A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !

#anthologie #14 | vous n’allez pas me croire !

Vous n’allez pas me croire ! Il s’est présenté en claquettes et short à son épreuve orale de français…Si je l’avais vu entrer dans l’établissement dans cette tenue, je l’aurais renvoyé chez lui s’habiller correctement. Quand Mme R. saura ça, elle sera furieuse. Elle les a bien prévenus pourtant. Mais où va-t-on ? Que font les parents ? Je n’arrive pas à y Continuer la lecture#anthologie #14 | vous n’allez pas me croire !

#anthologie #13 | Le Front de mer en 726 mots

En bas de la ville, le Front de mer. Dans le petit matin rose ou bleu pâle, quelques sportifs longent la barrière rocheuse qui le protège de la mer et des vagues. Parfois dans l’aube, la mer ne scintille pas encore, quelques âmes errantes, la démarche parfois titubante, le regard vitreux ou brillant, le corps en dérade, échappées du centre-ville Continuer la lecture#anthologie #13 | Le Front de mer en 726 mots

#anthologie #12 | trois villes à deux mains

J’ai presque tout oublié de l’histoire de Cuzco. Surnagent des impressions, des couleurs, des matières, des perspectives, des visages, des bouts de rue. D’avion Cuzco offre une large surface de toits ocres ville à portée de ciel bleu aérienne et minérale nichée au creux des hautes montagnes de la cordillère dont elle grignote les flancs. Ville née de la pierre Continuer la lecture#anthologie #12 | trois villes à deux mains

#anthologie #11 | retour de nuit à la maison rouge

Je ne suis jamais arrivée si tard à la maison rouge Les phares trouent la nuit comme s’ils me frayaient un passage dans le noir agrandissant sur le chemin les arbres aveuglant les fourrés éblouissant un crapaud ou un lapin en bord de fossé que j’imagine figés dans la lumière blanche  La voiture serpente sur les routes de campagne englouties Continuer la lecture#anthologie #11 | retour de nuit à la maison rouge

#anthologie #10 | le cahier rose

Elle a 78 ans. Son mari vient de mourir. Le lendemain de l’enterrement, elle ouvre grand toutes les fenêtres et laisse respirer la maison aux quatre vents toute la journée. Le soir, elle sort sur le balcon, porte-fenêtre ouverte, s’assoit et allume une cigarette. Cela faisait vingt ans qu’elle n’avait pas fumé. L’église sonne 21 heures. L’été est doux. Au Continuer la lecture#anthologie #10 | le cahier rose

#anthologie #09 | la femme en mille morceaux

C’est un soir du mois de juin que j’ai décidé de prendre le chemin opposé, le chemin opposé de la maison, ce soir-là et, à partir de ce soir-là, les autres soirs, j’ai décidé de ne pas rentrer chez moi, sans l’avoir même prémédité à un quelconque moment avant ce soir de juin, juste là, ce soir de juin donc, Continuer la lecture#anthologie #09 | la femme en mille morceaux

#anthologie #08 | deux chambres une porte

On est en juillet. Comme alors. La maison rouge est vide. Elle ne dort plus dans le lit de camp qui a disparu depuis mais dans le grand lit. Absolument seule dans le silence de la maison rouge.  Le halo de la lune fait briller la poignée toute ronde en cuivre de la porte mitoyenne avec l’autre chambre. Elle ne Continuer la lecture#anthologie #08 | deux chambres une porte

#anthologie #07 | notation du soir (carnet)

26 juin Ombres portées des volets de bois jaune cuivré sur les murs blancs du bureau. La lumière est douce, jaune orangé et le ciel tout rose chargé de gros nuages mauves. Il a plu aujourd’hui. Les ciels sont beaux les soirs d’après la pluie.  Le jardin rosit puis grise à mesure que le soir tombe. Les couleurs se fanent Continuer la lecture#anthologie #07 | notation du soir (carnet)

#anthologie #06 | seule

Seule. C’est dans la nuit noire épaisse et le silence opaque qu’elle l’éprouve. Seule. Dans sa chair et ses oreilles et son visage et sa peau et son corps.  Seule. C’est dans la nuit noire toute gorgée de silence qu’elle convoque la mémoire des battements de la peau. Seule. Qu’elle en appelle au souvenir du tout palpitant cotonneux et mouvant. Continuer la lecture#anthologie #06 | seule

#anthologie #05 | la femme aux mots empêchés

…les mots roulent dans ma tête roulent de ma tête à ma bouche mais le soleil cuit le soleil me cuit et le corps bout et les mots et mes lèvres et mes bras et mes jambes trébuchent sur le pavé à force de chercher l’ombre et un visage, c’est la faute au soleil, c’est lui qui fait trébucher mon Continuer la lecture#anthologie #05 | la femme aux mots empêchés