A propos de Emilie Kah

Après un parcours riche et dense, je jouis de ma retraite dans une propriété familiale non loin de Moissac (82). Mon compagnonnage avec la lecture et l’écriture est ancien. J’anime des ateliers d’écriture (Elisabeth Bing). Je pratique la lecture à voix haute, je chante aussi accompagnée par mon orgue de barbarie. Je suis auteur de neuf livres, tous à compte d’éditeur : un livre sur les paysages et la gastronomie du Lot et Garonne, six romans, un recueil de nouvelles érotiques, un récit hommage aux combattants d’Indochine.

#anthologie #24 | Quand Rosalie dort

Le ciel a perdu son bleu métallique. La lune se cache derrière le pigeonnier. La chère vieille maison de pierres, on ne la voit pas, on la sent. Tapie dans l’ombre, elle sommeille dans sa couverture de vigne vierge. Sa lourde porte close, ses jalousies entrebaîllées par pudeur sur la nuit, lui confèrent respectabilité et inviolabilité. Ce qu’elle a perdu Continuer la lecture#anthologie #24 | Quand Rosalie dort

#anthologie #23 Sous les cabinets

Quelque chose subsiste  des premiers temps de cette ferme : les cabinets à la turque. Ceux qu’utilisèrent fin 19ème, début 20ème, les fermiers, les métayers, les ouvriers agricoles, les journaliers, les vendangeurs, les égrappeuses, les trieuses, les cuisinières des repas de moissons ou de vendanges. Mais aussi les tonneliers, les menuisiers, le maréchal ferrant, voire le bouilleur de cru, car cette Continuer la lecture#anthologie #23 Sous les cabinets

#anthologie #22 | Mon village-rue

    Il m’est bien difficile de répondre de façon précise à la proposition d’écriture de cet atelier. Évoquer en deux textes une rue. La décrire autrefois et maintenant ne m’est pas possible. J’ai trop déménagé. Je pourrais parler de la rue Blanchot à Dakar en 1958, mais à quoi ressemble-t-elle « présentement »… Toutes les rues auxquelles je pense, dont Continuer la lecture#anthologie #22 | Mon village-rue

#anthologie #21 À l’usine (extrait avec notes)

Un portail arborant un ruban de fer (1) TREFILERIE (2) CABLERIE (3) (4). Pourquoi pas « Arbeit macht frei » ? Le travail-émancipation, le travail-libération, le travail-délivrance… Garer son vélo parmi tant d’autres, fermer l’antivol, glisser la clé dans sa poche, vérifier qu’elle y est bien, marcher dans la rue principale de l’usine, vers les bâtiments de la direction. Pensant encore à l’enseigne Continuer la lecture#anthologie #21 À l’usine (extrait avec notes)

#anthologie #20 | Toi, chanteuse de rue

J’ai découvert cette photo de toi sur Internet. Je cherchais un cliché pouvant illustrer ce que j’avais vaguement en tête. Dès que je t’ai vue, je t’ai choisie. Oh, bien sûr ! j’aurais pu chercher plus loin, connaître ton identité et ton histoire ; il eut suffi de quelques clics supplémentaires. Je me les suis interdits. Peut-être la curiosité l’emportant, je tenterai Continuer la lecture#anthologie #20 | Toi, chanteuse de rue

#anthologie #19 | Rémanences

« Toutes les images disparaîtront. » Annie Ernaux il y avait, dans le XVème arrondissement de Paris, ce magasin de vêtements pour enfants dans lequel la vendeuse actionnait une poupée qui marchait toute seule pour faire tenir les enfants tranquilles pendant les essayages dans un atelier d’une tréfilerie câblerie, une douzaine de femmes en blouses bleues rectifient des filières. À l’aide d’une Continuer la lecture#anthologie #19 | Rémanences

#anthologie #18 | Les photos et moi

LA VIE SANS APPAREIL Je n’ai jamais d’appareil photographique et j’use rarement de la facilité de prendre des photos avec mon téléphone. Pire, je supporte mal le voisinage de gens occupés à mitrailler tout ce qu’ils voient, ceux que l’on croise dans les lieux touristiques, les expositions, les spectacles… Pour moi, la vie est plus légère sans ce filtre entre Continuer la lecture#anthologie #18 | Les photos et moi

#anthologie #17 | Simenon et les boulets liégeois

17 novembre 1973 « La Taverne Tchantchès et Nanesse, oui, bien sûr. Ici, nous sommes place St Lambert, prenez la rue de la Régence, là, traversez le Pont des Arches, vous êtes rue Surlet. La taverne est au numéro 38. D’ici un quart d’heure, en marchant vite, vous y serez. » On était mi-novembre, mais ici, en tout cas, c’était le premier jour Continuer la lecture#anthologie #17 | Simenon et les boulets liégeois

#anthologie #16 | Dans le RER

Elle était assise sur la banquette du RER dans le sens de la marche. Aussi immobile qu’une statue de sel. Vivante néanmoins, car ses paupières renflées sur des yeux pâles, s’abaissaient, se relevaient et les cils recourbés, qui leur servaient de volets, semblaient dire « Non, non, non, non ». Non à quoi… à tout. Elle restait tendue, comme en attente d’une catastrophe Continuer la lecture#anthologie #16 | Dans le RER

#anthologie #15 / C’est une énigme, ce type !

C’EST UNE ÉNIGME, CE TYPE ! « C’est une énigme, ce type ! »… un parfum de mystère pas possible… trois notes comme il se doit pour un parfum… curiosité, étonnement mêlé d’admiration, méfiance… laquelle de ces notes est celle de fond, celle de tête, celle de cœur… pas sûr que le rapprochement soit pertinent… essayons néanmoins… la note de fond, celle qui s’évapore Continuer la lecture#anthologie #15 / C’est une énigme, ce type !