une apprentie (odeur)

#anthologie #24 | Quand Rosalie dort

Le ciel a perdu son bleu métallique. La lune se cache derrière le pigeonnier. La chère vieille maison de pierres, on ne la voit pas, on la sent. Tapie dans l’ombre, elle sommeille dans sa couverture de vigne vierge. Sa lourde porte close, ses jalousies entrebaîllées par pudeur sur la nuit, lui confèrent respectabilité et inviolabilité. Ce qu’elle a perdu Continuer la lecture#anthologie #24 | Quand Rosalie dort

#anthologie #23 Sous les cabinets

Quelque chose subsiste  des premiers temps de cette ferme : les cabinets à la turque. Ceux qu’utilisèrent fin 19ème, début 20ème, les fermiers, les métayers, les ouvriers agricoles, les journaliers, les vendangeurs, les égrappeuses, les trieuses, les cuisinières des repas de moissons ou de vendanges. Mais aussi les tonneliers, les menuisiers, le maréchal ferrant, voire le bouilleur de cru, car cette Continuer la lecture#anthologie #23 Sous les cabinets

#anthologie #22 | Mon village-rue

    Il m’est bien difficile de répondre de façon précise à la proposition d’écriture de cet atelier. Évoquer en deux textes une rue. La décrire autrefois et maintenant ne m’est pas possible. J’ai trop déménagé. Je pourrais parler de la rue Blanchot à Dakar en 1958, mais à quoi ressemble-t-elle « présentement »… Toutes les rues auxquelles je pense, dont Continuer la lecture#anthologie #22 | Mon village-rue

#anthologie #21 À l’usine (extrait avec notes)

Un portail arborant un ruban de fer (1) TREFILERIE (2) CABLERIE (3) (4). Pourquoi pas « Arbeit macht frei » ? Le travail-émancipation, le travail-libération, le travail-délivrance… Garer son vélo parmi tant d’autres, fermer l’antivol, glisser la clé dans sa poche, vérifier qu’elle y est bien, marcher dans la rue principale de l’usine, vers les bâtiments de la direction. Pensant encore à l’enseigne Continuer la lecture#anthologie #21 À l’usine (extrait avec notes)

#anthologie #20 | Toi, chanteuse de rue

J’ai découvert cette photo de toi sur Internet. Je cherchais un cliché pouvant illustrer ce que j’avais vaguement en tête. Dès que je t’ai vue, je t’ai choisie. Oh, bien sûr ! j’aurais pu chercher plus loin, connaître ton identité et ton histoire ; il eut suffi de quelques clics supplémentaires. Je me les suis interdits. Peut-être la curiosité l’emportant, je tenterai Continuer la lecture#anthologie #20 | Toi, chanteuse de rue