#doublevoyage #06 | la foule…

                      La foule nous avait portées, l’enfant et moi, devant le Capitole. A peine arrivée là, mon regard chercha la rue Saint-Rome, s’agrippa, entre les têtes qui l’empêchaient, à la trouée sombre, familière autrefois, qui s’enfonçait, de l’autre côté de la place. Le silence nous avait gagné tous. Je crus tenir encore la main de la jeune espagnole — Continuer la lecture#doublevoyage #06 | la foule…

#doublevoyage #05 | la suite

II Ce qui fut nous – ce groupe qui trimbalait sa hantise d’un passé commun, et ses larmes – s’était brutalement volatilisé. Insoupçonnable découverte, l’absence et le manque portaient en eux un antidote à ma nouvelle solitude, cadeau secret et merveilleux. Et ce furent ces rues, toutes ces vieilles rues, sinistres, noires de pluie, venteuses et glacées, fauteuses de patinage Continuer la lecture#doublevoyage #05 | la suite

#doublevoyage #05 |  la suite

La rentrée scolaire s’annonçait — les jeunes filles revenaient au couvent — et il fallut une fois encore laisser la place. Ce sentiment que nous devions nous pousser de côté, que nous étions de trop, longtemps nous accompagnerait, puisque même d’un chez soi, solennellement attesté par des papiers – ah ! les papiers qui donnent aux terres une virtuelle sécurité ! – Continuer la lecture#doublevoyage #05 |  la suite

#doublevoyage #00 | en forme de prologue

  Atterri la nuit à Blagnac, c’était l’hiver et cependant l’air était doux, je l’avais amplement respiré, je ne le reconnaissais guère, de retour d’un long voyage qui emplissait encore ma mémoire, alors que cette terre — j’y revenais pour la première fois — était ô combien familière à mes pas, terre de mon ancien refuge, elle portait en elle Continuer la lecture#doublevoyage #00 | en forme de prologue

#doublevoyage #05 |  5

I Nous devions prendre le bus le lendemain matin, qui nous conduirait à Toulouse, ville dont personne n’avait su me parler tant elle nous était à tous étrangère, son nom même nous était inconnu — petite-fille égarée, comment aurais-je pu interroger les sœurs du couvent Sainte-Marie où nous logions, et qu’en auraient-elles dit, de là où elles se tenaient, de Continuer la lecture#doublevoyage #05 |  5

#voyages | La halte

I Le soleil cognait, l’endroit était désert — une route droite et fine engrossée tout à coup, deux terre-pleins poudreux sur chacun de ses flancs — midi en plein été, le bus venait de s’arrêter, nous étions descendus aveuglés par la lumière crue, heureux de la retrouver là, inondant une campagne herbeuse, plate, innommée, lointaine ou proche de Toulouse — Continuer la lecture#voyages | La halte

L’impossible retour

IITandis que je quittais l’hôtel, en bout de rue des cris montaient et j’attendis sans comprendre pourquoi — je le sais désormais — qu’arrivent jusqu’à moi les mots graves, scandés — ils s’échappaient des gorges d’un mur à l’autre de la rue, d’une maison à l’autre — la troupe qui s’avançait en une seule colonne— j’étais sur le trottoir, à Continuer la lectureL’impossible retour

#voyages #02 | l’arrivée

2.Atterri la nuit à Saragosse — Zaragoza, j’avais honte de te nommer, ma langue était hostile au prononcé du z, sifflant grassement mouillé entre les dents — c’était l’hiver et l’air était doux je l’avais amplement respiré, je le reconnaissais — de retour d’un long voyage ignoré de ma mémoire, alors que cette terre était ô combien étrangère à mes Continuer la lecture#voyages #02 | l’arrivée

Double voyage, la nuit d’avant

1.Nous devions prendre le bus le lendemain matin, qui nous conduirait à Toulouse, ville dont personne n’avait su me parler — je n’avais pas interrogé les sœurs du couvent Sainte-Marie où nous logions, qu’en auraient-elles dit, de là où elles se tenaient, de leur éloignement choisi peut-être — tant elle nous était à tous étrangère — son nom même nous Continuer la lectureDouble voyage, la nuit d’avant

le double voyage | Saisons

IAu temps où il pleuvait encore, Toulouse, havre de mes errances, ô Toulouse chantée, ville rose faussement nommée dans l’hiver de mon passé, ton ciel noir violent s’abaissait se penchait déversait ses nuages glacés sur ton bitume vitrifié.Au temps où il pleuvait encore, tes caniveaux gelaient, le linge aux balcons givrait dur solide pétrifié comme verre.Au temps où il pleuvait Continuer la lecturele double voyage | Saisons