A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !

#anthologie #24 | trois gens qui dorment

elle, abandonnée enfin dans le sommeil, un dernier sanglot en sursaut tout de même dans le corps qui se relâche, et bientôt, dans la nuit épaisse, opaque et grosse de silence, le ventre qui se soulève, et les doigts de la main, peu de temps avant crispés, phalanges blanchies serrant le froid des barreaux, maintenant desserrés ; lui, le corps traversé Continuer la lecture#anthologie #24 | trois gens qui dorment

#anthologie #23 | dessous et à rebours de l’écriture

J’ouvris la trappe et fus littéralement aspirée, happée, et traversée de part en part, de mémoires souterraines, d’espaces et de temps, le corps et l’esprit poreux. Je m’imaginai dans le terrier du lapin d’Alice. Et au fur et à mesure de cette descente tour à tour lumineuse et ténébreuse, je fus traversée d’images, plus ou moins fugaces : des éclats de Continuer la lecture#anthologie #23 | dessous et à rebours de l’écriture

#anthologie #22 | la maison rouge hier et aujourd’hui

Le lieu réel (aujourd’hui) bien moins saisissable que le lieu mémoriel (hier). La maison rouge est toujours là. Au bout de la rue et après d’autres maisons bien alignées, comme alors, il y a la mer. Au bord de la rue et du trottoir, une grille que quelqu’un doit toujours aller ouvrir pour y faire entrer la voiture –qui peut-être Continuer la lecture#anthologie #22 | la maison rouge hier et aujourd’hui

#anthologie #21 | de toi dans le vivant des jours (notes)

Je n’ai que deux photos de toi (1) / (2). L’une est un portrait en noir et blanc que tu as dû faire chez un photographe (3). L’autre m’a été transmise par Thérèse, ta fille, ma tante (4). Cette photo m’est précieuse car elle te surprend dans la vie. Elle est trace de toi dans le vivant des jours (5). Continuer la lecture#anthologie #21 | de toi dans le vivant des jours (notes)

#anthologie 20 | de toi dans le vivant des jours

Je n’ai que deux photos de toi. L’une est un portrait en noir et blanc que tu as dû faire chez un photographe. L’autre m’a été transmise par Thérèse, ta fille, ma tante. Cette photo m’est précieuse car elle te surprend dans la vie. Elle est trace de toi dans le vivant des jours. Je me dis qu’on est peut-être Continuer la lecture#anthologie 20 | de toi dans le vivant des jours

#anthologie #19 | album fantôme

la silhouette tassée de ma grand-mère assise sur une chaise mains croisées sur le ventre regard dans le vide près de la porte-fenêtre au voilage blanc à l’abri du dehors les quatre tartines beurrées et les huit carrés de chocolat Poulain posées sur la table en attendant le retour de l’école le visage de ce jeune homme de quinze ans Continuer la lecture#anthologie #19 | album fantôme

#anthologie #18 | inventaire et photographie

C’est le manque de temps qui m’arrête…encore une proposition sinon infinie, du moins inachevée… Photos d’identité | Elles remplissent une fonction administrative et sont associées à des obligations pénibles. Je préfère les faire chez un photographe que les faire tirer par une machine. Depuis combien de temps est-il interdit de sourire sur les papiers officiels d’identité ? Instagram | Porte ouverte sur le Continuer la lecture#anthologie #18 | inventaire et photographie

#anthologie #17 | sur le port d’Alger (extrait de carnet)

Alger, 14 mars 1936 Ce matin, il m’a invitée à boire un café en terrasse. C’est la troisième fois que je le croisais sur les quais. Je ne loge pas très loin chez une amie. J’adore flâner dans le port d’Alger. Les tonneaux, les navires, les travailleurs. Toute une activité qui m’arrache à ma solitude et attise mon désir d’ailleurs. Continuer la lecture#anthologie #17 | sur le port d’Alger (extrait de carnet)

#anthologie #16 | elle face à elle

Elle est ramassée sur elle-même, assise sur le canapé. Les bras enserrant les genoux. Le visage tour à tour enfoui, ou bien, regard fixe, vide, noyé, traversé d’affolements soudains. Un dedans inaccessible au dehors. Le corps est immobile, les dents serrées, le ventre noué, tendu vers une impossible fuite, englué dans l’angoisse. On aurait dit que le corps voulait prendre Continuer la lecture#anthologie #16 | elle face à elle

#anthologie #15 | tu m’écoutes ?

Tu m’écoutes ?… trois petits mots et une question et vous voilà pris la main dans le sac, rappelé à l’ordre, sommé de revenir à l’ici et maintenant, arraché à votre divagation, harponné…Tu m’écoutes ?…léger sursaut du corps…imperceptible affolement du regard qui tente de se raccrocher au visage qui attend…silence…Est-ce que je t’écoute ?… A vrai dire…maintenant que tu le dis…je crois bien Continuer la lecture#anthologie #15 | tu m’écoutes ?