A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !

dialogue #02 | Massalanmo

Et puis soudain, oui, ça y est. Un grondement. On les entend. Massalanmo me souffle à l’oreille : (ils arrivent) Je les sens. L’air s’électrise. Ça arrive oui, démange les corps. Autour de moi, on s’agite. Massalanmo sourit. Certains remontent déjà la rue téléphone en main. En écho à Massalanmo : oui, oui, ils arrivent. Je t’attends. Dépêche-toi. Au niveau de la cathédrale. Continuer la lecturedialogue #02 | Massalanmo

dialogue #01 | sous l’avocatier

C’était sous l’avocatier en fleurs dans le jardin…ils étaient deux…pas un brin de vent…ils étaient deux mais c’est comme s’ils n’étaient pas, comme si ce deux, ils ne parvenaient plus à le faire advenir…les feuilles se taisaient ce jour-là…pas un brin de vent… ils étaient deux mais ils étaient seuls… l’air bruissait pourtant…de moiteur, de lumière, de senteurs, de pépiements Continuer la lecturedialogue #01 | sous l’avocatier

transversales #02 | une semaine de compressions

Mardi 15 février Elles sont quatre. Deux circassiennes. Deux danseuses. De part et d’autre de l’océan réunies sur un rectangle noir. Tour à tour duo, trio, quatuor. Les voix conversent. Il y est question de femmes poto-mitan, de places, de doutes, de lignes de failles et de lignes de forces tandis que les corps dansent et que les cerceaux tournent. Continuer la lecturetransversales #02 | une semaine de compressions

autobiographies #08 | bribes entre deux (1/3)

la petite fenêtre à la peinture blanche écaillée vertigineusement perchée ; les fleurs du mal ; le fil où deux pinces à linge décolorées jouent les équilibristes ;  les toits en zinc à perte de vue ; le monde à vol d’oiseau ; Irma la douce ; au printemps, un bouquet de jonquilles jaunes, éclat de soleil posé au bord du gris ; le long de l’un Continuer la lectureautobiographies #08 | bribes entre deux (1/3)

autobiographies #07 | trois portes (pour commencer)

La porte de l’appartement HLM orange. L’ouvrir et la refermer précautionneusement, sans faire de bruit. Il y avait sans doute la porte de l’immeuble aussi. A ouvrir. Une porte lourde qui se refermait sous propre son poids dans un léger claquement net et sans bavure. Probablement. Cette porte-là, je ne la sais plus. En revanche, je me souviens de la Continuer la lectureautobiographies #07 | trois portes (pour commencer)

autobiographies #02 | Djibril et Sidonie (pour commencer)

Djibril est en retard. Il a rendez-vous à 15h00 à la piscine municipale. Ses copains vont l’attendre et il n’aime pas ça, faire attendre les copains. On dirait que sa mère le fait exprès. De le mettre en retard. Elle n’aime pas le voir disparaitre tout un après-midi. Il le sait. Elle n’aime pas l’été et les grandes vacances et Continuer la lectureautobiographies #02 | Djibril et Sidonie (pour commencer)

autobiographies #01 | paysages-trajets

1 Voyage de nuit. Sommeil d’enfant transbahuté et puis posé contre le rêche d’une couverture dans le frais d’un sac de couchage sur la plage arrière du fourgon jaune moutarde. Odeurs de gasoil. Râle poussif du moteur qui fait trembler les corps. Effets stroboscopiques de la lumière des réverbères dans l’habitacle. Paysage urbain haché, en creux dans les interstices lumineux Continuer la lectureautobiographies #01 | paysages-trajets

#P12 | une ville invisible

1. Une jeune femme s’assoit sur la margelle de la fontaine. Allume fébrilement une cigarette. Pour la jeter brusquement et bondir à l’assaut de la rue déserte. 2. Un jardin frémissant dans l’air du matin, imperméable à la rumeur naissante de la ville. Fragments de ciel bleu à travers les branches du cerisier. Sur la petite table, deux tasses de Continuer la lecture#P12 | une ville invisible

#P11 | grain de voix de bruits de vies

grain de voix de bruits de vies dans la ruelle par temps de pluie suit la rumeur du vent avant la pluie qui trombe tambourine sur les tôles déluge en ruelle grondante fait taire la ville sous l’averse avant de s’égoutter brusquement en bruissements d’eaux flic flac floc bientôt asséchés par le soleil cuisant grain de voix de bruits de Continuer la lecture#P11 | grain de voix de bruits de vies

# P10 | C’est plus fort que moi

C’est la java bleue, la java la plus belle, celle qui ensorcelle, et que l’on danse les yeux dans les yeux. C’est quelque chose quand même. C’est plus fort que moi. Peux pas m’empêcher de chanter. Continue, c’est beau, mamie. C’est pas rien quand même. Cette histoire. Celle qui ensorcelle. Cette chanson, je peux pas m’empêcher de la chanter. C’est Continuer la lecture# P10 | C’est plus fort que moi