A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !

A verse

Vaste et ample rumeur du vent dans les feuillages comme une vague. Et puis d’un seul coup d’un seul. Ca crève crépite tambourine fracasse trombe vacarme tôles et têtes, ça délave brouille efface l’horizon soluble tout barbouillé de gris de grains de gouttes drues à verse, ça ruisselle dévale court cascade, ça remue déluge déborde terre et ciel en crue Continuer la lectureA verse

la plupart ne peuvent plus se reconnaitre

celle qui transpire l’angoisse de disparition jusqu’à poisser l’âme de celle qui est sa petite-chair et ses petites-entrailles ; celle qui perd son premier mari des suites de la grippe espagnole et son second sur le champ de bataille de la seconde guerre ; celle qui, digne, cheveux gris relevés en chignon, en bout de table, contemple l’angoisse de sa fille faire Continuer la lecturela plupart ne peuvent plus se reconnaitre

Mon visage ne m’appartient pas…

Il fait nuit et je ferme les yeux pour ajouter ma nuit à la nuit de la chambre. Je parcours en aveugle les lignes de ton visage endormi.  J’aimerais pouvoir me targuer d’en connaître par cœur les aspérités, d’en avoir surpris la première ride. Ton visage est le mien. Dans la nuit tu me fais face et je sculpte ton Continuer la lectureMon visage ne m’appartient pas…

Ça partirait de là…ça pourrait donner ça…

Ça partirait de là… « Assis couché DEBOUT assis couché DEBOUT bien dressé au garde-à-vous qu’il est de bout en bout fait tout dans l’ordre tout comme il faut dressé qu’il est et pendant que l’ordre à képi s’entête assis couché DEBOUT et que le corps obéit la tête elle vagabonde se souvient d’un bout de dictée les pins bleus DEBOUT Continuer la lectureÇa partirait de là…ça pourrait donner ça…

Quand le 26 parle du 27 et vice versa ou pas

27 septembre 2019 – De l’autre côté mais pas ici, pas encore. Six heures de décalage horaire. Ce qui me laisse deux heures trente pour creuser le temps raviver le désir et la force d’écrire en berne depuis la rentrée à force de quotidien, sommes de choses à faire penser cuisiner dormir véhiculer covoiturer planifier organiser contester réveiller panser digérer Continuer la lectureQuand le 26 parle du 27 et vice versa ou pas

Suis

Ai été conçue dans l’amour la jeunesse le désir de liberté. Inattendue mais désirée. J’ai été la catastrophe pour les uns, la planche de salut pour les autres. J’ai précipité l’histoire familiale, accéléré le temps, battu en brèche les conventions : j’ai déclenché les colères des grands-mères, j’ai marié mes parents, ni une ni deux et plus vite que ça, je Continuer la lectureSuis

Fleurs de gouttière

Village étagé à flanc de montagne, couleur de terre et de pierre. Ocre. Minéral. Chemin poussiéreux presque à hauteur de toitures. Depuis un petit muret, debout, si l’on s’approche un peu : un bout de gouttière rampante en zinc de forme demi-ronde. A l’intérieur : quatre petites fleurs, toutes sèches, comme cuites sous le soleil de juillet dans cette jardinière improvisée que Continuer la lectureFleurs de gouttière

Une petite assiette en grès

1 Objet choisi : une petite assiette en grès. Forme : disque brun, marron, beige, ocre, incurvé sur les bords. Cercles concentriques. Points marrons en constellation, à la manière de taches de rousseur. Quelques taches blanches comme des bouts de voie lactée. Matériau : Grès : « Terre argileuse mêlée de silice dont on fait par façonnage et cuisson des poteries utilitaires ou décoratives très Continuer la lectureUne petite assiette en grès