A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !

#40jours #07 | cache-cache

Le décompte commence. Cavalcade dans la maison. La partie de cache-cache est lancée. Elle ouvre la porte en bois de la cave et tâtonne pour trouver l’interrupteur. L’ampoule de faible intensité éclaire modestement l’escalier gris bétonné. Immédiatement une bouffée de fraicheur dissipe la moiteur du corps, l’odeur de renfermé lui saisit le nez et la gorge. L’escalier fait un coude. Continuer la lecture#40jours #07 | cache-cache

#40jours #06 | Atlas des îles imaginaires

Atlas extraordinaire des îles imaginaires : Alca ou île des Pingouins et sa Côte des Ombres ; Ile d’Alcina, son Golfe profond et ses collines sauvages ; Anostus et ses rivières du Plaisir et de la Douleur ; le vaste royaume insulaire d’Antangil et son volcan-phare ; Azania, grande île de l’Océan Indien ; Babilary dans la mer de Chine orientale, gouvernée par des femmes ; Bensalem ; Continuer la lecture#40jours #06 | Atlas des îles imaginaires

#40jours #05 | les pouces qui tournent

Il me faut franchir à nouveau la porte-fenêtre depuis le perron. Il me faut à nouveau, une main encore sur la poignée de la porte à peine entrouverte, accrocher sur la gauche, assis sur une chaise, le regard dans le vide et les pouces qui tournent qui tournent qui tournent, l’un sur l’autre aussi vite que les vieilles mains le Continuer la lecture#40jours #05 | les pouces qui tournent

#40 jours #04 | sols

losange ocre d’une tommette dans le blanc gris du trottoir bitumé gris clair gris blanc gris foncé taché usé frotté à force de pas pluies soleil blanc gris clair gris du trottoir bordé de tommettes ocres tout le long à fleur de trottoir gris à intervalles réguliers quatre tommettes carrées à la verticale du trottoir jusqu’aux façades un losange ocre Continuer la lecture#40 jours #04 | sols

#40jours #03 | Aimé Césaire

1 [Ecole Aimé Césaire, 9 esplanade Edouard Glissant, Nantes] Toit végétal qui fait penser aux paysages de landes ou de dunes de la côte vendéenne : végétation herbue rase, jaunie et brûlée par le soleil et le sel, petits chemins en lattes de bois qui mènent tous plus ou moins à la mer. Ici, le chemin de bois légèrement sinueux dessert Continuer la lecture#40jours #03 | Aimé Césaire

#40jours #02 | la ruelle à toits ouverts

Il n’est pas loin de huit heures du soir. Au numéro 8, un garçon d’une dizaine d’années joue aux petits soldats dans un salon pendant qu’à la télévision défilent des images de la guerre en Ukraine. Au numéro 6, dans la maison mitoyenne, une femme prépare des bananes pesées. Une façon de conjurer l’exil. Sur le buffet, une demande de Continuer la lecture#40jours #02 | la ruelle à toits ouverts

#40jours #01 | une petite tasse de café

Dans le rond de la tasse de café posée sur la petite table en bois du jardin, tremblent les feuilles de l’avocatier. Elle lève la tête. Le vent s’est levé. Il met en mouvement le jardin tout palpitant d’herbes folles, de graminées et de papillons blancs, petit carré de vie au cœur de la ville, enclave de verdure et de Continuer la lecture#40jours #01 | une petite tasse de café

#40jours #00 | lieux disparus (en chantier…)

1 Mur en béton de deux mètres de haut qui borde la rue pentue en dégradé de gris ocre brun graff bleu noir blanc, sur lequel l’œil attentif reconnait à mi-chemin le rectangle à l’âme murée d’une ancienne porte, et pour seuls vestiges, deux lignes verticales de pierre de taille enserrées dans le béton et la ligne horizontale de la Continuer la lecture#40jours #00 | lieux disparus (en chantier…)

dialogue #04 | une voix dans le noir

J’écoute, les yeux fixés au plafond, ce que la nuit me livre de toi Je t’écoute A travers les volets, les lumières du chantier de fouilles archéologiques, les réverbères Si j’avais su Tu ne pouvais pas savoir Il aura donc fallu cette nuit-là, il aura fallu partager l’intimité d’une nuit de juillet pour que les paroles si longtemps emmurées adviennent. Continuer la lecturedialogue #04 | une voix dans le noir

dialogue #03 | la mouche

– Assieds-toi, je t’en prie… – Merci… – Un petit café ? – Ce n’est pas de refus… L’air lourd du mois de juillet écrasait la cour, les bêtes et les hommes. Les moissons n’allaient pas tarder à battre leur plein. Même les morts avaient chaud dans le cimetière de la plaine. – Ca va les bêtes ? Avec cette chaleur… Continuer la lecturedialogue #03 | la mouche