A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !

#40jours #38 | palper la frontière

Elle prit le départ tôt ce matin-là. Elle baissa les vitres, elle n’alluma pas la radio. Elle boucla sa ceinture. Le phare blanc s’éloignait dans le rétroviseur. A la fois point de départ et point d’arrivée. Point de fuite. Point de chute. Une boucle. Un tour. Elle voulait vivre de l’intérieur le « syndrome de l’île » comme elle l’appelait. Qui était Continuer la lecture#40jours #38 | palper la frontière

#40jours #37 | pélerinage : écrire et parcourir trois lieux obsédants de l’enfance

| le HLM orange et sa lourde porte qui se refermait sous propre son poids dans un léger claquement net et sans bavure pendant que le bébé dormait là-haut dans le silence de l’appartement vide | la maison à la petite grille noire et aux petits gravillons gris, maison de la fugue enfantine. S’avancer en chaussons sur les petits cailloux gris. Continuer la lecture#40jours #37 | pélerinage : écrire et parcourir trois lieux obsédants de l’enfance

#40jours #36 | parole aux morts

Estelle R. 1978-2016 Je me suis jetée dans la Loire, un jour de décembre gris. L’eau noire m’a avalée. J’ai noyé ma douleur. La tête en étau. La peau grise. Plombée de chagrin j’ai sombré dans la vase le limon les algues dérivé délivrée légère enfin dans le courant dissout le corps et l’âme dans les méandres du fleuve. J’ai Continuer la lecture#40jours #36 | parole aux morts

#40jours #35 | ville-béton

Ca sent le bitume chaud le goudron cuit la poussière de chantier qu’on emmène chez soi quand on se déplace à pied ou à vélo. On salue les ouvriers au passage et ça donne du cœur à l’ouvrage un peu d’humanité dans tout ce vacarme et cette chaleur et cette lutte avec la matière car quand on y pense quel métier Continuer la lecture#40jours #35 | ville-béton

#40jours #34 | l’incendie, la page de dictionnaire et le miroir

Dans le petit matin rougi d’aube, il fait chaud encore. Nous avions évacué nos maisons en pleine nuit et avions attendu que l’incendie soit maitrisé pour pouvoir y retourner. J’avais réussi tant bien que mal à me rendormir rafraichie par des serviettes humides. Plus aucun ventilateur ne fonctionne. Nous n’avons plus l’électricité. La ville s’éveille, ignorante encore de la nuit Continuer la lecture#40jours #34 | l’incendie, la page de dictionnaire et le miroir

#40jours #32 | fragments de villes-en-livres

cases et tôles cuits de soleil dans les débrouillades diurnes et nocturnes de l’En-Ville | cités grises d’asphalte et de béton traversées du bruit adolescent de vélomoteurs où la vie se joue à qui perd gagne | dédale labyrinthique des rues où des portes ouvrent sur des univers étranges | ville défiée objet de dévoration et d’appétits voraces où se Continuer la lecture#40jours #32 | fragments de villes-en-livres

#40jours #33 | ça éviscère à force

ombres fantastiques dans la ville vidée par la nuit et peuplée d’errances accélération des pas inquiétude | il tarde à rentrer je ne comprends pas voilà une heure qu’il est parti pourquoi il ne répond pas et cette pluie inquiétude | bus en retard regard rivé sur la montre inquiétude |le soir tombe la nuit avec et l’insomnie inquiétude | Continuer la lecture#40jours #33 | ça éviscère à force

#40jours #19 | en transit

Salle d’embarquement. Moquette rouge lie-de-vin. Traces des roulettes des valises sur le sol en impression plus foncée. Corps en attente. Le temps s’égrène dans l’espace : destination après destination sur le tableau des départs. Concentration des corps avant dispersion. Elargissement des langues. Corps immobiles. Corps en mouvement dans le va-et vient de cet espace où rien ne demeure, où rien ne Continuer la lecture#40jours #19 | en transit

#40jours #31 | ce serait…

Ce serait un trajet en bus la nuit dans la Ville. La Ville. Faite de toutes les villes qui auraient compté pour toi. Réelles ou imaginaires. En bus car ça ménage des cahots, des arrêts, des démarrages poussifs, des ralentissements, des accélérations. Objectif contre la vitre. Ville filante. Surimpressions visuelles. Colorées. Géométries variables. Lignes de fuites. Verticales. Horizontales. Qui ne Continuer la lecture#40jours #31 | ce serait…

#40jours #30 | tous les chemins qui mènent à l’aliénation

Voyage au bout de soi-même. A force de parcourir la ville en long en large en travers. A force de se cogner contre les regards de la foule. La rumeur de cette terrible multitude. Tu ne te parcours jamais que toi-même dans tes errances sans fin. Tu le sais bien. Tu n’y peux rien. Errer pour toi c’est exister. Depuis Continuer la lecture#40jours #30 | tous les chemins qui mènent à l’aliénation